Maam Góorgi Njaay, une sagesse qui force le respect

Maam Góorgi Njaay, une sagesse qui force le respect. Je suis allé, la semaine dernière, chez l’ancien champion de lutte. Pour lui témoigner mon admiration et solliciter des prières.

Je passais dans le quartier quand j’ai entendu dire « Kër Maam Gorgui ».

Et hop !

Morceaux choisis :

– « Il nous faut développer le cousinage si nous voulons vivre dans une paix éternelle dans ce beau pays. »

– « Par-parloo du mën ñàkk. Waaye péete mu dëggu moo ëpp solo. »

– « Tous mes adversaires d’un dimanche sont devenus, le lundi d’après, des amis. Il y a, dans l’adversité, une élégance qui nous élève. Au début, dans mes « bàkk » (chants d’auto-glorification), je disais « diw, maa ko ñaf, daan« . Et je me suis rendu compte que la formule pouvait être blessante. Alors j’ai changé par « maa ko nax, daan »

– « J’ai un record dans l’arène qui sera difficile à battre » dit-il en riant : le seul à avoir disputé 2 grands combats 2 dimanches de suite et, dans la foulée, battu 2 « Boy » : Boy Pambaal et Boy Bàmbara

– « Le sport m’a véritablement mené vers la Tarixa Tiijaaniya. Un dimanche j’ai chanté Seydi Jamil Sy et, le lendemain, il m’a fait appeler. En 1959, il me donna le wird. A la vieille de son rappel à Dieu, il m’a fait appeler et m’a dit « Man’ak yow, romb na nu taalibe ak sëriñ. Yal na ñu Ànd dugu Aljanna. Kër gi, kénn ëpëlé wu la fi dara »

– « Sall, tu vois le bonhomme là-bas à ma gauche (il me désigne une photo au mur), C’est mon frère. Tu lui ressembles beaucoup. J’ai pensé à lui dès que tu es entré. (à plus de 80 ans, il a le regard fin et la mémoire intacte ! MashAllah) »

– « Dieu m’a tout donné. Tout ! Je suis allé 4 fois à la Mecque (grâce à une prière de mon marabout Seydi Djamil Sy) et j’ai eu un très beau palmarès dans l’arène. C’est pourquoi, depuis longtemps, je ne me couche pas avant d’avoir fait 1.111 Alhamdu lillaa. A partir d’aujourd’hui, dis Amen où que tu sois. Parce que je prierai toujours pour toi »

– Trois choses m’ont guidé dans ma vie : toujours savoir ce que je voulais, identifier les moyens d’y parvenir et les trouver et, enfin, être prêt à tout pour l’avoir, quel qu’en soit le prix ! « 

– « Je rends aussi toujours grâce à Dieu pour avoir mis sur ma route des amis sincères. Ñi ma daan àndal, da ñoo taaru te yéwén »

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En partant, il me présente, en poésie et avec humour, à une de ses épouses « Je te présente Binta Diouf, la reine des tukulór. J’ai chanté sa beauté et son élégance au début de ma carrière »

Et il reprit le bàkk à l’honneur de ses épouses :

« Maa baaxi jeeg

Boo demee fass,

Bineta nga fay baax

Bineta Diouf yaa yàgg cib mbaax

Bineta Mandiaye Diouf

Ba tey yaa ngi baax

Ndeye Fall

Penda Fall

Penda Meïssa Niokhor Fall ».

Le visage de la femme s’illumina= Au bout d’une bonne heure d’agréables échanges, il prit mes mains et pria longuement.

Comme le dit le doyen Majib Sene dans ses chroniques, « l’État devrait encourager la création d’une caisse de solidarité sportive, avec une gestion rigoureuse pour accompagner les anciens sportifs. La contribution de l’État et celle des personnes physique ou anonyme, alimenteront cette caisse » .

Longue vie, Maam.

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Auteur et Critique d'Art, Umar Sall est une figure connue du milieu culturel dakarois. Il s'intéresse à la richesse des langues traditionnelles. D'origine Pular, qu'il parle couramment, il a aussi une maitrise bluffante du walaf (À l'ecrit comme à l'orale). Umar Sall a une parfaite connaissance du fait culturel. Dés lors, ses analyses et ses reflexions sont pour le moins attendues. Retrouvez- les sur Kirinapost. À lire : Les Coquillages de la mort" Editions Broché – 2014

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