Le Maroc ouvre la mer à l’AES

Les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Tchad ont exprimé, samedi dernier à Marrakech l’adhésion de leurs pays à l’Initiative du Roi Mohammed VI visant à faciliter l’accès des États du Sahel à l’Océan Atlantique. 

L’Alliance des États du Sahel (AES) et le Tchad, pays enclavés et donc sans accès la mer, n’ont pas hésité avant de répondre positivement à la proposition marocaine: Un partenariat et une entente pour permettre au Sahel de disposer d’une ouverture maritime. Les ports de Dakar, d’Abidjan, de Lomé, Cotonou et dans une moindre mesure Nouakchott ont du souci à se faire.

Lors de la conférence de presse conjointe à l’issue de la réunion ministérielle de coordination sur l’Initiative de Sa Majesté, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine, Nasser Bourita, a souligné que « l’approche du développement a toujours été au centre des initiatives et actions de Sa Majesté le Roi en faveur des pays de la région, à savoir le Mali, le Tchad, le Burkina Faso et le Niger, aussi bien sur le plan bilatéral qu’en tant que groupement». Nasser Bourita a fait allusion à l’AES, la nouvelle organisation sous-régionale.

Pour le ministre marocain, l’approche militaire et sécuritaire pour traiter les problèmes des pays du Sahel est certes importante mais demeure insuffisante. Selon lui, il faut aussi accélérer les efforts de développement économiques afin d’offrir des solutions aux problèmes réels des États parmi lesquels l’enclavement.

« La stabilité des pays de la région doit émaner de leur propre volonté et non pas être imposée de l’extérieur, d’autant que le Sahel dispose de potentialités et de ressources humaines lui permettant d’élaborer une vision de son avenir » a soutenu Nasser Bourita.

 Depuis quelques années, le royaume chérifien développe un programme ambitieux de 17 ports de dimensions internationales, dont celui de Dakhla dédié à l’Afrique subsaharienne. Avec cet accord, le Maroc s’ouvre davantage à un marché de plus de 80 millions d’habitants, si on ajoute le Tchad.

Doté d’une conception évolutive et extensible Dakhla Atlantique, portera sur la réalisation d’un port en eaux profondes selon trois composantes : un port de commerce à une profondeur de -16 m/zéro hydrographique, un port dédié à la pêche côtière et hauturière, et un port dédié à l’industrie navale. Par ailleurs, le port sera adossé à une zone industrialo-logistique de 1.650 hectares. Les trafics prévisionnels pour les premières années sont estimés à 2,2 millions de tonnes pour les marchandises. Le volume de produits de la mer est, lui, estimé à 950.000 tonnes. Le projet totalisera un investissement de 10 milliards de DH et demandera au moins 8 ans de travaux.

« La façade atlantique Sud du Royaume, située face au Sahara marocain, constituera une interface maritime d’intégration économique et un foyer de rayonnement continental et international. Nous continuerons à œuvrer pour le développement d’une véritable économie maritime dans ces territoires que Nous chérissons tant. Cette zone qui abonde en ressources et en potentialités, sur terre comme en mer, servira ainsi de passerelle et de trait d’union entre le Maroc et sa profondeur africaine. Le Maroc est prêt à mettre à leur disposition ses infrastructures routières, portuaires et ferroviaires pour soutenir cette initiative. Il est primordial de mettre à niveau les infrastructures des États du Sahel et de les connecter aux réseaux de transport et de communication implantés dans leur environnement régional » avait souligné Sa Majesté le Roi Mohamed VI dans son discours à l’occasion de la 48ème anniversaire de la Marche Verte.

À la suite du ministre marocain, ses homologues du Mali du Burkina-Faso, du Niger et du Tchad ont, tour à tour, salué l’initiative de Rabat avant d’adopter le communiqué final consacrant le lancement de ce partenariat stratégique pour le Sahel.

« Le Mali a constamment été partie prenante de toutes les initiatives visant à fédérer nos pays et à créer les conditions nécessaires pour favoriser la prospérité en faveur de nos populations.Nous saluons cette initiative qui va dans le sens de valoriser nos potentiels et répond aux préoccupations et à nos besoins. Le codéveloppement et la promotion des partenariats est d’une importance primordiale dans la perspective d’assurer le développement et la prospérité, a-t-il dit, ajoutant que « l’eldorado que nous cherchons est là, en Afrique. Si nous arrivons à créer des conditions économiques prospères, nous aurons moins à lutter contre les défis inhérents à l’immigration et au terrorisme » a souligné le chef de la diplomatie malienne.

Le 16 septembre dernier, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont signé la Charte du Liptako-Gourma, jetant ainsi les bases de l’Alliance des États du Sahel qui promet de redéfinir la lutte contre le terrorisme et de remodeler les équilibres régionaux. Cet acte audacieux ne s’arrête pas là. L’AES déploie une vision ambitieuse allant au-delà de la sécurité, visant l’indépendance économique et l’intégrité des États.

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