Financement de l’éducation au Sénégal : enjeux et défis

Le système éducatif sénégalais doit faire face au défi de la croissance démographique. En effet, la démographie apparait comme une variable importante d’un système éducatif au regard de la population scolarisable et de la qualité de l’enseignement. Le boom attendu de la croissance démographique augmentera les besoins en éducation à tous les niveaux dans un contexte où le système éducatif est confronté à d’énormes difficultés.

Deux défis majeurs pèsent sur le système éducatif sénégalais : assurer l’équité dans l’éducation et améliorer la qualité de l’éducation. L’ampleur de ces défis exige des investissements colossaux à consentir davantage dans l’éducation et la formation quoique des ressources publiques conséquentes aient été injectées ces deux dernières décennies dans le secteur éducatif.

Alors que pendant longtemps le Sénégal s’est focalisé sur la massification scolaire comme en attestent les taux bruts de scolarisation de plus en plus importants, la qualité de son éducation n’a pas connu le même succès. Ce sous-investissement a installé une crise de la qualité dans l’éducation qui se manifeste à travers des performances scolaires faibles, mais aussi par une détérioration de l’efficacité interne du système dans un contexte de croissance des effectifs scolarisés.

Au titre de l’année 2017, les dépenses des administrations publiques pour l’éducation (tous niveaux confondus) s’avèrent assez importantes avec 21,6% des dépenses totales des administrations publiques alors que la moyenne en Afrique subsaharienne se situe à 16,9% en 2015[1]. Entre 2009 et 2017, on note que les dépenses publiques consacrées à l’éducation varient entre un minimum observé de 20,8% en 2012 et un maximum de 25,7% en 2013.

Le secteur éducatif connaît fréquemment des dépassements budgétaires attribuables en grande partie aux dépenses de fonctionnement. On peut à cet égard souligner que le taux d’exécution du budget de l’éducation représente en moyenne 138% annuellement[2].

Les ressources allouées à l’éducation dans le budget de l’État peuvent être analysées dans le contexte de la richesse nationale. Selon les données de l’Institut de statistique de l’UNESCO (2019), en 2017, les dépenses publiques en éducation représentent 6,2% du PIB. Sur la période 2009-2017, un pic de 7,4% (2014) est observé et un creux de 5,9% en 2011.

L’évolution des dépenses publiques d’éducation montre que l’État du Sénégal a consacré des ressources colossales pour financer son système éducatif depuis plus d’une décennie. Toutefois, l’essentiel des dépenses d’éducation sont des dépenses de personnel et de fonctionnement. Les salaires des enseignants dont le nombre ne cesse d’augmenter constituent un poids important des ressources financières allouées à l’éducation[3]. Selon le rapport d’analyse des dépenses publiques dans les secteurs sociaux au Sénégal sur la période 2006-2013, réalisé par le Ministère de l’Économie, des finances et du plan en 2016, seuls 10% des ressources publiques allouées à l’éducation constituent des dépenses d’investissement, ce qui représente 2,4% seulement du budget de l’État et moins de 1% du PIB.

Le financement de l’éducation est en grande partie assuré par les ressources de l’État, mais d’autres bailleurs contribuent à ce financement. Entre 2017 et 2018, on note que 51,1% des fonds alloués à l’éducation proviennent des ressources publiques[4] tandis que les ménages contribuent à hauteur de 22% dans le financement global de l’éducation. S’en suivent les ONG (14,1%) et les partenaires techniques et financiers (4,7%).

En raison de l’insuffisance des ressources allouées à l’éducation, beaucoup de pays dont le Sénégal, se sont engagés à consacrer davantage de fonds à l’éducation lors de la conférence de reconstitution des ressources du Partenariat mondial pour l’éducation, tenue à Dakar en 2018. Cet engagement en faveur du financement de l’éducation est également porté par les bailleurs qui ont promis 2,3 milliards de dollars pour financer l’éducation dans 65 pays en développement dont le Sénégal[5]. Ces efforts de financement sont indispensables pour relever les défis colossaux du système éducatif sénégalais.

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[1] Institut de statistique de l’UNESCO (2019). Base de données UIS.Stat. Récupéré à partir de http://data.uis.UNESCO.org/?lang=fr.

[2] Ministère de l’Économie, des Finances et du Plan (2016). Analyse des dépenses publiques dans les secteurs sociaux au Sénégal sur la période 2006-2013. Dakar, Sénégal.

[3] OCDE (2017). Examen multidimensionnel du Sénégal : Volume 1. Évaluation initiale, Les voies de développement, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264273092-fr.

[4] Ministère de l’Éducation Nationale , République du Sénégal (2018). Rapport national sur la situation de l’éducation (RNSE). Dakar, Sénégal.

[5] Partenariat mondial pour l’éducation (2018). Rapport sur les résultats 2018. Washington DC, United States of America.

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Codé Lo est docteur en économie, Ingénieur statisticien économètre. Ses travaux portent sur l'éducation et les questions de développement.

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