Koursk représentait la capacité d’initiative et d’audace de l’Ukraine dans cette guerre d’agression menée par Poutine depuis plus de trois années : en août 2024, alors que les Russes ne s’y attendaient aucunement – montrant au passage la faiblesse de leur renseignement par rapport à celui fourni par les États-Unis – les Ukrainiens lançaient une incursion sur le territoire russe dans la région de Koursk. Ils s’emparaient de plusieurs centaines de km2 en Russie même, infligeant une véritable humiliation à Poutine en retournant la guerre comme un boomerang contre son propre camp. Source: NePasSubir
Donald Trump et Vladimir Poutine à Helsinki, 16 juillet 2018 ©AFP
Koursk démontrait aussi la supériorité du renseignement dont disposaient les Ukrainiens grâce aux Américains jusqu’à l’arrivée de Donald Trump… Non seulement les Ukrainiens ne s’étaient jamais laissés surprendre pendant trois années de guerre, mais ils étaient capables de détromper le lourd dispositif de surveillance russe. Pour cela, ils ont pu compter notamment sur la capacité de « cyber guerre » des Américains, des opérations offensives consistant à brouiller ou à leurrer la surveillance russe. Des opérations que Trump a ordonné de cesser début mars pour satisfaire Poutine.
Pendant plus de 7 mois, la Russie de Poutine s’est retrouvée dans une situation compliquée, minimisant d’un côté l’intrusion de « terroristes » sur son propre territoire et concentrant par ailleurs des forces très importantes pour chasser les Ukrainiens sans tout dévaster sur le sol russe, comme les soldats de Poutine procèdent habituellement en Ukraine. Plus de 60,000 soldats seraient ainsi mobilisés – dont plus de 10,000 nord-coréens – pour effacer cet affront (l’armée d’invasion russe en Ukraine est estimée à 500,000 hommes) tandis que 10 à 20,000 Ukrainiens auront remarquablement défendu cette « carte de négociation » que leur audace leur avait permis de conquérir.
Comment d’un seul coup, Poutine a-t-il pu récupérer Koursk ?
La difficulté dans l’analyse d’un « théâtre de guerre » est de ne pas le laisser se transformer en « théâtre des illusions ». Difficile d’imaginer que d’un seul coup, les Ukrainiens auraient laissé tomber, sauf s’ils n’y avaient été forcés… En coupant le renseignement américain début mars, Donald Trump rendait impossible aux Ukrainiens d’espérer conserver cette enclave. Ces derniers la savaient irrémédiablement menacée, myopes qu’ils devenaient subitement face aux manœuvres de leurs ennemis.
Les Ukrainiens ont-ils reçu « l’ordre » d’abandonner Koursk après que leur délégation ait été contrainte d’accepter le deal Trump-Poutine lors de leur rencontre avec les émissaires américains en Arabie Saoudite le 10 mars ? Koursk faisait obstacle à une répartition des territoires de part et d’autre de la ligne de front comme allait l’imposer le cessez-le-feu sur lequel se sont manifestement accordés Trump et Poutine mi-février.
Un peu comme l’enclave de Srebrenica pendant la guerre des Balkans que les Occidentaux abandonnèrent aux tueurs serbes du général Mladic, Koursk a été abandonné et son sort ne fait plus aucun doute depuis que Vladimir Poutine est venu se faire filmer dans cette région qu’il avait soigneusement évitée depuis l’incursion ukrainienne puisqu’il ne voulait surtout pas la reconnaître. Poutine (ou une de ses doublures pour ne prendre aucun risque) est apparu en uniforme militaire pour bien montrer qu’il est le chef des armées… lorsque celles-ci remportent enfin une victoire et que Poutine qui se rêve en tsar peut se faire tresser une couronne de lauriers, du laurier bien éloigné de l’emblème de la paix. Lire la Suite ICI
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