Marcel Xavier Venn • Doudou N’diaye Rose – de son vrai nom Mamadou N’diaye – est né le 28 Juillet 1930 à Dakar, plus exactement dans un ancien quartier appelé Kaye Findiw (l’actuelle Médina), il est issu d’une famille de griots. Son père qui est comptable ne l’encourage pas particulièrement dans cette voie. Cependant il manifeste son intérêt pour le tam-tam et les percussions traditionnelles africaines dès l’âge de sept ans.
Doudou Ndiaye a écrit les plus belles pages de l’histoire des percussions sénégalaises. Trés jeune, il a la chance de rencontrer El hadj Mada Seck, le meilleur tambour-major du pays, qui sera son maître pendant plusieurs années. Néanmoins il fréquente l’école française et travaille d’abord comme soudeur. Son instrument de prédilection est le sabar traditionnel, ainsi que ses nombreuses variantes (saourouba, assicot, bougarabou, meung meung, lamb, n’der, gorom babass et khine).
Passionné de cinéma, il va aussi voir, dans les années 1950, tous les films de Tino Rossi. L’orchestre symphonique, les cinquante violons et violoncelles qui accompagnent le chanteur l’impressionnent et il rêve d’en faire autant, à sa manière, dans son pays. En 1959, il est remarqué par Joséphine Baker venue à Dakar, qui aurait confirmé sa vocation en lui disant : « Tu seras un grand batteur ».
L’occasion de se distinguer lui est donnée le 4 Avril 1960 – jour de l’indépendance du Sénégal – lorsqu’il joue devant le président Senghor dans le grand stade de Dakar, accompagné de 110 tambourinaires. Il entreprend alors un périple à travers le pays afin de consulter les anciens et bénéficier de leur connaissance des rythmes traditionnels. Il exerce plus tard comme pédagogue de rythmique à l’Institut national des arts de Dakar et sera chef-tambour des Ballets nationaux, au point d’être remarqué par le chorégraphe Maurice Bejart.
On le découvre en France en 1986 lorsque Doudou N’diaye Rose se produit lors du festival Nancy Jazz Pulsations, avec sa troupe composée d’une cinquantaine de batteurs. Il conquiert alors une notoriété au niveau international. En 1988 il collabore comme percussionniste à la bande-son de La Dernière Tentation du Christ de Martin Scorsese. L’année suivante il participe à Paris aux manifestations du Bicentenaire de la Révolution française, puis monte sur la scène du Zénith avec France Gall, Sénégalaise de cœur.
En 1993 il enregistre un disque avec Alan Stivell et d’autres artistes. Il s’est également produit avec Dizzy Gillespie, Miles Davis, les Rolling Stones, Peter Gabriel et Kodo, un groupe de percussions japonais.
1996 est une année importante aussi. L’album Jaam du chef de chœur et compositeur Julien Jouga est une réussite totale. Doudou Ndiaye Rose son ami de plus de 30 ans participe à la réalisation de l’album et lui donne une dimension exceptionnelle.
Il revient au cinéma en 2000 et compose la musique du film Karmen Geï du cinéaste sénégalais Joseph Gaï Ramaka, un long métrage inspiré de la nouvelle de Prosper Merimee, dans lequel il joue aussi son propre rôle. En 2005 la carrière de ce griot talentueux qui a créé des centaines de rythmes et inventé de nouveaux instruments de percussion est couronnée dans son pays avec éclat lors du deuxième Gala de Reconnaissance.
En 2007, il est crédité sur l’album Year Zero Remixed du groupe de rock industriel américain Nine Inch Nails pour un remix du morceau The Warning en collaboration avec Stefan GOODCHILD. Compositeur et chercheur, il a inventé sans cesse de nouveaux rythmes dont celui de l’hymne national. Il a créé la première école de percussion à Dakar où il enseigne les rythmes et forme pour la première fois un orchestre de femmes qui « battent tambour ».
Il meurt le 19 août 2015 à l’âge de 85 ans, 24 heures après la mort de son ami et frère et autre tambour major Vieux Sing Faye (papa de Mbaye Dieye Faye percussionniste de l’artiste Youssou Ndour), il est inhumé a Dakar dans le cimetière musulman de Yoff.
En décembre de la même année, Youssou Ndour rend hommage à ses deux papas, lors de son concert au Cirque d’hiver dans une magnifique reprise de son tube « Yakaar »
Doudou Ndiaye Rose est l’un des musiciens africains les plus célèbres du XXe siècle, « le mathématicien des rythmes, le grand maître des tambours, capable de diriger cent batteurs sur plusieurs rythmes en même temps ». Il est classé par l’UNESCO « Trésor humain vivant » en 2006.
En 2021 le chanteur et poète Wasis Diop lui rend hommage dans son album De la glace dans la gazelle avec un sublime titre la rose noire…Il frappait le tam tam comme une rose…
« Doudou Ndiaye aimait les champs de roses…Un jour, il nous a raconté que des gens venus d’ailleurs, l’ont enlevé pour jouer dans d’autres contrées où les princes et les princesses chantaient ,dansaient …Il frappait le tam tam comme une rose » dit Wasis…
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