La démocratie, ce bien commun à préserver

« L’unique liberté des peuples est celle de changer de maîtres.”  “La liberté consiste moins à faire sa volonté qu’à ne pas être soumis à celle d’autrui.” Dans la plupart des pays, les citoyens possèdent la liberté de parole. Mais dans une démocratie, ils possèdent encore la liberté après avoir parlé.

On a vu hélas venir sous nos cieux, les discours cherchant à légitimer ce refus de la démocratie. Les politiques au pouvoir n’écouteraient plus le peuple et les inégalités seraient trop grandes pour que l’on ait confiance. Ceci s’entend, sauf que l’absence de démocratie repose d’abord sur la privation de liberté individuelle. C’est lorsque l’on vous enferme parce que vous pensez mal ; c’est lorsque l’on vous chasse d’un emploi ou vous ostracise, parce que vos idées politiques ne sont pas celles du régime en place ; c’est lorsque l’on vous arrête parce que vous êtes membre d’un parti politique d’opposition.

La  vraie démocratie offre des contre-pouvoirs aux institutions et met à la disposition de l’individu la possibilité de contester et de se défendre. Dans un régime antidémocratique, point de contestation, les expressions dissonantes sont vite étouffées. La seule place réservée est la prison ou le bannissement pour délit d’opinion secrétant ainsi le pire des systèmes à l’exclusion de tous les autres.

Le bien commun à la croisée des chemins…

Contrairement à ce que l’on veut croire, ce début de siècle aura donc été d’une productivité idéologique et technologique sans pareil dans notre Histoire. Notre époque est celle de l’autonomisation, de l’émancipation mais aussi du bien commun. Elle correspond à l’aboutissement de plusieurs décennies d’expérimentations, de fourvoiements dogmatiques, d’achèvements des idéologies collectivistes meurtrières et de délitements lents d’un capitalisme individualiste et destructeur.

L’enjeu de l’accaparement des ressources est aussi au cœur d’un chaos sciemment organisé. Les revenus de ces ressources sont captés pour les placer au cœur d’un ordre politique consolidant leur pouvoir; ce faisant, les dirigeants négligent souvent la consolidation de l’État et de la démocratie, se mettant ainsi à la merci de termes d’échanges aléatoires, de distorsions économiques, et de frustrations populaires.On voit aussi émerger des modèles souverainistes, anti- impérialistes, transversaux pour un partage plus juste de la richesse du monde.

Nous sommes entrés dans une phase décisive. La prise de conscience est claire, les énergies sont là, les moyens d’action sont de plus en plus partagés.

Cette vision d’un monde où chacun, chacune, à l’échelle individuelle, ou collective, au cœur des organisations locales, régionales, nationales et internationales, privées ou publiques, agit à sa mesure pour le bien commun n’a rien de dogmatique. Elle est pragmatique. Elle est absolument nécessaire. Car, contrairement à ce que pensait Malraux, en réalité, le 21eme siècle, notre siècle, sera résilient ou ne sera pas.

Respect des droits fondamentaux

Il reste à présent à nous entendre sur le but à atteindre: le bien commun! Comme le disait Camus, « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde. S’efforcer au langage clair c’est ne pas épaissir le mensonge universel ». Comment donc définir le bien commun?

Le bien commun, c’est la terre, patrimoine commun de l’humanité. C’est le respect des droits fondamentaux inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, dans les diverses conventions et protocoles internationaux et dans nos chartes sénégalaises. C’est l’ensemble des valeurs, règles et institutions qu’une société se donne pour assurer le bien-être de toutes et tous.

Le bien commun permet de lutter contre l’exclusion et de retisser les liens sociaux brisés.  C’est veiller à la déprédation de nos ressources, c’est desserrer l’étau du coude adipeux du Prince sur les dossiers de malversations financières au sein de l’appareil d’État.

Il nous appelle à avoir le sens de l’autre, il nous convie à l’engagement pour la justice, l’égalité en droit et en fait, la solidarité et la liberté.

Réfléchir à un nouveau paradigme d’action sociale et politique

Réfléchir, c’est un premier pas, indispensable, vers l’action sociale et politique. Oui, réfléchir parce que la conjoncture sénégalaise et mondiale réclame que nous nous inventions un avenir centré sur la recherche du bien commun. Dans cette réflexion, nous ne pourrons nous soustraire au bilan des gouvernements dictatoriaux qui, voulant imposer leur vision du parti avant la patrie, ont sombré irrémédiablement dans la répression. Il nous faut donc construire un Sénégal et un monde moderne où l’individu trouve sa place et sa liberté en même temps qu’il reconnaît sa dépendance vis-à-vis d’autrui et son nécessaire devoir de solidarité sociale.

La recherche d’autres possibilités n’est pas seulement œuvre intellectuelle. Elle nous demande de nous engager dès aujourd’hui, au quotidien, elle exige que nous nous sentions responsables des autres, de nos proches, de nos communautés, du monde. Cela veut dire demeurer critiques, en état d’alerte, refuser « le confort et l’indifférence » qui permet aux dirigeants de nous endormir. Et nous donner le droit de rêver, d’imaginer, d’inventer.

Le monde n’est pas fait que d’opérations comptables !

Dans cette quête du bien commun, des difficultés surgiront certes, surgissent déjà : la confrontation des intérêts particuliers, même au sein des mouvements sociaux, les divergences d’opinions et de stratégies, la résolution des conflits entre personnes provenant de milieux divers, le choc des cultures et les comportements ethnicistes émergents, etc. Il nous faudra toujours nous demander pourquoi et pour qui nous voulons construire une véritable société juste. Nous questionner sur les impacts à long terme des solutions de rechange que nous proposons. Conjuguer l’action sociale et l’action politique, partisane ou non. Nous assurer, enfin, qu’un jour « tous les êtres humains pourront naître et vivre libres et égaux en droit et en dignité ».

À tous ceux qui aspirent à tenir les rênes de ce pays, faites de cette question du bien commun, un cheval de bataille. Quand il n’y a pas d’espoir, il faut l’inventer. L’enfer n’a qu’un temps, la vie recommence un jour. On ne donne aux gens que l’espoir que l’on a. Espérer, c’est être heureux et faire espérer, c’est réenchanter l’humanité. Nous ne pouvons aussi espérer construire un monde meilleur sans améliorer les individus et les procédés de gestion de la cité. À cette fin, chacun de nous doit travailler à sa propre amélioration et, en même temps, partager une responsabilité générale pour toute l’humanité, notre devoir particulier étant d’aider ceux pour qui nous pensons être le plus utile.

Je souhaite à tous un joyeux Noël et une fin d’année en apothéose.

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Khady Gadiaga est une communicante de profession. Elle a capitalisé 25 ans d'expérience professionnelle dans différentes entreprises où elle a respectivement occupé les postes de Product Manager, Directrice Commerciale et Marketing, notamment dans les secteurs de l'industrie médicale et textile en Europe et en Afrique. Ancienne directrice du marketing du Festival Mondial des Arts Nègres (FESMAN) de 2005 à 2010, elle a coordonné et orchestré le volet communication et marketing de ce grand rendez-vous culturel. Khady est passionnée de culture, des grandes idées et des mots, elle met sa plume au service des causes justes, parmi lesquelles, la paix et la concorde et la liberté. À ce titre, elle a été directrice de la rédaction, à Debbo Sénégal. Cette ancienne étudiante en Langues étrangères Appliquées à l'économie et au droit à University of Nice Sophia Antipolis, est aujourd'hui Directrice générale à Osmose (Agence de communication Globale) et depuis 2011, met en pratique sa riche expérience en qualité de Consultant expert Sénior en accompagnant les organisations du secteur privé, public et institutionnel en terme de conseils, de coaching et de suivi-évaluation de projets et programmes. Les chroniques de cette dame de aux centres d'intérêts éclectiques, sont désormais sur Kirinapost.

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