Pendant que les sénégalais se passionnent pour la ressemblance entre le bébé de Dieynaba Baldé avec son père putatif, le distrait Diop Iseg, problématique essentielle qui conditionne notre avenir dans le siècle qui a vu l’avènement du Covid-19, la Planète à côté de laquelle nous grenouillons avec délectation, s’est emparée d’une terrifiante information, devenue virale, qui se résume en une inimaginable et brutale question : Les Africains seraient-ils les « rats de laboratoire » des chercheurs occidentaux ?
Il aura fallu qu’invité par la chaîne française LCI, à parler de l’utilisation potentielle du vaccin anti-tuberculeux BCG contre le Covid-19, Camille Locht, directeur de recherches à l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm), interpellé par Jean-Paul Mira, le chef du service de réanimation de l’hôpital Cochin lui-même apparemment dans les vapes, lâche sa connerie et demande, empli de stupidité crasse : « Est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation ? » pour que la bombe à fragmentation complotiste soit ainsi lancée en toute désinvolture, comme accoudé au zinc d’un bar-tabac.
En posant cette question pour le moins douteuse, Jean-Paul Mira se voulait « provocateur ». Opération réussie. Et voilà l’Occident accusé d’inventer des maladies pour générer du profit, de concevoir des vaccins pour éradiquer la population africaine, de voler des corps ou des organes, alors qu’on sait faire tout ça tous seuls, sans l’aide de personne, notamment voler des organes et déterrer des morts pour d’obscures raisons d’avancement social.
On n’ose imaginer qu’un complot d’une telle ampleur, nécessitant du « Confidentiel-Défense » en béton puisse aller s’écraser, frétillant d’ineptie, sur un plateau de télévision, éventé par un idiot se permettant des propos de foire. On se met à croire que les occidentaux, seraient disposés, en toute transparence, à trucider des centaines de milliers de leurs concitoyens, juste pour venir ensuite nous effacer de la surface de la Terre. C’est balèze quand même dans le genre cynique. Faut déjà pour le concevoir, être sacrément tordu. Certes l’Afrique charrie un lourd passé de scandales sanitaires et d’expérimentations illégales conduites par des médecins occidentaux peu scrupuleux en matière de règles éthiques et déontologiques. Mais à la réflexion, si cette étude devait prouver que le vaccin BCG a un effet protecteur sur le système immunitaire contre le Covid-19, cela serait une bonne nouvelle pour l’Afrique parce que ce vaccin y est largement disponible, et parce que la quasi-totalité de la population y est déjà vaccinée.
Aujourd’hui, certains Africains critiquent le BCG sans savoir ce que c’est, et en oubliant qu’ils sont eux-mêmes vaccinés ! Ce débat doit être tenu par des personnes légitimes. Il ne s’agit plus d’entendre les Occidentaux : les scientifiques africains doivent faire entendre leur voix pour lutter contre la désinformation.
Mais il est possible de considérer que la polémique suscitée autour de la volonté des Occidentaux de tester le vaccin contre le Coronavirus en Afrique ou encore de diminuer la population mondiale en commençant par l’Afrique, ainsi qu’évoqué par le président Poutine, serait à prendre très au sérieux.
Là nous rentrons dans la fiction et l’inimaginable. La question que l’on est endroit de se poser, est : « Par quels mécanismes historiques nous avons pu être en situation d’être de possibles cobayes » ? De quel mépris sommes-nous frappés pour que n’importe quel Docteur Folamour puisse nous tenir pour quantité « cobayable » ? De quel leadership auraient manqué nos dirigeants pour que l’on en soit arrivés là ? Comment pouvons-nous faire en sorte que nos dirigeants n’acceptent pas ça et qu’ils fassent le travail de police, qu’ils fassent le travail institutionnel pour que cela ne se passe pas en Afrique et que si cela se passe, que ce soit dans les conditions qui sont acceptées par les Africains.
Pour éclaircir cette polémique malodorante, nous devons savoir, car ce type de recherches ne saurait se réaliser sans accords entre nos gouvernants et les états abritant ces laboratoires.
Avons-nous les lanceurs d’alertes qui, gardiens de documents le prouvant, seraient prêts à renoncer à leurs avantages matériels ? Avons-nous les journalistes d’investigations qui sont aptes à tenir telles pressions et à risquer leurs vies pour nous dévoiler la vérité ?
Ce Covid-19 étant le problème de tous et ayant sur un mode révolutionnaire, rebattu les cartes tronquées à dessein, de la géopolitique, pourquoi les Edwy Plenel et autres Elise Lucet, ne chercheraient-ils pas à en savoir plus, avec leurs moyens et leurs lanceurs d’alertes en guise de sources, responsables et engagés dans des combats éthiques, et ne s’empareraient-ils pas de cette brûlante question : Pourquoi veut-on toujours faire des Africains, les « Damnés de la terre » ?
Mais en même temps, si pendant qu’on nous éradiquerait, les sénégalais ne sont préoccupés que par la reconnaissance honteuse du bâtard de Diop Iseg, comment éloigner cette malédiction qui permet de nous imaginer Cobayes ? Il est temps de rentrer dans « Le Temps du Monde. »
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