22e prix Neustadt, Boubacar Boris Diop a reçu sa distinction à Oklahoma

L’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop lauréat du 22e prix Neustadt international de littérature a reçu sa distinction hier à Norman, Oklahoma aux Etats-Unis.

Annoncée le 26 octobre 2021, la cérémonie de remise du prix Neustadt à Boubacar Boris Diop a eu lieu ce 25 octobre, un an donc jour pour jour. Le Neustadt international, équivalent du Nobel de littérature est une des distinctions les plus prestigieuses au monde.

Boubacar Boris Diop est un des romanciers, dramaturges et essayistes africains les plus réputés. Il est le troisième écrivain d’expression française à avoir été lauréat de ce prix après Francis Ponge et Assia Djebar. Il est aussi le quatrième écrivain incluant les anglophones et les lusophones à le gagner.

Interrogé par VOA, le penseur s’est dit très content de recevoir ce prix, d’autant plus qu’il récompense un peu le travail qu’il fait avec ses romans en wolof.

« Nous écrivons sans penser à des prix littéraires, mais quand ils arrivent, ils sont toujours les bienvenues. Je suis très content. Ce prix a une saveur particulière parce que, même si c’est mon ouvrage sur le Rwanda: Murambi, le livre des ossements, qui me vaut cette distinction, la personne qui l’a proposé au jury l’a fait après avoir lu mon roman en wolof Doomi golo. C’est la langue wolof qui, donc, quelque part, conduit à une telle reconnaissance. Ce qui montre que le Neustadt est ouvert au wolof, au chinois, au français, au camerounais à toutes les langues et au monde entier » a réagi le lauréat.

Pour Boubacar Boris Diop, l’évènement tragique du génocide rwandais a complètement changé sa façon d’écrire et se sent de plus en plus interpeller par la société. Il écrit beaucoup en wolof désormais et revendique une écriture plus simple.

« C’est aux critiques de le faire mais je sens moi-même que mon écriture a changé. Je suis moins dans l’ esthétique d’avant-garde. Je considère moins la littérature comme une espèce de divertissement innocent plus conscient que jamais après le Rwanda de la lourde responsabilité de l’écrivain, j’ai envie d’ajouter africain, mais au fond de l’écrivain, tout court, de quelque nationalité qu’ soit. Oui, le contenu de mes livres se concentre sur des questions de sociétés et les menaces qui pèsent sur elles et surtout les plus fragiles: les nôtres qui sont tant dominées et pillées. De métamorphose en métamorphose, on opère une retour complet sur soi grâce à un évènement exceptionnel: le génocide de 1994 au Rwanda » renseigne t-il.

L’ancien éditorialiste s’est dit, par ailleurs, extrêmement préoccupé par les changements et tremblements en cours sur le continent et ailleurs.

« En ce moment on assiste à un véritable réveil des consciences. Les anciennes colonies françaises, le Rwanda qui donne un formidable exemple de renaissance, le Mali qui refuse de se mettre à genoux, le Burkina Faso pour les derniers événements, tous font face à une France qui refuse de décoloniser. C’est un mouvement assez diffus, il peut donner une impression de confusion, on ne sait pas trop où tout cela va aller mais il vient véritablement des profondeurs. Indéniablement, nous assistons à un réveil des peuples »  informe le romancier.

Neustadt est le premier prix littéraire international d’ envergure à avoir pour origine les États-Unis. Souvent considéré comme le « Nobel américain », il est l’un des très rares prix internationaux pour lesquels les poètes, les romanciers, les scénaristes et les dramaturges sont également éligibles. Le prix Neustadt reconnaît le mérite littéraire exceptionnel des auteurs du monde entier.

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