[RussEurope-en-Exil] : Interrogations sur le PIB de la Russie – par Jacques Sapir

Interrogations sur le PIB de la Russie

La croissance russe pour 2022 pourrait-elle avoir été sous-estimée ?

Jacques Sapir, Directeur d’Études (Économie) à l’EHESS, Directeur du CEMI, Membre étranger de l’Académie des Sciences de Russie

On a quelques raisons de s’interroger sur la grandeur exacte du PIB de la Russie en 2022 et 2023. Non que les données de ROSSTAT soient truquées. J’ai, à de nombreuses reprises expliqué pourquoi une manipulation des données était difficile et contre-productive pour des données qui sont couramment utilisées par les administrations et les entreprises[1]. Mais, les « estimations » pour 2022 et les prévisions pour 2023 sont naturellement discutables. Après tout, l’INSEE corrige bien ses données[2]. Dans la présente note, on va donc tenter de faire le point sur les différentes interrogations que suscitent les différents chiffres.

1. Le PIB pour 2022 a-t-il été sous-estimé ?

Le PIB russe pour 2022 a été estimé par l’agence statistique russe ROSSTAT comme ayant baissé de -2,1%[3]. Ce chiffre correspond à peu de choses près à celui qui a été fourni par le FMI (-2,2%)[4]. Mais, ces chiffres sont des premières estimations, et n’intègrent pas encore la totalité des informations nécessaires au calcul du PIB. Il est donc très probable que ces chiffres seront corrigés à la fin du 1er semestre 2023 puis encore sans doute en 2024. Quelle pourrait être l’ampleur de ces corrections ? Pour comprendre ce qui pourrait se passer, il est nécessaire de rappeler ce qu’est le PIB et comment il se calcule[5]. Le PIB correspond à la somme des valeurs ajoutées produites (prix de vente diminué des consommations intermédiaires) moins la valeur ajoutée des importations. Le PIB peut se calculer de trois manières distinctes, qui doivent nécessairement aboutir au même résultat.

  • Dans l’optique de la production, en faisant la somme des valeurs ajoutées de toutes les activités de production de biens et de services et en y ajoutant les impôts moins les subventions sur les produits.
  • Dans l’optique des dépenses, on fait alors la somme de toutes les dépenses finales (consacrées à la consommation ou à l’accroissement de la richesse) comme la dépense finale des ménages et des administrations, l’investissement, et on y ajoute les exportations moins les importations de biens et services.
  • Dans l’optique du revenu, en faisant la somme de tous les revenus obtenus par les agents économiques dans le processus de production de biens et de services (revenus salariaux, excédent brut d’exploitation et profit, et revenu mixte) et en y ajoutant les impôts sur la production moins les subventions et les exportations diminuées des importations. La Suite ICI: es-crises.fr/russeurope-en-exil-interrogations
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