La participation de Macky Sall à l’assemblée générale des nations unies a été plus que mouvementée. Le président sénégalais a été accueilli par des manifestations monstres de ses compatriotes dans la ville de New-York.
En se rendant à l’assemblée générale des nations unies à New-York, Macky Sall qui a annoncé il y a quelques temps , conformément à la constitution sénégalaise, de ne pas se présenter pour un troisième mandat, ne s’attendait pas à vivre un tel affront. Il s’attendait sans doute à être ovationné, congratulé, présenté en démocrate respectueux de la constitution de son pays. C’était sans compter avec la diaspora sénégalaise décidée à lui rappeler les nombreux morts lors des heurts politiques et les quelques 1800 détenus, emprisonnés, qui pour avoir dit « nous voulons plus de démocratie », qui pour avoir dit « nous voulons la bonne gouvernance et la justice ».
Voitures avec écrans géants qui diffusent les manifestations violentes de mars 2021 et juin 2023., les morts les arrestations musclées, le tout, ponctué par des images du leader du parti PASTEF aujourd’hui incarcéré.
Macky Sall le savait. Il savait qu’il était attendu de pied ferme par les sénégalais d’Amérique partisans de Sonko ou citoyens soucieux seulement de revoir leur pays rayonner parmi les grandes démocraties. Face à ces mobilisations, apparemment minutieusement bien préparées, le Chef de l’Etat et sa délégation ont due changer d’hôtel engageant une course poursuite entre eux et les manifestants. Heureusement, dans la grande tradition démocratique américaine, les manifestations ont été bien encadrées par la police.
Ce qui devait être donc la dernière intervention à la tribune de l’ONU, de Macky Sall en tant que Chef d’Etat devait être un moment où ses pairs l’acclameraient et où le gratin mondial chercherait à saluer « le démocrate ». Ce n’est plus garantie.
Pour Abdoul Aziz Faye Professeur d’histoire contemporaine au New Scholl Bernard College de New-York, le président Sall bien que conscient des risques, voulait un dernier baroud d’honneur lui ouvrant les portes d’une reconnaissance mondiale
« Si le président Macky Sall a pris énormément de risques pour venir à New-York après avoir subi la furie des autres sénégalais de la diaspora au Portugal et en France, c’est parce qu’il comptait sur un gain politique après sa renonciation à se présenter pour un mandat de trop. Il s’attendait à un lot de témoignages de la communauté internationale, ce qui pourrait lui ouvrir les portes d’un prix comme celui du Mo Ibrahim pour la bonne gouvernance ou celui de Houphouët Boigny pour la paix et pourquoi pas le Nobel…. » a expliqué l’historien au micro de atlanticactu.
On peut dire d’ores et déjà que cette reconnaissance souhaitée par Macky Sall est mal partie. Les vidéos des manifestations de New-York sont devenues virales et peuvent entacher profondément l’image du président sénégalais. C’est la conviction de Dorothy Moyo, journaliste zimbabwéenne établie à New-York,
« J’ai assisté à des accueils musclés contre des Chefs d’États pendant la tenue de l’assemblée générale de l’ONU mais, c’est la première fois depuis 15 ans que j’assiste à un tel spectacle. Non, seulement le Sénégal qui était une référence démocratique en Afrique en a pris pour son grade mais, le président Macky Sall ne pourra plus se relever d’une telle campagne publicitaire. Les images qui ont défilé sur les panneaux géants des différentes places et avenues de New-York sont destructrices et le Conseil de Sécurité de l’ONU devrait sérieusement se pencher sur la question pour l’ouverture d’enquêtes » a fait remarquer Dorothy Moyo interrogée par atlanticactu.
Macky Sall peut-il se rattraper et redorer son blason au pays ? Bien sûr, en relâchant Ousmane Sonko et garantissant sa participation aux élections de février prochain, le président Sall peut définitivement fermer le bec à tous ses détracteurs et obtenir tous les prix qu’il souhaite.
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