Covid-19: l’exception marocaine

Troisième pays le plus touché d’Afrique par le Covid-19, le Maroc est  pourtant un pays cité en exemple pour sa stratégie de risposte pour faire face à la crise sanitaire. 

Certains observateurs parlent d’exception marocaine en faisant le point sur la situation du Covid-19 dans le continent. Malgré 4 729 cas de contamination dont 173 décès, les efforts du royaume cherifien pour contrer l’épidémie impressionne, et pour beaucoup, ces mesures lui ont évité une hécatombe. Le Maroc montre que lorsque le Politique a une vision et la met en oeuvre, le reste suit. C’est ce que nous dit Rachid Achachi, économiste, chercheur en sciences sociales à l’université Mohammed V de Rabat.

« Ce que fait le Maroc est un choix politique clair. Dès le départ l’Etat a réquisitionné toute la chloroquine du royaume pour aller vers le protocole Raoult sans entrer dans les débats idéologiques. Nous avons commencé un dépistage de masse. Le masque est devenu obligatoire et le royaume en fabrique 8 millions par jour. Nous avons mobilisé des compétences, ingénieurs, concepteurs, chercheurs pour fabriquer des appareils et outils utiles » explique l’économiste. Pour lui, cette crise est une opportunité pour voir l’éclosion de talent multiples dans le royaume.

« Cette crise permet une redécouverte…Il y ‘a un noyau dur de secteurs stratégiques qui doivent demeurer souverains technologiquement, économiquement et territorialement » soutient Rachid Achachi.

Depuis le 25 mars, Plus de 12 000 chambres d’hôtels ont été mises gratuitement à la disposition non pas des cas contacts, mais du personnel de santé afin qu’ils ne rentrent pas chez eux.

Parmi les mesures drastiques, quelque 550 respirateurs, 1 000 lits de réanimation, ont été achetés. Par ailleurs, un hôpital de campagne provisoire de 700 lits est en cours de construction sur la place des Foires à Casablanca, l’un des foyers de l’épidémie comme le souligne RFI.

Pour aider les marocains à affronter les difficultés et supporter la stratégie de confinement,  des mesures économiques importantes ont été prises: pas moins de 810 000 salariés du secteur formel (le tiers des inscrits à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, CNSS) ayant perdu leur emploi ou se trouvant en cessation d’activité ont commencé à toucher une indemnité de 90 euros correspondant à la seconde quinzaine de mars. Ils toucheront 180 euros par mois pendant trois mois, jusqu’en juin, soit 75 % du Smic.

D’un autre coté, les ménages peuvent demander à leur banque le report des échéances de leurs crédits, immobilier ou à la consommation. Les travailleurs du secteur informel (41 % des actifs) identifiés via le Régime d’Assistance Médicale (RAMED) vont toucher entre 75 et 112 euros en fonction de la taille de leur foyer, par système de SMS puisqu’ils ne sont pas bancarisés. De même, les ménages non « ramédistes », les plus précaires, ont été appelés à s’inscrire pour des aides similaires entre le 10 et le 16 avril, avec l’aide des mokadems, les chefs de quartiers.

Enfin, si dans beaucoup de pays, le politique a paru hésitant, débordé conduisant à des situations de non-décisions, le Maroc a voulu lui, être offensif en prenant rapidement des décisions fermes pour contrecarrer l’épidémie.

Selon Rachid Achachi, le politique doit reprendre l’initiative dans ce genre de circonstances et jouer pleinement son rôle.

« Dans beaucoup d’autres pays le débat idéologique a pris le pas sur la réalité. Par exemple à propos de la pénurie de masque dans des pays comme la France, ma conviction est que tout pays occidental qui le veut vraiment a les unités industrielles pour produire des masques » croit-il.

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