Le Stereo Africa Festival 3ème édition a vécu. Du 8 au 12 mai, Dakar a vibré aux sons de la scène alternative. L’événement initié par l’artiste Sahad Sarr, que beaucoup voyaient faire long feu, comme hélas, la plupart des initiatives musicales au Sénégal, fait mieux que résister au temps, il s’installe doucement mais sûrement dans l’agenda culturel de la capitale sénégalaise. Promesses tenues…
Durant ces cinq jours, sans compter le jour de lancement avec Natty Jean à l’Institut Français, Stéréo Africa a réuni des artistes de qualité et un public averti et nombreux. Le centre culturel Douta Seck qui a accueilli le magnifique bassiste Alune Wade et le Clos Normand, autre lieu qui a accueilli l’essentiel des concerts, n’ont pas désempli.
Des artistes de renommée mondiale, comme Oumar Pene ont assuré un spectacle digne de leurs rangs, tandis que collectif Akar, création artistique musicale et visuelle d’une grande originalité amenée par la DJ Rokia Bamba et Shama Bongo s’est révélé au public. Même ressenti pour la prestation de Maïna fortement appréciée par le maestro El Hadj Top, préposé au micro et grand spécialiste des scènes musicaux. Top a auusi apprécié la performance du groupe d’afrobeat Oga, venu de France OGA et celle de Shauit d’origine canadienne accompagné à la guitare au cours de la Jamm Session Academy par Assane Seck fils du légendaire Zale Seck. L’esprit du Stereo Africa est là: un mélange d’artistes reconnus et de talents à découvrir. Le public en a eu pour son déplacement !
Un de nos coups de coeur a été la koriste afro-jazz Sophie Lucaks. Née à Budapest et basée à Montréal, Dés l’âge de 5 ans, elle apprend le violon.Lorsque sonne ses vingt ans, un voyage au Burkina Faso lui fait découvrir la Kora et la tradition mandingue. Elle est bluffée ! C’est décidé, elle veut apprendre à jouer de la Kora. Elle aura le meilleur professeur. Toumani Diabaté le maitre de la kora le prend sous son aile à Bamako pendant 7 ans.
En 2023, Sophie Lucaks sort son premier album, dont deux titres avec Habib Koité, qui a remporté le prix du meilleur album de musique globale aux Canadian Folk Music Awards, C’est dire si, elle est devenue Djeli au féminin.
Restons avec les femmes, le duo de Defmaa Maadef, véritables bêtes de scènes avec leurs tambours, a laissé une belle impression aux festivaliers. Énergiques, les deux jeunes femmes ont électrifié le public du Clos Normand avec en prime une sublime reprise du mythique Kanu de Xalam.
Fidèle à sa vocation de donner une chance aux nouveaux talents et artistes en herbes; le Stéréo Africa a initié une formation de DJing destinée aux femmes peu présentes dans ce secteur. « DJ, mais c’est un truc de garçon » entend-on souvent. Grâce à la formation, dirigée entre autres par Regina Miangue, directrice de tournée pour des artistes féminines, de jeunes passionnées, ont pu acquérir des techniques nouvelles et se perfectionner
Autres activités, marques de fabrique de Stereo Africa, en plus des Unplugged Sessions, c’est les Showcases, et les MasterClass, Ils ont été au rendez-vous.s ont permis, pendant quelques semaines d’ailleurs, de faire vibrer plusieurs quartiers populaires de Dakar. La proximité avec les populations, le festival y tient beaucoup !
Stereo Africa 2024 n’a pas déçu. Dans un contexte marqué par la frilosité des annonceurs et sponsors, l’incertitude des autorités nouvellement élues, les fondamentaux du festival ont été respectés et ses ambitions maintenues. Sahad Sarr et ses équipes, méritent des applaudissements et un soutien des pouvoirs publics.
Autant l’alternance politique a été réalisée, grâce entre autres à la mobilisation et l’engagement d’artiste comme Sahad, autant reste à réaliser une alternance dans la culture. Ceux qui proposent du contenu de qualité sans attendre les moyens de l’État, doivent être aujourd’hui au-devant de la scène. C’est notre plaidoyer, Stereo Africa doit être soutenu.
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