L’ancien Médiateur de la République, Alioune Badara Cissé a tiré sa révérence. La nouvelle a été annoncée en début de soirée. Alioune Badara Cissé ou ABC était un avocat et un militant des droits de l’homme. Tout au long de sa vie, il a respecté l’humain et accordé une grande place au divin. Son attention pour les petites gens était particulièrement connue. Compagnon de la première heure du Président Macky Sall, il a participé grandement à son accession à la magistrature suprême. Il deviendra d’ailleurs son premier, ministre des Affaires Etrangères. ABC était à la bonne place. En plus de ses élégances, il avait la réputation d’être diplomate et de commerce facile. ABC a fait ses études entre Saint-Louis et Dakar avant de s’envoler vers la France et plus tard aux Etats-Unis. De ses pérégrinations, il reviendra diplômé en Langues étrangères, en droit, en leadership, en coopération…C’est dire s’il était bien formé. Tout au long de son parcours, il a fait montre de bravoure, d’honnêteté et de dignité, n’hésitant pas à ramer à contre-courant de ses compagnon politiques. À plusieurs reprises, ce saint-louisien bon teint et talibé dans l’âme, a usé de sa liberté de ton pour décrier ce qui lui semblait être alors des dérives de la majorité à laquelle, il appartenait. En mars dernier, il tirait sur la sonnette d’alarme lorsque le pays était au bord d’une grave crise socio-politique. C’est cet homme refus qui vient de disparaitre à l’âge de 63 ans. Pour lui rendre hommage Kirinapot a choisi de poster un texte puissant d’Elie-Charles Moreau, cousin du disparu mais aussi poète, écrivain, éditeur et grand amoureux des mots.
Ce ne seront jamais des valeurs fausses
– ors et trésors du sceau de l’éphémère
de quelques ordres et natures que soient
et même issues de huis des plus clos
qui plus est en briques en broc et en vrac soustraites de coffrets et coffres codés
des simili-dieux régissant nos existences – qui me feront dévier des chemins tracés
de depuis bien avant ma naissance
par un père éclairé et bellement éclairant
les choses telles les êtres sous sa tutelle.
Je laisse cela aux mange-mil et lauditeurs
et à tous autres assermentés adeptes
de la main qu’on tend sans vergogne
et de la main qu’on détend en minable
et des mains qu’on croirait juste faites
pour applaudir les gouvernants sinon
se muer en pelles bonnes pour ramasser prébendes de tous genres et flouze
en pièces qui sonnent ou qui trébuchent ainsi terriblement corrodant le socle
d’une Cité pourtant érigée sur Vertu et Dignité.
Ce que requièrent et mon âme et esprit
et qui gicle en mon sang et fait vibrer
à même rythme mon coeur et ma vie
ce sont des choses simples comme bonjour
mais essentielles plus que tout ici-bas
c’est un gîte convenable pour toutes et tous
ce sont le pain et l’eau pour toutes et tous
et la santé et l’éducation pour toutes et tous
ce sont des écoles vraies et à flux unique
et par dessus tout et pour tout le monde
le don de soi pour le Sénégal et l’Afrique.
Sénégal et Afrique ! Ô Paradis à susciter !
Mais enfin que seraient leurs quêtes
et seraient leurs requêtes si pour une fois possibilités leur étaient données d’opiner
et lors de devoir éructer jusqu’au ciel
leurs colères et petits bonheurs
leurs désirs et sentiments les plus fous
leurs sensations et visions
et ce qu’auraient d’inaliénables en eux
le mot Culture et le mot Patrimoine
le mot Genre et le mot Valeur
le mot Souveraineté et le mot Patrie
Pour sûr l’Un et l’Autre harmonieux
et sans s’être une seule fois concertés
joueraient et en boucle notre plurielle
et urgente et pressante et légitime ivresse
de sérénité imperturbable
et d’ininterrompus sérénades
pour nous toutes et tous et pour de bon !
Elie-Charles Moreau
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