Thiaroye 44…

Mensonge d’État pour crime d’État. 77 ans déjà.1er décembre 1944, des centaines de tirailleurs africains sont froidement exécutés par l’armée française au camp militaire de Thiaroye.

Trop indociles aux yeux de l’administration coloniale, ces anciens prisonniers de guerre parqués dans les camps allemands en France lors de la Seconde guerre mondiale réclamaient le paiement de leurs indemnités pour service rendu. Mais il n’en est rien pour le commandement militaire : insoumission à l’autorité, tout contestataire signe immédiatement son acte de décès. La mise à mort est donc pensée, programmée, actée. Ce sera le matin, à 9h30.

Le sifflement des cinq cent balles relâchées par l’armement industriel retentit à plusieurs kilomètres à la ronde. Désarmés, abattus, des centaines de corps gisent désormais sur la terre ensanglantée de Thiaroye. Arrachés aux leurs, spoliés jusqu’aux os, ces hommes meurent aux mains des barbares qui prétendirent les guider vers un degré supérieur de civilisation. Qui s’octroyèrent le droit d’ôter la vie.

Tous les jours, des milliers d’automobilistes roulent, sans le savoir, à quelques mètres de ces ancêtres ensevelis. Emprisonnés, exécutés, puis abandonnés dans des fosses communes tandis que les fausses communions sont légion. Il n’est pourtant jamais trop tard pour recoudre les trous de l’histoire. Réparer est impossible et demeure un devoir. Dérobés de tout, nous leur devons de panser. Rétablir la vérité, réviser leur procès, leur rendre leur dignité.

Face au monde entier, nous crions : Justice pour Thiaroye !

 

https://youtu.be/1UxFNp2ZKQo

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Florian Bobin est un chercheur en histoire. Il travaille sur les luttes politiques post-indépendance au Sénégal, notamment sur la trajectoire militante d’Omar Blondin Diop (1946-1973).

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