Le Kaiser est mort

Franz Beckenbauer est décédé dimanche 7 janvier 2024. La légende du football allemand avait 78 ans. C’est sa famille qui a rendu publique la nouvelle dans un communiqué publié ce lundi par l’agence de presse allemande DPA.

« C’est avec une grande tristesse que nous annonçons le décès de notre père et notre mari, Franz Beckenbauer, décédé en paix, dans son sommeil, dimanche au côté de sa famille », c’est par ces mots que le communiqué de la DPA, annonce le décès du Kaiser. Une des figures les plus emblématiques du football mondial.

Immense joueur à la présence impressionnante, il n’avait pas usurpé son surnom de Kaiser l’empereur, tant, il régnait en seigneur sur le terrain. Le surnom « der Kaiser » (l’empereur) justement lui est attribué à partir de 1968 alors qu’il participe à Vienne en Autriche à une seance photo d’après-match. Comme par hasard, il y a un buste de l’empereur François-Joseph Ier (en allemand Kaiser Franz Joseph I) à côté duquel Beckenbauer prend la pose. Les journaux publient la photo avec le titre Fußball-Kaiser (l’empereur du football). On connait la suit…

Beckenbauer commence sa carrière au poste de milieu de terrain (coupe du monde 1966 et 1970). Par la suite reculera d’un cran pour devenir défenseur central. Il va révolutionner le poste de défenseur plus précisément celui du libero.

Beckenbauer a littéralement tout gagné. Même le ballon d’or. Il était élégant avec la balle. Élégant sans. Même lorsqu’il fut obligé de mettre son bras en écharpe  lors de la demie-finale du mondial 1970 contre l’Italie, il restait le plus élégant. Sur le terrain, pour l’analyste football Paul Biagui, Beckenbauer était en avance sur son temps.

« il avait simplement le QI le plus élevé de tous les temps dans le football. Ses lectures dans le jeu, son positionnement tactique, sa maîtrise de la ligne hors-jeu, ses longues livraisons de ballons en tant que skipper et son leadership général ont fait de lui le meilleur défenseur que le jeu ait même vu et produit » fait savoir Biagui

Champion du monde en 1974 en tant que joueur, puis en 1990 en tant que sélectionneur avec l’Allemagne, vainqueur de l’Euro 1972 en tant que joueur, il conduira également son club du Bayern Munich au triplé en Coupe des clubs champions européens (1974-76) et sera double Ballon d’or 1972 et 1976.

Triple Ballon d’Or (1983, 1984, 1985) et ami de Beckenbauer, Michel Platini a exprimé sa tristesse au micro d’RMC Sport : « J’ai pris un coup sur la tête en apprenant sa mort.  Il a fait le football allemand.  Ça a été un créateur, un organisateur, mais derrière. Le premier défenseur à faire des passes de 40 m, qui allait marquer des buts… Il a été le premier défenseur offensif. Techniquement, il était au-dessus. C’était non seulement un grand joueur mais c’était aussi la classe, la gentillesse, le sourire et le charme. Quelqu’un d’exceptionnel » a conclu l’ancien numéro 10 français.

Pour Berti Vogts son coéquipier en équipe nationale, le nom de Beckenbauer doit rester pour l’éternité afin que les generations futures prennent exemple sur lui.
 « Il est important que son nom ne soit pas oublié par les prochaines générations de footballeurs. Il a inventé la position de libéro. Il était un meneur de jeu derrière la défense, quelque chose qui n’existait pas avant lui. Il est l’un des meilleurs footballeurs de tous les temps, au même titre que Pelé, Eusébio, Maradona. Sa mort est une perte non seulement pour le football allemand, mais aussi pour le football en Europe et dans le monde.Peut-être que la DFB devrait envisager de donner au DFB Pokal le nom de Franz Beckenbauer » a t-il plaidé.
Erwin Kostedde, le premier joueur noir de l’histoire de l’équipe nationale allemande et coéquipier de Beckenbauer a salué a mémoire du disparu et a révèlé comment Beckenbauer l’avait défendu et soutenu dans cette ambiance teintée de racisme à l’époque. Kostedde a raconté à quoi ressemblaient les préjugés au sein de la Manschaft lors de ses débuts en 1974

« Jouer pour l’équipe nationale allemande en tant que joueur noir a fait sensation pour la presse, mais j’étais seul. Vraiment seul. J’ai donné des interviews et [l’entraîneur] Helmut Schön a dit qu’il n’y avait pas de racisme en Allemagne. Je lui ai dit que ça existait et puis il s’est mis en colère contre moi ! J’avais besoin d’être meilleur que mes coéquipiers blancs. Quand je faisais des erreurs, c’était deux, trois fois pire ! Tout le monde ne m’aimait pas, j’ai remarqué. Je pouvais dire que certains étaient racistes rien qu’à leur comportement. Quand j’allais aux douches, certains coéquipiers se disaient ‘que fait un noir dans notre équipe ?’. Mais Franz Beckenbauer était une exception. Il m’a toujours parlé très gentiment et m’a défendu. Helmut Schön n’allait pas me faire jouer contre l’Angleterre à Wembley, mais Beckenbauer a dit « oui, tu joueras ! » et j’ai donc joué. Je lui dois cela car s’il n’avait pas défendu ma défense, je n’aurais jamais pris le terrain » a réagi Kostedde au micro de la DeutscheWelle.

Beckenbauer a totalisé 104 sélections en équipe nationale et plus de 400 matchs avec le Bayern Munich. Son parcours hors du commun lui a aussi permis de jouer au New York Cosmos et à Hambourg avant sa retraite sportive en 1983.

Joueur d’exception, il a ensuite été un dirigeant de génie. Il a été avec Mario Zagallo, décédé le 5 janvier dernier, et Didier Deschamps, les seuls sélectionneurs a avoir gagné le trophé mondial en tant que joueur puis en tant qu’entraineur. L’Allemand a aussi eu des responsabilités à l’Olympique de Marseille avant de revenir au Bayern Munich où il a été entraîneur puis président pendant de longues années remportant plusieurs titres nationaux et continentaux.

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