Samia Nkrumah a invité les africains à revisiter l’héritage des pionniers du panafricanisme. La fille Kwame-Nkrumah en est convaincue car jusqu’ici l’objectif principal qu’est l’unité africaine n’a pas été atteint.
La Fondatrice et Présidente du Centre Panafricain Kwame-Nkrumah, Samia Nkrumah est catégorique: Il faut revenir aux écrits des pionniers du panafricanisme. C’est la conviction qu’elle a partagé au cours d’une interview accordée au journal le Point.
« Nous devons reprendre et revisiter l’héritage de ces pionniers. Imaginez, pour faire une course, avant de la commencer, avant de courir vite, vous devez vous retourner et prendre le témoin. Si vous commencez à courir sans prendre le témoin, où comptez-vous arriver ? Nulle part. C’est ce que nous disons, ces pionniers doivent être revisités parce que jusqu’à présent je n’ai rien vu de concret. Nous n’avons pas atteint notre principal objectif, celui de l’unité africaine » a soutenu la fille de l’ancien président du Ghana et chantre du panafricanisme.
Au moment où tout le monde salut la création de la Zone de Libre Echange Continental Africaine (ZLECAF), Samia Nkrumah rappelle que l’unité politique devrait être le préalable à tout cela.
« Si vous regardez cette zone de libre-échange, la banque centrale, la zone monétaire… Nous avons les institutions, mais le fond n’y est pas. Ceci a été écrit et proposé dès 1963. Pourquoi est-ce que nous ne commençons pas ce processus de définition d’une stratégie commune, avec une seule armée, un seul commandement ? Pourquoi ne le faisons-nous pas ? Nous avons besoin de le faire. Nous ne disons pas que des bonnes idées n’ont pas été proposées, nous en avons, le traité d’Abuja par exemple, ce sont de très bonnes idées, mais je crois que le point qui manque est l’attention des leaders politiques. Qu’est-ce qui a poussé ces leaders à se soutenir, soutenir les mouvements de libération, la lutte contre l’apartheid » s’interroge t-elle.
Pour Samia Nkrumah, la question politique est centrale, mais qu’il appartient aux peuples et aux jeunes surtout de faire preuve de determination. Il s’agit d’abord pour ces peuples d’échanger et consolider leurs liens.
« Comment pouvons-nous augmenter le niveau de vie de chaque Africain si nous n’utilisons pas les produits de nos voisins ? Nous avons des produits de valeur sur le continent, mais on préfère échanger avec l’étranger. Pouvez-vous imaginer si nous échangions avec nos voisins, entre nous, seul le ciel serait notre limite. Cette unité est pour les peuples, ce n’est pas pour un petit nombre » a plaidé l’activiste.
Malgré quelques combats démocratiques et de bonnes gouvernance gagnés ici et là, les problèmes du continent demeures parce que la petitesse de ces Etats n’est pas propice au développement.
« La démocratie seule ne suffit pas parce que nos économies sont très petites. On n’est pas viable. Pourquoi ne cherchons-nous pas cette solution originelle que nous n’avons jamais essayée : l’unification. Ça pourrait résoudre nos problèmes économiques. Nous n’étions pas faits pour être de petits pays. Sommes-nous ceux qui ont dessiné les frontières pour nos économies ? Non ! Nous ne les avons pas dessinées. Donc, comment peut-on nous attacher à quelque chose que les colonisateurs nous ont imposé ? Maintenant que nous sommes libres politiquement, nous devons au moins décider de la prochaine étape. Est-ce qu’il sera question d’une nation africaine ou allons-nous continuer de souffrir individuellement ? » a t-elle encore demandait.
Dans cette perspective, croit la présidente du Centre panafricain Kwame-Nkrumah, les jeunes et les femmes devront jouer un rôle central.
« Les femmes en particulier doivent se sentir concernées parce que vous savez quand nous regardons notre histoire, quand il y a un grand changement, une révolution comme une lutte pour l’indépendance, les femmes sont toujours en première ligne » a plaidé Samia Nkrumah.
Crédits: Elena Azzalini/Rhodes Forum
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