Impunité et deuils en suspens

« Au clair de la lune, mon ami Zongo refusa de bâillonner sa plume au Burkina Faso. Et Zongo est mort, brûlé par le feu, que justice soit faite pour l’amour de Dieu. » — Alpha Blondy. Le 13 décembre 1998 le journaliste Norbert Zongo est assassiné en plein jour au Burkina Faso.

Depuis le non-lieu prononcé en 2006 par la justice burkinabè, « l’affaire Norbert Zongo » est juridiquement close. Mais au fond, qui décide de ce qui est clos et ce qui ne l’est pas? Bref.

L’affaire Norbert Zongo n’est pas close. Sa famille n’a jamais cessé de réclamer justice. Tout comme celle d’ailleurs de Thomas Sankara, dont la veuve a obtenu la condamnation du principal coupable, toujours par la justice burkinabè. Et pourtant cette dernière se retrouve aujourd’hui à croiser l’assassin de son mari à Ouagadougou. En effet, Blaise Compaoré est revenu tout récemment au pays parfaitement libre et sans entraves.

Zongo a été assassiné le 13 décembre 1998 pour ses investigations sur une affaire dans la famille présidentielle burkinabé…Blaise Compaoré encore lui ! L’héritage de Zongo, ses écrits et sa conviction continuent d’inspirer des milliers de jeunes burkinabé et africains. Cette jeunesse qui réclame justice !

Même fin de non recevoir implicite pour toutes ces affaires du même style qui finissent officiellemment en queue de poisson et où les coupables n’ont jamais été inquiétés. Barthélémy Boganda (RCA), Felix Moumié (Cameroun), Sylvanus Olympio (Togo), Outel Bono (Tchad), Steve Biko (Afrique du Sud), Germain M’ba (Gabon), Marien Ngouabi (Congo), Ibrahim Baré Maïnassara (Niger),

Goungaye Wanfiyo (RCA), Floribert Chebeya (RDC), Ibn Mahamat Saleh (Tchad) et tant d’autres dont les enquêtes post-mortem n’ont jamais abouti jusqu’à ce jour.

Des affaires qui, malgré l’eau coulée sous les ponts, restent ouvertes et impunies. Et pourtant tout le monde sait qui a fait quoi et pourquoi.

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D’origine britannique, Rebecca Tickle est d’abord une passionnée de l’histoire et du destin de l’Afrique. Elle baigne dans l’esprit du continent dès sa petite enfance à travers son père journaliste, qui sillonne l'Afrique dans le contexte de la Guerre froide. A l'issue d'une carrière d'infirmière diplômée bien remplie et l’achèvement d’une licence en sciences sociale et politiques, Rebecca Tickle travaille dans le domaine de la résolution de conflit et de la gestion de projet de médiation humanitaire. Elle s’engage ensuite comme chargée de communication puis comme secrétaire générale dès 2009 à la Fondation Moumié basée à Genève, structure œuvrant pour la réhabilitation de la mémoire coloniale tardive et postcoloniale de la résistance nationaliste au Cameroun et au-delà. Elle s'intéresse particulièrement aux maux qui rongent l'Afrique centrale et alimente sa réflexion à travers les dénominateurs communs caractérisant le continent. Portant une attention particulière aux rapports de pouvoir et d'influence depuis les indépendances, à travers entre autre la société civile et les médias, Rebecca Tickle se plonge dès qu’elle en a l’occasion dans cet univers qui lui tient tant à coeur, à travers la littérature, le cinéma africain et la condition humaine sur le continent. Une curiosité insatiable et une veille assidue des actualités depuis près de trois décennies, complétées par un Master en études africaines terminé en 2024 à l’Université de Genève, lui permettent de faire des analyses fortes et de participer sous diverses formes aux débats autour des questions brûlantes qui animent l'Afrique. Rebecca Tickle collabore avec la rédaction de Kirinapost depuis son lancement en 2016.

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