Dans une démocratie comme le Sénégal, il est impensable de traduire un journaliste pour ces écrits

Le célèbre journaliste Pape Alé Niang a été arrêté et placé en garde en vue. Selon son avocat Me Ciré Cledor Ly, il est poursuivi pour « Publication de documents militaires sans autorisation de la hiérarchie de nature à nuire à la défense nationale. » Arrêter un journaliste, c’est toujours le signe d’une régression démocratique. Quelques jours après la brutalisation d’une journaliste de BuurNews, voilà que le directeur de publication de Dakar Matin est appréhendé pour avoir fait son travail. C’est un Kidnapping dénonce un de ses Conseils.

Un rapport qui ne protège pas la République et la nation mais un groupe de hauts fonctionnaires et de hauts gradés de l’armée ne doit avoir rien de confidentiel. Pape Alé Niang, journaliste d’investigation reconnu auteur de plusieurs reportages chocs et révélations a informé les citoyens. C’est ce qui lui vaut son arrestation ! Le Sénégal est en danger.

Les soutiens à Pape Alé Niang viennent de partout. Naturellement les organisations syndicales des journalistes, mais aussi la Coordination des Associations de Presse, Reporters Sans Frontières et le Comité pour la Protection des Journalistes. Le patron de Médiapart Edwy Plenel dénonce également ce qu’il s’est passé.

Pour Me Ciré Cledor Ly, son client a été « enlevékidnappé et pris en otage. Quant à l’ancienne première ministre et ex alliée du président Sall Aminata Touré martèle que « notre démocratie a dépassé le stade d’arrestation de journaliste dans l’exercice de sa fonction. » L ‘activiste Guy Marius Sagna pense de son coté que « Macky Sall cherche à briser l’une des rares plumes debout, l’un des rares journalistes n’ayant pas été transformés en dame de compagnie et plume à gage. »

Pape Alé Niang auteur du livre:« Le dossier du COUD, Scandale au coeur de la République », aux éditions Fauves est un des journalistes les plus critiques du régime Sall. Véritable sentinelle de la démocratie et de l’État de droit, Pape Alé Niang a toujours cherché à faire son travail en toute impartialité et en toute responsabilité. À plusieurs reprises, il a dit avoir par-devers lui des informations avérées mais qui nuiraient à la cohésion nationale qu’il ne sortirait pour rien au monde. Son seul souci, c’est la transparence dans la gestion publique et la préservation de notre système démocratique. Le journalisme d’investigation est l’un des garants du bon fonctionnement de la démocratie. Or, son avenir n’est pas assuré avait prévenu dans une tribune Sanita Jemberga, journaliste d’investigation lettonne qui a travaillé dans la presse écrite et pour la télévision depuis 1996.

Le journalisme d’investigation cherche à accroître la transparence des politiques et autres figures publiques et institutions et les amène à rendre des comptes. C’est une forme de journalisme d’enquête qui se base souvent sur la vérification des faits (fact-checking), des interviews et des recherches, dans le but de promouvoir une plus grande transparence autour de certaines questions ou événements.

En tant que journaliste d’investigation Pape Alé Niang joue un rôle critique dans notre démocratie. Afin d’être en mesure de prendre des décisions éclairées, notamment lors des élections, les citoyens doivent comprendre de manière précise ce qui est en jeu et ce qui se passe dans leur pays. Les hommes et femmes politiques respectent-ils la loi ? Les travaux publics font-ils l’objet de détournements ? Les intérêts des lobbies ont-ils une influence indue sur le processus législatif ? Le journalisme d’investigation cherche à répondre à toutes ces questions.

En le faisant, le journalisme d’investigation (ou pouvons-nous dire « journalisme de surveillance ») protège la démocratie au quotidien, dénonçant les mauvais comportements ou les abus lorsqu’ils ont lieu. En attendant, le président Macky Sall, qui dans le discours se présentait comme un défenseur de la presse, est rattrapé, encore une fois, par ses contradictions. Comment peut-on autant se renier ?

« Dans une démocratie comme le Sénégal, il est impensable de traduire un journaliste pour ces écrits, sous mon magistère, la presse sera mon allié dans l’ancrage de la démocratie…J’ai fait une déclaration en disant que tant que je serai président, je n’enverrai jamais un journaliste devant la justice » disait-il en 2018.

Source: liberties

Share

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *