Autocratie numérique : La surveillance des IA sonne le glas de la vie privée

« Vous savez bien qu’il n’y a plus aucune vie privée pour personne. C’est un aspect très important de la vie moderne. L’une des plus grandes transformations que nous ayons vécues dans notre société est la disparition de la sphère privée. Désormais, il nous faut tous raisonnablement accepter le fait qu’il n’y a plus de secrets et que rien n’est privé. Tout est public. » – Philip K. Dick Source : The Rutherford Institute, John W. Whitehead, Nisha Whitehead – Les Crises

Rien n’est privé. Nous sommes sur la corde raide, à l’aube d’une révolution culturelle, technologique et sociétale d’une ampleur sans précédent. Alors que la gauche et la droite continuent de faire de l’avortement le point central du débat sur le droit à la vie privée en Amérique, le gouvernement et ses partenaires commerciaux, aidés par les progrès rapides de la technologie, sont en train de transformer le monde en un lieu où la vie privée n’existe plus du tout.

Rien de ce qui était autrefois privé n’est à l’abri

Nous ne sommes même pas encore prêts à mesurer les retombées du tsunami qui nous tombe dessus sous la forme d’une surveillance par l’IA (intelligence artificielle), et pourtant, celle-ci est déjà en train de transformer notre monde en un lieu où la liberté est presque méconnaissable.

La surveillance par l’IA tire parti de la puissance de l’intelligence artificielle et de la technologie de surveillance généralisée pour faire ce que l’État policier ne peut pas faire de façon efficace faute de main-d’œuvre et de ressources : être partout, surveiller tout le monde et tout ce qui existe, contrôler, identifier, cataloguer, recouper, croiser et participer à la connivence généralisée.

Tout ce qui était autrefois privé est maintenant à la portée d’un bon acheteur

Les gouvernements tout comme les entreprises ont, imprudemment, adopté les technologies de surveillance de l’IA en toute sérénité et sans se soucier de leur impact à long terme sur les droits des citoyens.

Comme l’indique un rapport extraordinaire du Carnegie Endowment for International Peace (Dotation Carnegie por la Paix Internationale), « un nombre croissant d’États déploient des outils de surveillance avancés basés sur l’IA pour contrôler, suivre et surveiller les citoyens afin de satisfaire toute une série d’objectifs politiques — certains légaux, d’autres qui violent les droits humains, et beaucoup d’autres encore qui se situent dans une zone trouble intermédiaire ».

En effet, à chaque fois qu’une nouvelle technologie de surveillance par l’IA est adoptée et déployée sans aucun respect de la vie privée, des droits relatifs au quatrième amendement et des procédures légales, les droits des citoyens sont marginalisés, sapés et annihilés.

Attention à la progression de l’autoritarisme numérique

Comme le souligne le Center for Strategic and International Studies (Centre pour les Études Stratégiques et Internationales) pour nous mettre en garde, l’autoritarisme numérique implique l’utilisation des technologies de l’information pour surveiller, réprimer et manipuler la population, en mettant en danger les droits humains et les libertés civiles, et en récupérant et corrompant les principes fondamentaux des sociétés démocratiques et transparentes, « notamment la liberté de mouvement, le droit de s’exprimer librement et d’exprimer une dissidence politique, et le droit à la vie privée, en ligne et hors ligne ».

Les graines de l’autoritarisme numérique ont été plantées dans le sillage des attentats du 11 septembre 2001, avec l’adoption du Patriot Act américain. Cette énorme liste, longue de 342 pages énumérant les souhaits de la CIA et du FBI d’obtenir des pouvoirs étendus a justifié une surveillance nationale à plus grande échelle, la logique étant que si les agents du gouvernement en savaient plus sur chaque Américain, ils pourraient faire la distinction entre les terroristes et les citoyens respectueux des lois.

Elle a sonné le glas des libertés inscrites dans le marbre de la Déclaration des Droits, en particulier le quatrième amendement, et a normalisé les pouvoirs de surveillance de masse du gouvernement.

Dans le New York Times, Jeffrey Rosen observe qu’« avant le 11 septembre, l’idée que les Américains pourraient volontairement accepter de vivre leur vie sous le regard d’un réseau de caméras de surveillance biométrique, les épiant dans les bâtiments gouvernementaux, les centres commerciaux, les métros et les stades, aurait semblé impensable, le fantasme dystopique d’une société qui aurait renoncé à la vie privée et à l’anonymat ».

Qui aurait pu prédire que 50 ans après que George Orwell eut tapé les derniers mots de son roman dystopique 1984, « Il aimait Big Brother », nous en viendrions à aimer Big Brother.

Pourtant, c’est exactement ce qu’il s’est passé

Après le 11 septembre, Rosen a constaté que « les gens étaient heureux de renoncer à leur vie privée sans pour autant bénéficier d’une amélioration correspondante de leur sécurité. Plus soucieux de se sentir en sécurité que d’être réellement en sécurité, ils ont exigé la construction de vastes infrastructures technologiques de surveillance, même si les études les plus empiriques indiquaient que la prolifération des caméras de surveillance n’avait « aucune incidence sur les crimes violents ou le terrorisme. »

Dans les décennies qui ont suivi le 11 septembre 2001, un vaste complexe industriel de la sécurité a vu le jour, axé sur la militarisation, la surveillance et la répression.

La surveillance est la clé

Nous sommes surveillés partout où nous allons. Radars de contrôle de vitesse. Caméras aux feux rouges. Caméras portées de la police. Caméras dans les transports publics. Caméras dans les magasins. Caméras sur les poteaux électriques publics. Caméras dans les voitures. Caméras dans les hôpitaux et les écoles. Caméras dans les aéroports.

Nous sommes enregistrés au moins 50 fois par jour

On estime que les États-Unis comptent à eux seuls plus de 85 millions de caméras de surveillance, ce qui les place en deuxième position derrière la Chine.

Chaque jour, l’Américain moyen qui vaque à ses occupations est surveillé, épié et pisté de plus de 20 façons différentes par les yeux et les oreilles du gouvernement et des entreprises.

Faites attention à ce que vous dites, à ce que vous lisez, à ce que vous écrivez, aux endroits où vous allez et aux personnes avec lesquelles vous communiquez, car tout sera enregistré, stocké et utilisé contre vous un jour ou l’autre, au moment et à l’endroit choisis par le gouvernement.

Pourtant, ce n’est pas seulement ce que nous disons, où nous allons et ce que nous achetons qui est suivi à la trace.

Nous sommes surveillés jusque dans nos gènes, grâce à une puissante combinaison de matériel, de logiciels et de collecte de données qui scannent nos données biométriques – nos visages, iris, voix, profils génétiques, microbiomes, odeurs, démarche, battements de cœur, respiration, comportements – qui les passent dans des programmes informatiques capables de décomposer les données en « identifiants » uniques, puis les offrent au gouvernement et à ses alliés commerciaux pour leurs usages respectifs.

Comme l’a proclamé un des ardents défenseurs de la surveillance par l’IA, « la surveillance n’est plus seulement un œil attentif, il est aussi un œil prédictif. » Par exemple, l’IA des émotions, une technologie émergente qui gagne en popularité, utilise la technologie de reconnaissance faciale « pour analyser les expressions à partir de l’empreinte faciale d’une personne afin de détecter ses émotions ou sentiments intimes, ses mobiles et ses attitudes. « La Chine affirme que sa surveillance IA peut déjà lire les expressions faciales et les ondes cérébrales afin de déterminer dans quelle mesure les membres du public sont reconnaissants, obéissants et prêts à se soumettre au Parti communiste. La Suite ICI: https://www.les-crises.fr/autocratie-numerique-la-surveillance

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