La colère gronde dans les rues de France. Beaucoup veulent obliger le gouvernement à retirer sa réforme des retraites. Mais comment ? Reporterre a interrogé des manifestants à Bayonne, à Lyon et à Paris.
Bayonne, Lyon, Paris, reportage
Alors que le président de la République a appelé à « l’unité du pays », en plaidant un projet « responsable » le 22 mars, la colère est encore montée d’un cran lors de la neuvième mobilisation nationale contre la réforme des retraites. 3,5 millions de manifestants ont battu le pavé le 23 mars, selon la CGT (1,08 million selon la police).
Partout en France, des affrontements entre manifestants et police ont éclaté dans les cortèges. Mot d’ordre : obliger le gouvernement à retirer sa réforme. Mais, concrètement, comment les militants comptent-ils s’y prendre ? Reporterre est allé dans les cortèges défilant à Bayonne, Lyon et Paris pour leur demander.
À Lyon, « faire plier le gouvernement, c’est… » :
Fabien Bagnon : « C’est faire la grève générale »
« Je pense qu’une grève générale fait partie de la solution : on arrête tout et on réfléchit. On est à un moment historique par rapport aux urgences sociales et environnementales où il faut se poser la question de la trajectoire. La désobéissance civile non-violente est un autre levier, tout comme la mise en place du militantisme “fun”, tels les clowns des manifestations qui parodient ceux qui s’accaparent les richesses. »
Damien : « C’est ne rien lâcher »
« Que fait-on dans un dialogue de sourds ? Il ne faut rien lâcher. Alors on revient une journée de plus. Puis une autre. Avec l’espoir que ça pèse dans la balance. »
Antoine Pariset : « C’est taper du poing sur la table des députés »
« Nous les paysans, on nous a promis une retraite à 1 000 euros pour nos anciens : on n’en a pas vu la couleur. Maintenant, on nous dit qu’il faut faire des efforts. Alors partout où il y aura un député, on tapera du poing sur la table. »
Catherine : « C’est user du référendum d’initiative partagée »
« Aujourd’hui, en dehors de la rue et du mouvement social, on peut user du référendum d’initiative partagée. Ça fait partie des leviers qu’il faut soulever : réunir 4 millions et demi de signatures dans le contexte actuel, c’est fortement jouable. »
À Bayonne, « faire plier le gouvernement, c’est… » :
Argitxu Dufau : « C’est bloquer l’économie »
« Je ne vais pas être très originale mais l’une des seules possibilités c’est de bloquer l’économie. La seule chose que le gouvernement écoute, c’est le capital. Il faut bloquer et par tous les moyens possibles : grèves, blocages, boycotts… Le mouvement syndical a énormément mobilisé : ici, au Pays basque, on a revu des manifestations avec des familles. Mais quand on procède de cette manière-là, on n’est pas entendu. »
Maël Thomas : « C’est rester unitaires »
« Il faut renforcer le mouvement social, continuer les gréves et blocages, et aller plus loin. À Bizi, on utilise la désobéissance civile et la non-violence en passant par l’humour pour montrer les incohérences des discours. Il faut leur faire peur, montrer que le mouvement dépasse la question des retraites et ancrer d’autres revendications dans le mouvement social. Tout en faisant preuve d’une solidarité sans faille parce que cela peut durer longtemps ! Et rester unitaires jusqu’au retrait de la réforme. » La Suite ICI: reporterre.net/Comment-faire-plier-le-gouvernement
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