Rebecca Tickle • Tout le monde à Bangui a assisté une fois ou l’autre à des massacres et connaît ceux qui ont commis des crimes, où, quand et comment. Tous les habitants d’une rue savent ce qu’ils ont vu de leurs yeux devant leur portail ou juste un peu plus loin. Ceux qu’on a menacé parce qu’ils ont tenté de protester savent aussi ce qu’ils ont vu.
Des témoignages détaillés d’amis chrétiens, racontés tout bas, de ce qu’ils ont vu dans leur quartier ou devant leur porte, j’en ai plusieurs en tête. La peur au ventre rôde en RCA jusqu’à aujourd’hui, et les faits du terrain ne sont de loin pas tous publics. Le traumatisme collectif, invisible, est incommensurable.
Ceux qui réclament l’amnistie à chaque « forum national » depuis 3 ans ne s’intéressent pas à ce qu’ils ont fait. Tout ce qu’ils veulent c’est l’oubli de leurs crimes monstrueux, juste pour être tranquilles. « Le passé c’est le passé, les gens n’ont qu’à tout pardonner… » entend-on ici et là. La justice, on s’en moque.
En vérité, on a surtout oublié ce qu’était la justice.
En attendant, méditons sur cette pensée du romancier suisse Victor Cherbuliez : « La justice est la vertu humble, ingrate et amère, la vertu sans gloire comme sans volupté, et cependant, qu’elle vienne à manquer, tout manque. »
Crédits-Photo: RFI
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