Droit, formation et conception au cœur des Regards Documentaires

Dans le cadre du mois du documentaire, Ciné plage de Ngor accueille des projections de films et des panels autour d’experts aguerris.

Panel sur la réalisation et la production de documentaire

Le journaliste Aboubacar Demba Cissokho interrogeant Rama Thiaw, Souleymane Kebé

Il y avait du monde à Keur Yaadikoone samedi dernier pour la seconde journée de  » Regards Documentaires ». Des étudiants en cinéma, des réalisateurs et producteurs, mais aussi des chercheurs et simples cinéphiles se sont réunis pour échanger sur la réalisation et la production de documentaire.

Des échanges riches entre la réalisatrice et productrice  Rama Thiaw The Revolution Won’t be Televised et le producteur Souleymane Kebe Banel et Adama de Ramaa Toulaye Sy forts intéressants pendant deux bonnes heures. Il a été question de patrimoine, de droit du film, de conception et bien sûr de financement.Sur ce dernier point, Souleymane Kebe est revenu sur la création du Fonds de Promotion de l’Industrie Cinématographique et Audiovisuelle (FOPICA) et de son apport.

  » La multiplication des guichets est une bonne chose. Aujourd’hui le FOPICA apporte beaucoup est c’est important de le souligner. Toutefois, produire un documentaire demeure toujours aussi difficile. Plus difficile que la fiction » renseigne le producteur de Sira de d’Appoline Traoré. Pour Rama Thiaw, il s’agit d’inciter les fonds privés à venir soutenir d’avantage le cinéma.

Au cours des échanges, un long chapitre sur les droits a été ouvert par les panelistes et après par les intervenants dans le public. »Les droits appartiennent au producteur le plus généreux. C’est un fait » précise la documentariste.

De son côté, Souleymane Kebe, co producteur a tenu à rappeler que même « si les droits ne lui appartiennent pas exclusivement, les autres producteurs ne peuvent l’exploiter sans son consentement. » 

Sur ces échanges, le cinéaste Pape Badara Seck qui a suivi avec attention le débat dans le public a attiré l’attention sur la différence entre les droits commerciaux (branche du droit privé qui, par dérogation au droit réglemente de manière spécifique certaines activités de production, de distribution et de services) et les droits patrimoniaux (droits patrimoniaux qui peuvent être évalués en argent, et qui entrent dans le patrimoine de la personne.) Il a aussi plaidé à ce que les chiffres des productions soient publiés afin d’amener les mécènes et acteurs à mieux appréhender l’environnement cinématographique et savoir ce que cela coûte.

Prenant la balle au bond, Souleymane Kebe a donné quelques chiffres en toute transparence pour montrer que de son côté qu’il était favorable à cette pratique. Révélant au passage sa volonté de « multiplier les coproductions avec des structure africaines notamment celles du Nigeria »

En ce qui concerne la réalisation, Rama Thiaw a invité les cinéastes débutants à beaucoup se cultiver.

« L’une des clés, c’est la lecture. Lire des livres mais aussi lire des scénarios comme par exemple Le Parrain, comment s’est écrit, comment s’est pensé. Il est important de sortir, d’aller visiter des expositions, de se rendre aux concerts.  »

Les deux panelistes sont revenus sur la nécessité pour le producteur et le réalisateur de beaucoup échanger et partager les idées. Pour ce faire, il est primordial de se lancer dans un projet qui vous parle.

Autre volet abordé par le public est la formation. Bara Diokhané avocat et d’art a évoqué l’importance de la formation afin de mieux préparer les futurs cinéastes.

Présent dans le public, le professeur de littérature et de civilisations africaines Ibrahima Wane a révélé les efforts faits par le Sénégal pour le contenu post indépendance tout en signalant qu’il reste beaucoup à faire.

« Un processus pour africaniser les programmes a commencé. On a l’esthétique en fac de philo et le théâtre en fac lettres mais tout cela est bien embryonnaire. Il faut dire que sur ce point le temps s’est arrêté en ce qui concerne les beaux arts » assure le professeur Wane.

Comme en échos au film Bukki Teuf que l’on devait projeter dans la soirée en hommage à Bouna Medoune Seye qui dans le film dénonce l’absence d’infrastructures digne de ce nom pour l’émergence de la culture.

La soirée s’est poursuivie au bord de l’eau. Le réputé Ciné-plage a refusé du monde. Au programme : 2 courts métrages Train-Train Medina de feu Ndoye Douts et Kiné de la réalisatrice Fatou Kiné Diop et un long métrage Bukki Teuf  du réalisateur Pape Alioune Dieng. une fin en apothèose qui a ravi les puristes et qui a replongé les spectateurs dans le Dakar artistique et créatif.

Rendez-vous le 9 décembre prochain, toujours sous la houlette du réalisateur Fabacary Coly, pour parler d’écriture documentaire et rendre  hommage à cette autre grande figure des arts : Khady Sylla. Coupez !

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