Il y a cinquante ans, John Coltrane enregistrait « A Love Supreme », cette bouleversante offrande musicale et mystique qui allait toucher en plein coeur tous les amoureux du jazz mais aussi bien au-delà. Gilles Anquetil pour: bibliobs
Longtemps la dimension spirituelle de cette suite en quatre parties fut délibérément occultée, beaucoup préférant célébrer la beauté poignante d’une oeuvre considérée avant tout comme profane.
Dans « Jazz Supreme », un livre en hommage à Coltrane destiné à devenir un classique et qui est le fruit de dix ans d’enquête, le musicien Raphaël Imbert, directeur artistique de la Compagnie Nine Sirit, choisit d’explorer cette spiritualité sans dogme qui a nourri depuis les origines la musique afro-américaine.
Les jazzmen, en même temps que les gangsters qui possédaient les clubs, ont fréquenté l’Esprit saint et ont eu un perpétuel commerce hétéroclite avec le sacré, qu’il soit religieux, mystique, maçonnique ou ésotérique. Armstrong, grand maçon devant l’Eternel, ne disait pas par hasard: «Notre musique est un ordre secret» et cette confrérie du souffle avait entre autres pour initiés et prophètes Duke Ellington, Sun Ra, Albert Ayler, Pharaoh Sanders… et comme grand-prêtre John Coltrane.
Que l’on se rassure, l’essai magistral de Raphaël Imbert n’est pas celui d’un bigot, car il éclaire d’une lumière intense ce que fut la quête intérieure des plus grands musiciens de jazz.
La Cité de la Musique a choisi de célébrer dans une passionnante exposition «multimédia et interactive», imaginée par «Mondomix» et l’anthropologue Emmanuel Parent, les épopées des musiques noires de Chicago à Rio, de Cuba à New York, de Dakar à Porto Rico.
Le titre de cette formidable expo sonore et visuelle est emprunté aux musiciens de l’Art Ensemble of Chicago qui, dans les années 1960, fatigués d’avoir à se revendiquer comme jazzmen, ont préféré inventer le concept de Great Black Music. Bien leur en a pris, puisque cinquante ans plus tard leur idée et leur musique ont toujours le feu sacré.
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