le Bois Caïman ou le premier congrès mondial noir et la première plateforme du panafricanisme

Dans la nuit du 22 au 23 août 1791 a eu lieu au Bois Caïman (Bwa Kayiman) la première révolte collective contre l’esclavage en Haïti. Les esclaves se rassemblèrent et scéllerent la conspiration pour mettre fin à la domination. Boukman premier leader identifié de l’insurrection prononça le serment Bois Caïman. 

Le Bois Caïman (Bwa Kayiman) est un haut lieu historique. Il est un lieu de mémoire dans l’histoire de la libération des esclaves. La réunion nocturne qui donna naissance à la révolte des esclaves marrons est considérée comme le premier congrès mondial noir et la première plateforme du panafricanisme depuis la diaspora.

Le serment du bois Caïman est le mythe fondateur de la République d’ Haïti. Ce soir là, les représentants de toutes les ethnies d’esclaves africains déportés en Haïti, à l’époque une colonie française connue sous le nom de Saint-Domingue, se sont réunis dans la région du nord de l’ île. La cérémonie, raconte-t-on organisa un pacte de sang par lequel les esclaves se liaient à leurs partenaires.
Sous la houlette de Dutty Boukman ; esclave jamaïcain originaire d’Afrique Centrale, prêtre vodou (Hougan) et leader de différentes révoltes d’esclaves, la rencontre fut déterminante. Boukman adressa à la foule des esclaves présents cette nuit-là un discours dans lequel il exhorta ses compagnons à se détacher du « dieu des Blancs qui demande le crime » pour rejoindre « notre Dieu qui demande le bienfait » et rejoindre la vengeance en prenant les armes.

Boukman le leader de ce mouvement à qui on prête des pouvoirs mystiques, a laissé quelques traces dans les archives de l’époque. Elles nous apprennent qu’en 1791 Boukman était en esclavage à la plantation Clément à l’Acul-du-Nord (une paroisse du nord de Saint-Domingue). Bien que commandeur (responsable d’équipe dans le système esclavagiste), il passait pour un « mauvais sujet », et avait déjà été repéré pour marronnage. Le chercheur haïtien R. Salnave indique que, dès 1790, il brigandait dans la région avec Georges Biassou, l’un des futurs leaders de l’insurrection.

Le saxophoniste jazz Jowee Omicil d’origine haïtienne à revisité en musique la cérémonie de Bois Caïman dans un album solo « Spiritual Healing: Bwa Kayiman Freedom Suite ». Une heure d’improvisation découpée en 21 stations, enregistrée pendant le Covid. Le musicien né à Montreal a voulu magnifier l’unité, le courage et la détermination de ses aïeux qui se soulevèrent contre l’exploitation, les viols, les labeurs forcés et les humiliations.

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