« New African Orleans »: Le voyage Outre-Atlantique d’Alune Wade

Bassiste élevé au jazz fusion des années 90, il est devenu un instrumentiste couru et un compositeur inspiré. Citoyen engagé pour son pays et son continent, il a été de tous les combats en faveur de la démocratie, jusqu’à l’avènement de la dernière alternance. Désormais musicien XXL, il peint des arabesques et tisse des ponts entre les cultures. De Paris à Casablanca, en passant par La Havane ou New York, ce natif de Dakar, fils d’un joueur de Cor d’harmonie qui fut patron de la fanfare militaire, est toujours sur les routes afin d’explorer de nouvelles saveurs musicales. Son nouvel album  New African Orleans, le 6eme de rang, ne déroge pas à la règle. À paraître le 2 mai prochain, New African Orleans a été mijoté au confluent du Jazz et de l’Afro-Beat. Nous avons écouté le nouvel d’Alune Wade. Ce n’est pas qu’un album, c’est une immersion totale dans l’histoire de l’Afrique. Et pour la soutenir, un film retour aux sources accompagne le projet. À entendre, à voir, à méditer…et danser !

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News African Orleans ou quand un Africain prend la transatlantique à la rencontre de ses aïeux d’Amérique ©Wlad Simitch

 Alune Wade revient avec un nouveau produit. Après Sultan, très oriental, le bassiste sénégalais nous amène cette fois vers une toute autre destination. Un voyage au pays où le Jazz et l’Afro-Beat se rencontrent. Une plongée dans l’héritage culturel et historique de l’Afrique. Pur délice félanien, autrement dit, sonnant comme un hommage à Féla et Tony Allen les deux rois et inventeurs de l’Afro-Béat. À propos de Fela, ne manquez surtout pas le morceau »Water No Get Enemy ». New African Orleans est aussi comme son nom l’indique, un hommage à tous les grands instrumentistes de la Nouvelle Orléans.

« Boogie & Juju », le single-symbole de cette confluence, de cette rencontre, raconte l’histoire des liens profonds et infrangibles entre deux peuples et deux cultures qui n’en font qu’un finalement. D’un côté, les Africains restés sur le continent, orphelins de ceux qui sont partis contre leur gré. D’un autre côté, les Africains arrachés à leurs terres et déportés outre-Atlantique. Ces derniers arrivaient en Amérique avec comme seuls bagages : leurs cultures, leurs danses, leurs chants et leurs religions.

Ceux qui avaient pour point de chute la New-Orléans, se retrouvaient au Congo Square. C’est là-bas que les esclaves se réunissaient pour célébrer leurs ancêtres. Ça donnera plus tard, le blues et le jazz.

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« Tout part de l’Afrique. Ensuite, c’est parti ailleurs. Et partout où ça atterri , les gens l’ont enrichi. Le jazz est très ouvert et permet des échanges » Alune Wade ©Wlad Simitch

Alune Wade crée le dialogue entre celui qui est parti et celui qui est resté. Chacun riche de sa destinée aussi douloureuse soit-elle, aussi mélancolique qu’elle fut. Tout au long de l’album, ce sont ces sensations que l’on retrouve. Afrique-Amérique, Afrique-Antilles, esclavage-combat, souffrance-espérance, richesse-partage, hospitalité-voyage…foi-amour, frère-soeur… Boogie & Juju.

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Alune Wade, bâtisseur de pont ©Wlad Simitch

Enregistré entre Lagos au Nigéria, Saint-Louis du Sénégal mais aussi à la Nouvelle-Orléans aux États-Unis, le nouvel opus d’Alune nous plonge dans l’histoire de la conscience noire. Il vous oblige à voir de vos oreilles l’impact de l’Afrique dans la musique mondiale.

Césaire disait de Fanon « il vous empêche de vous boucher les yeux et de vous endormir au ronron de la bonne conscience». Cet album s’inscrit dans cette perception et nous rafraîchit la mémoire : L’Afrique est bel et bien le berceau de ces bonnes saveurs. C’est même apodictique !

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Alune Wade rend hommage aux fanfares militaires à son défunt papa, chef d’orchestre de la musique des forcés armées sénégalaises ©Wlad Simitch

Alune Wade n’est pas le premier à revivifier ce legs et s’incruster dans cette voie. Régulièrement, les artistes, par leur production, nous font une piqûre de rappel. Chacun, à sa façon et son style, revisite ces liens millénaires. Le rappel de Alune est sublime !

«Night Tripper» et «, «Gris Gris Gombo Yaya-classique de Dr. John-, qui nous entraînent dans un highlife, un afro-beat avec cet accent de fanfares militaires (hommage au papa) , chants d’églises, le tout dans un Swing endiablé rappelant le Assiko et le carnaval.

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Des côtes africaines au Bayou, célèbres mangroves où se cachaient les esclaves, Alune Wade rend hommage au puissant héritage de l’Afrique. ©Wlad Simitch

Malcolm John Rebennack, alias Dr. John, est une figure majeure de la musique de la Nouvelle-Orléans. Il tire son nom, Dr.John, du « dernier des vaudous » de La Nouvelle-Orléans au XIXe siècle. Un noble de la tribu des Bambaras du Sénégal, enlevé par des négriers espagnols et déporté à Cuba puis libéré et qui aurait des pouvoirs mystiques. Il « régnera » sur le Bayou country.

«Taxi Driver», un peu Sixun, interpelle sur les dangers du voyage. «Watermelon Man», belle reprise teintée de Makossa – clin d’oeil à Manu Dibango- du standard jazz d’Herbie Hancock entré dans le Top 100 des pop charts. «Dialect From The Mulatozy Tribe», pour nous rappeler que «Aduna teranga la».

Le voyage d’Alune Wade n’est pas prêt de se terminer. En attendant, ils nous invitent à l’escale « New African Orleans ». Et en même temps que le nouvel opus arrive, un documentaire, Tukki, des Racines au Bayou, retrace sa riche traversée en Amérique.

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‘Le son, ne suffisait pas, il fallait montrer par l’image et nous prévoyons même un ouvrage pour prolonger le projet » Alune Wade ©Wlad Simitch

« Ce projet est à la fois un album, New African Orleans, et un documentaire, Tukki, des Racines au Bayou. Un récit exaltant joué par des musiciens et exposé par des historiens, qui met en lumière le folklore africain avec majesté, en racontant sa traversée en Amérique. Le récit se poursuit à travers des conférences avec des historiens, musiciens, universitaires » explique l’artiste qui sera à  Dakar pour présenter en exclusivité son film et son album.

Actuellement en tournée un peu partout en Europe, Alune Wade arrive très bientôt au Sénégal pour la sortie de l’album. Le programme se déroulera entre Dakar et Saint-Louis du 22 au 30 mai 2025, avec une avant-première mondiale du film, un concert exceptionnel, une série de conférences et une parade festive. Bienvenue à « New African Orleans » ! « Aduna teranga la ».

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En route pour la Tournee à Dakar : 22 Mai : Avant-Premiere mondiale du film 23 Mai : lancement de l’album a l’Institut Français de Dakar 24 Mai : Conference au Musée Civilisations Noires 25 Mai : Parade 30 Mai : Saint-Louis ©Wlad Simitch

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