L’Éthiopie vit depuis un an une guerre civile. Ce Pays d’Afrique de l’Est qui compte 110 millions d’habitants, soit la deuxième plus grande population du continent, est en proie malgré une croissance et un développement fulgurant, à une instabilité chronique dans sa région du Tigré. Le pouvoir central d’Abiy Ahmed et les forces rebelles menées par le front de Libération du peuple Tigréen (TPLF) se livrent une guerre basée sûre de vieilles tensions politiques sous fond de jeu d’influence des puissances occidentales.
Vingt ans après la guerre avec l’Érythrée (1998-2000) à laquelle le TPLF avait pris une part prépondérante, l’Éthiopie se retrouve au coeur d’un conflit armé, cette fois au sein de ses propres frontières. En 2018, l’élection d’Abiy Ahmed, issu du peuple Oromo et cheville ouvrière d’une déclaration de paix avec l’Érythrée qui lui vaudra le prix Nobel de la paix en 2019, est sans surprise vue d’un mauvais oeil par les Tigréens.
Les Tigréens en majorité Oromo sont les premiers partisans du premier ministre Ahmed qu’ils ont aidé à élire. Mais ils lui reprochent aujourd’hui de vouloir écarter les cadres d’origine Oromo du pouvoir et lui reprochent également sa proximité avec l’ennemi d’hier. La goutte qui a fait déborder le vase est le report des élections générales en raison de la situation sanitaire. Défiant l’autorité centrale, les Tigréens ont maintenu le processus électoral.
« Les Tigréens reprochent à Abiy Ahmed sa proximité avec l’Érythrée, et notamment avec son dirigeant Isaias Afwerk, qui n’a pas eu l’occasion de se venger des Tigréens et laisse Abiy Ahmed le faire aujourd’hui » analyse Patrick Ferras, président de l’Association Stratégies africaines et docteur en géopolitique interrogé par TV5.
Les Tigréens auraient-ils frappé en premier en attaquant une base de l’armée fédérale, ne laissant pas d’autre choix à Abiy Ahmed que de riposter comme il le déclare à la presse ? Rien ne permet de l’affirmer, mais la ligne de front au sud de la région, séparant le Tigré de la région Amhara, s’est vite dessinée relate TV5.
Galvanisé par ses concitoyens, qui adhèrent massivement à la thèse de l’ingérence occidentale comme source de leurs maux, le premier ministre Ahmed s’est rendu sur le front pour mener l’offensive. Il a par ailleurs annoncé la fin prochaine de la crise et la victoire des forces gouvernementales.
« La jeunesse du Tigré est en train de tomber comme des feuilles. Sachant qu’elle est vaincue, elle est dirigée par quelqu’un qui n’a pas de vision ni de plan clair. Ils devraient se rendre à la Force de défense nationale éthiopienne, aux forces spéciales, aux milices et au peuple » a-t-il lancé.
En attendant, rapporte TV5, une crise humanitaire apparaît avec son lot de conséquences néfastes pour les populations et l’économie du pays. Au moins 400 000 personnes sont confrontées à des conditions proches de la famine dans le nord, 80 % des médicaments essentiels ne sont pas disponibles et plus de deux millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer. Par milliers, les Éthiopiens quittent le pays. Les citoyens américains et britanniques sont de leurs cotés invités à quitter l’Éthiopie « tant que des vols commerciaux sont disponibles », selon les termes d’un ministre britannique.
L’Éthiopie depuis quelques années fait rêver pourtant la jeunesse africaine et on parle même de « miracle éthiopien » tant le pays se transforme positivement et accède à un développement certain. Il est plus qu’urgent que l’Union Africaine se saisisse de ce dossier afin de sauver ce pays si important pour le continent.
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