« Jaay doolé » ou l’alerte de Sahad Sarr sur la dérive autoritaire au Sénégal

« Non au 3eme mandat, aux dérives autoritaires, à l’instrumentalisation de la justice, aux bavures policières, nervis et mercenaires ». C’est le message puissant que vient de lancer l’artiste Sahad Sarr dans un nouveau single consacré à la situation politique du Sénégal. Le clip est disponible depuis le 21 juin.

Ça fait du bien d’entendre les artistes lorsque les tensions  vives. Ce sont les diseurs. Les voix des sans voix. Ils sont ceux qui alertent, qui dénoncent et qui rassurent. C’est ce que Sahad Sarr vient de faire avec son nouveau son. « Jaay doolé » pour dire au régime Sall d’écouter son peuple au lieu de bander les muscles. L’artiste, toujours engagé, invite le Chef de l’Etat et la majorité à faire preuve de retenue et d’élégance. Comme pour rappeler la tradition démocratique du pays, l’artiste invite les autorités à ne pas prendre exemple sur la Gambie de Yayah Jammeh.

Le clip de la chanson, qui présente une musique afro des plus originales comme sait faire Sahad, met en scène le chanteur et ses musiciens, tous, masque à oxygène à la figure. Il faut dire que le masque à oxygène est assez symbolique des journées de heurts qu’a connu le Sénégal suite à la condamnation du chef de l’opposition Ousmane Sonko, candidat à la présidentielle de 2024, à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse ».

En toile de fond, ce qui se joue, en plus de vouloir écarter des adversaires politiques de la course à la présidentielle, c’est la troisième candidature du président Sall. Sahad Sarr rappelle d’ailleurs que c’est un » éternel débat en Afrique de l’Ouest. Oui, la majeure partie des chefs d’État ont cette manie de vouloir s’agripper au pouvoir. »

Même s’il ne s’est pas encore prononcé clairement, tout indique dans son camp, qu’il se prépare a cette éventualité. Son désir semble tellement flagrant qu’il a exhorté les acteurs politiques qui lui demandent de respecter la constitution  » Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs », à poser le débat avec « courtoisie ». Et Sahad de lui dire en quelque sorte qu’il n’y a pas de courtoisie qui tienne, il suffit juste de respecter la constitution. Le peuple ne demande pas autre chose.

« Jaay Doole est une sonnette d’alarme contre les gouvernements qui imposent une vision par la force.
C’est un cri de cette jeunesse réprimée à la recherche de changements.Un appel à une bonne gouvernance et au respect des droits humains via une justice équilibrée. Un hymne à la paix et à la cohésion sociale » renseigne l’artiste.

Très en verve, le chanteur dénonce les arrestations arbitraires de journalistes ou de citoyens, les manifestants tués tout en ayant une forte pensée envers les mères de famille éprouvées. Dans sa dénonciation, l’artiste ne manque pas toutefois d’inviter le peuple à ne pas se laisser infiltrer par des pilleurs et casseurs. « Le combat est noble, il est pour la dignité, la justice et la liberté, ne le gâchons pas. »

« Une musique qui n’éduque pas ou n’éveille pas n’a pas sa raison d’être », disait le regretté chanteur et parolier Thione Seck. Sahad Sarr, artiste engagé dans les luttes en faveur de l’environnement, l’économie solidaire et le développement des terroirs est aussi un observateur attentif de la scène politique africaine.

« Quand les libertés d’expression sont bafouées, que la justice n’est pas équilibrée, nous voyons les événements s’enchaîner comme les prémices d’un chaos certain.Voilà pourquoi il est important pour les artistes d’être les sonneurs d’alarme » alerte

 

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