L’artiste sénégalais Ablaye Ndiaye Thiossane, vient de nous quitter à l’âge de 86 ans. Avec sa disparition, s’éteint un des pionniers de la musique et des arts modernes au Sénégal. Un article Pan-African Music.
Il y a deux ans, il nous accordait une longue interview et récemment, nous comptions lui rendre visite pour nous abreuver encore à cette source intarissable. Ablaye Ndiaye a tiré sa révérence avant cette rencontre programmée. L’émotion est vive à Thiès sa ville natale et dans tout le pays. C’est dans la cité du Rail que l’interprète d’ « Aminata » a fermé pour la dernière fois les yeux.
Né en 1936, Ablaye Ndiaye fait partie des précurseurs de la musique moderne sénégalaise. Il fait ses premières armes comme chanteur dans les assak (cérémonies de circoncision). Il commence dès 1952 à jouer dans les orchestres de la place avant de créer son propre groupe, dénommé le Thiossane Club. Son heure de gloire arrive en 1966 où sa chanson « Taal leen làmp » remporte le « trophée » de l’hymne le plus populaire du premier Festival Mondial des Arts Nègres. Il enchainera les succès sans sortir pourtant de disque et s’illustrera aussi bien avec le Royal Band de Thiès qu’avec l’Orchestre National du Sénégal, avant de tout plaquer pour entrer à l’école Nationale des arts, section arts plastiques. Dès lors, il consacre sa vie à son autre passion, à son autre talent : le dessin et la peinture.
Il faudra attendre 2010 seulement, pour que l’artiste chanteur refasse surface et que sorte son premier album solo grâce à Syllart Records. Entouré du merveilleux Samba Laobé Ndiaye à la basse, de l’unique Thierno Kouyaté au saxophone, de la grande cantatrice locale Khar Mbaye Madiaga, des belles voix de feu Doudou Seck et feu Médoune Diallo aux chants, le tout arrangé par le généreux Robert Lahoud, il met sur le marché sa seule production, Thiossane. Ce qui en fait avec sa disparition un trésor inestimable.
Ablaye Ndiaye Thiossane et d’autres, Abdoulaye Mboup notamment, ont imposé le wolof dans les textes. « Avec la salsa ou le bolero, il y avait les textes en espagnol ou français, mais après les indépendances nous avons commencé à nous tourner vers le répertoire traditionnel et historique du Sénégal. À partir de là, le wolof a pris une place plus importante dans la musique dite moderne » expliquait celui qui n’a cessé d’inviter son public et la jeune génération à respecter la tradition. « Thiossane », son petit sobriquet ne veut-il pas dire traditions, racines ? Ce que n’a pas oublié de rappeler la star Youssou Ndour en réagissant à l’annonce de la disparition de la légende.
« Il y a des disparitions qui font référence aux fondamentaux de l’art musical. Le décès du Père Ablaye Ndiaye en fait partie. Il symbolisait l’enracinement aux traditions » a-t-il tweeté. La SUITE ICI: pan-african-music.com/ablaye-ndiaye
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