Jorge & Diego :  » Les journalistes aiment-ils vraiment le foot ? »

Jorge Valdano et Diego Maradona ont été coéquipiers et vainqueurs de la coupe du monde 1986 au Mexique. À la mort du Pibe de Oro, Valdano n’a pu retenir ses larmes au moment de réagir à la nouvelle en direct sur une chaîne de télévision. « Quand il est sorti de la clinique, on espérait tous qu’il donne une nouvelle leçon de rétablissement, parce qu’il s’était déjà sorti de plusieurs situations similaires. C’était un roc. Sa disparition m’a fait extrêmement de peine. Pour le joueur qu’il était et pour l’homme. On ne l’oubliera pas. Nos souvenirs seront bien gardés. Penser à ces souvenirs me font sourire » disait l’ancien joueur et ancien directeur sportif du Real Madrid. Parmi ses souvenirs, il y a leurs interminables discussions …Mohamed Sow grand amoureux du foot, nous rapporte dans le texte qui suit une discussion racontée par Valdano entre les deux champions argentins, sur l’amour des journalistes pour le foot…

« Au Mexique, lors du Mondial 86, Maradona a gagné un pari avec moi. Après l’entraînement, nous avions l’habitude de nous asseoir par terre et de parler un peu pour passer le temps, ce qui n’arrive jamais pendant les rassemblements.

Les discussions n’avaient rien d’extraordinaire, si ce n’est la présence de Diego, qui, comme toujours, captait l’émerveillement de tous. Un de ces matins, Diego lui-même a regardé longuement les journalistes qui nous attendaient (surtout lui) et a dit avec amertume :

– Regarde-les…

– Ils sont tous à toi, ai-je répondu

– Aucun d’entre eux n’aime le football, a-t-il poursuivi.

Pour encourager la conversation, j’ai choisi l’autre côté du ring :

– On peut se demander s’ils le connaissent ou pas, mais tout le monde aime ça.

– Qu’est-ce qu’on parie que ce n’est pas le cas ?

– OK, mais comment fait-on pour le savoir ? Lui ai-je demandé

Il a imaginé une méthode qui a attiré mon attention sur son originalité et j’ai pensé qu’elle était acceptable en tant que preuve quasi-scientifique.

Il s’agissait de faire tomber un ballon au milieu de l’essaim de journalistes. S’ils le rendaient avec le pied, je gagnais; s’ils le rendaient avec la main, il gagnait. J’ai accepté le pari.

Diego s’est levé lentement, a attrapé un ballon et, avec cette précision exagérée qui lui est propre et qui, je ne sais pas pourquoi, me faisait toujours rire, l’a déposé au milieu du groupe en question.

Il y a eu un tumulte comme venant d’une fourmilière dans laquelle on aurait donné un coup de pied; une lutte dont le plus déterminé a profité et après avoir fait trois ou quatre pas rapides pour faire comprendre qui avait gagné le combat, il nous a rendu le ballon des deux mains, en faisant une sorte de remise en jeu.

Je me suis défendu comme j’ai pu :

– Pauvre gars, il était gêné de le frapper avec son pied parce que tu es Maradona.

Mais Diego avait aussi une réponse à cela :

– Si je suis à une fête chez le président de la Nation en smoking et que je reçois une balle boueuse, je l’arrête avec ma poitrine et la renvoie comme Dieu le veut.

Dieu ordonne de la renvoyer avec le pied, je suppose. Je suis désolé les journalistes, mais je ne parie plus jamais sur vous. »

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