Première victoire d’un long combat démocratique à venir…

Quand la tension monte, quand la crise est profonde, la parole publique doit venir apaiser. Vous avez bien fait monsieur le président Sall en déclarant que vous ne vous représenterez pas pour un troisième mandat. C’est une sage décision car la constitution est claire et le peuple prêt à contester toute tentative de la contourner. C’est une victoire éclatante du peuple. Toutefois, il faut rester vigilant, alerte, car en démocratie rien n’est acquis définitivement.

Doit-on remercier le gars qui vous dit : « j’ai failli vous voler, mais j’ai renoncé »? Je ne pense pas. Mais ce qui est sûr, c’est que vous venez de poser, monsieur le président, un acte qui va dans le bon sens. Nous vous encourageons à poursuivre dans cette voie. Il a fallu, on n’en doute pas, du courage pour ne pas suivre les théoriciens fous du « troisième mandat » de votre camp. Les mêmes théoriciens qui, depuis l’annonce du Chef de l’État, en toute mauvaise foi, se précipitent pour le féliciter et saluer « une sage décision ». Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Maktum avait prévenu:  » ku ñemé dëkk bi, doff gā ».

Malgré tout, point de place pour l’émotion et la naïveté, les morts parmi les manifestants sont encore dans nos mémoires et il reste beaucoup de choses à faire. Nous n’oublions pas que le président ivoirien Ouattara en renonçant à faire un troisième mandat avait même reçu les félicitations de Macron…on connait la suite. Les dirigeants aiment tellement ruser avec leurs concitoyens et tripatouiller la constitution, que seuls, leurs actes doivent être surveillés et pas leurs paroles. Dans le cas précis de Sall, c’est encore valable puisqu’il dit dans son discours, qu’il a bien droit à un troisième mandat, mais qu’il y renonce…en somme, une offrande au peuple !

Macky Sall a envoyé un signal d’apaisement, mais le vaillant peuple a le devoir de rester vigilant. Il continue de traiter certains opposants de terroriste, d’agiter la menace islamiste et de parler, encore et toujours, de forces occultes, sans oublier les centaines de sénégalais emprisonnés tout simplement pour leurs positions politiques. Le président Sall doit arrêter de parler de forces occultes.Il n’y en a pas. Cela fait bientôt deux ans que son régime et lui s’arcboutent à cet élément de langage. Ce qui n’est pas avéré. D’ailleurs, lors d’un défilé du 4 avril, un haut gradé de l’armée avait martelé qu’il n’y avait pas de forces occultes qui tiennent et que chaque jour, les hommes aux frontières, tous les hommes de la grande muette, abattaient un travail de titan pour préserver le Sénégal de toutes ces menaces. Al hamdulilah ! Soyons vigilants…ça peut venir de là… pour tenter d’écarter un opposant.

« Senegal bene bopp, lë… » cette assertion si elle vraie, et si vraiment sa déclaration d’hier est un dégel sérieux, Macky Sall a le devoir de la matérialiser. Il a le devoir de recoller les morceaux. La Casamance fait partie intégrante du Sénégal. L’embargo dont cette région est victime est une tâche de votre magistère et une faute monstrueuse contre la cohésion nationale ! Avant de partir, il serait avisé de recoudre le tissu social, consolider la nation et de favoriser l’unité nationale. Il en a les moyens et l’occasion. Ce n’est pas trop lui demander car c’est la seule voie de salut !

 En attendant, force est de reconnaitre que la pression internationale, (Paris et Washington) qui a fait suite aux heurts dans le pays, la détermination du peuple, la menace d’aller vers la CPI, la réalité des enquêtes sur les résultats d’une éventuelle élection libre et démocratique, ont eu raison des velléités de  » troisième mandat ». Leçon: vitrine démocratique ou pas, la démocratie est une quête quotidienne, un perpétuel effort pour garantir la liberté et la justice . Et comme disait le président Sekou Touré  » toute la culture résulte du combat des peuples.  » 

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