David Sanborn, mort d’un saxophoniste de légende

L’immense saxophoniste alto David Sanborn nous a quittés avant-hier dans sa 79eme année. Emporté par le cancer de la prostate dont il était atteint depuis 2018. C’est une légende de la musique qui quitte la scène. Il a publié pas moins de vingt albums sous son nom, qui lui ont valu six Grammy Awards. Instrumentiste sur le titre emblématique des années 1980 « We are the world », d’USA for Africa, Sanborn a joué avec les plus grands: Aretha Franklin, James Brown, David Bowie,Bruce Springsteen, Rolling Stones, Stevie Wonder, George Benson, Chaka Khan, Youssou Ndour….

Malgré la maladie David Sanborn avait pu maintenir son programme normal de concerts jusqu’à tout récemment. La maladie a eu raison de lui. C’est un instrumentiste exéptionnel qui s’en va. Son son si particulier et sa technique imprenable a marqué l’histoire de la musique.

À l’origine d’une immense partie des solos de saxos qui ont façonné le son mielleux de la FM des années 1980, et des shows télés, David Sanborn a marqué de son empreinte la scène jazz et de la scène tout court car il a su surfer sur différents styles en multipliant les collaborations. On a dit qu’il avait « remis le saxophone dans le rock’n roll ».

Ses collaborations, l’amènent à explorer les genres, du jazz west coast au latin jazz, en passant par le disco, la funk, la fusion, la pop, le rock, la soul ou le blues. De ses collaboration naitra un merveilleux tube qui plu au public africain Maputo pour ne pas le nommer et qu’il interpréta avec son acolyte, le pianiste Bob James.

 « La nouvelle de la perte de David Sanborn dans le monde de la musique m’a profondément attristé », a écrit sur Facebook Bob James, qui a collaboré avec Sanborn sur l’album Double Vision, lauréat d’un Grammy Award.  « J’ai eu le privilège de partager les moments forts de ma carrière avec lui. Son héritage perdurera à travers les enregistrements. Chaque note qu’il jouait venait directement de son cœur, avec une intensité passionnée qui pouvait rendre extraordinaire une mélodie ordinaire » a dit le musicien de Four Play.

Né en 1945 en Floride et élevé dans le Missouri, Sanborn a surmonté une enfance marquée par la polio grâce à la musique. Pour renforcer sa poitrine, un médecin lui conseille de jouer du saxophone. Il tombe amoureux de cet instrument, étudie la musique à l’université et débute dans le blues en rejoignant le Paul Butterfield Blues Band qui jouera au légendaire festival de Woodstock en 1969.

De son premier album Taking Off, en 1975, à Hideaway le deuxieme en 1979, Sanborn progresse à pas de géant et se fait une réputation. Son sixieme album Voyeur, sorti en 1981et dans lequel joue le bassiste et compositeur Marcus Miller, lui valu le premier Grammy Award [Meilleure performance instrumentale R & B ] de sa riche carrière, grâce au single All I Need Is You.

Féru d’histoire, curieux de tout, notamment des musiques noires, il se penche sur certaines sonorités africaines et jouera avec la star sénégalaise Youssou Ndour, il participera en 1989 à l’album The Lion et jouera un solo inoubliable et si caractéristique dans le morceau « My Daughter ».

« Je m’incline respectueusement devant la mémoire de David Sanborn. Un saxophoniste de renommée mondiale qui m’a beaucoup marqué et avec qui j’ai travaillé à travers l’album « The Lion » pour la chanson  » My Daughter  » . Que ton âme repose en Paix David » a réagi sur Twitter Youssou Ndour.

Sanborn catalogué de musicien de studio, prouvera qu’il pouvait tenir une carrière sur scène et en solo. Plus tard, il sera critiqué par certains puristes du jazz pour sa propension à aller sur d’autres terrains. Contreversé comme ces instrumentistes qui se mirent par exemple au Smooth Jazz, Il répondra très peu à ces critiques, sauf peut-être ici au micro de Joe Farmer.

« Pour moi, les catégories musicales n’ont aucun sens. Définir les contours d’un genre musical crée ses propres limites. Quel intérêt d’imposer une hiérarchie puisque chaque culture en influence une autre. D’Angelo a-t-il plus de valeur que Hank Mobley ? Qui est le meilleur trompettiste, Miles Davis ou Clifford Brown ? Est-ce que cela a une importance ? S’agit-il d’une compétition ? Plus je vieillis, plus je trouve ces interrogations inutiles ! ».

D’après les critiques du Monde, Sanborn « atteint la quasi-perfection, avec un contrôle permanent d’un son puissant, maîtrisé splendidement dans l’aigu, et souvent d’une âcreté superbe ». Il a continué à tourner fréquemment même après son diagnostic de cancer  et avait déjà prévu des dates pour l’année prochaine.

David Sanborn  avec Youssou Ndour et Habib Faye, dans l’émission Sunday Night Live en 1989

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