Hasse Walli, le finlandais du Djolof

Quand on dit que la musique n’a pas de frontière, l’adage s’applique parfaitement à Hasse Walli. Cet artiste finlandais a produit à la fin des années 80 des chefs-d’œuvre de mbalax, alors rien ne le prédisposait à cela.

Fils de musiciens (père, chef d’orchestre et pianiste, mère, chanteuse), Hannes « Hasse » Walli, né en 1948, commence par jouer de la batterie à 12 ans. Il joue dans un Big band de jazz en amateur. En 1965, il se met à la guitare pour une raison assez cocasse. Il remarque qu’à la fin des concerts, pendant qu’il rangeait péniblement son matériel, les guitaristes, qui n’avaient que leur étui à gérer, en profitaient pour engager la conversation avec la gente féminine…

Et c’est au début des années 70 qu’il commence à sa faire un nom. Toujours dans l’univers du jazz. Il tâte aussi du rock, reprenant souvent des morceaux d’une de ses idoles : Jimi Hendrix.

En 1977, après avoir vu Bob Marley sur scène à Stockholm, il tombe amoureux du reggae. Il en apprend les codes et se construit une solide expérience dans ce domaine si éloigné de sa culture.

Après l’expérience reggae, il va à La Havane et, de la même manière,  est subjugué par les musiciens cubains! Rebelote. Ce sera la salsa ou rien !

Et un jour, son compatriote Sakari Kukko, premier saxophoniste de l’Etoile de Dakar, lui fait écouter une cassette dudit orchestre. Et c’est peu de dire que sa vie change quand il entend les notes et la façon de jouer très particulière de Badou Ndiaye.

Hasse Walli considère que c’est ce dernier qui sort la musique sénégalaise du style cubain et lui donne une identité propre. Nous sommes en 79 et Hasse décide d’apprendre à jouer comme le chef d’orchestre de l’Etoile. Et ça va durer 3 ans au bout desquels il pose ses valises à Dakar.

Dans sa tête, la musique jouée en Afrique, est la source de toutes les musiques qu’il a jouées jusque-là: le jazz, le reggae et la salsa. Là où beaucoup de musiciens amoureux du mbalax lâchent l’affaire devant les complexités techniques de cette nouvelle musique, Hasse s’imprègne. Il apprend le wolof, mange sénégalais, vit « sénégalais ». Il dit: « le mbalax vient du cœur et de la tête. Ça ne s’apprend pas en restant à l’hôtel… »

Cette immixtion va durer au total 9 ans.  Il fera des bœufs, sillonnera les boites où se produisent les plus grands orchestres sénégalais. En 1986, il jouera même avec le Super Etoile 2 pendant un mois au Sahel, dont il dira que c’est son université.

Finalement, donc, en 1988, Hasse Walli, convaincu d’avoir atteint le niveau souhaité, monte enfin son groupe: Hasse Walli et Asamaan. Je partage ce son assez fabuleux, SUBANNA, magnifiquement interprété par Manel Diop. Le saxo de Rane Diallo après le « pont » est d’une beauté absolue !

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Informaticien, amoureux de musique, de football, Mohamed Sow est aussi passionné des mots. Sa façon de raconter l'histoire du football ou l'histoire de la musique est attachante et captivante. Vous avez de la chance! Ses chroniques sont sur Kirina.

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