Mort d’Idriss Déby, l’ami de Manu Macron

Jean-Paul Mahoux • Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis trente ans au Tchad est mort des suites de blessures subies au front le mardi 20 avril. le maréchal président tchadien, premier soutien de la France contre les groupes armés terroristes était sur le terrain de combat face à une colonne de rebelles tchadiens venant de Libye. Mort d’Idriss Déby, l’ami de Manu Macron. Chroniques tchadiennes et libyennes ou comment une grenade toubou explose au festin des vermines

1. Le vassal. Le Président Idriss Déby est mort au combat, tué, dit-on, par l’opposition armée des Toubous du Tibesti. Déby venait d’être réélu pour un 6e mandat : 80% des voix (élections truquées, opposition réprimée). Il est mort au bout de 31 ans de présidence : il était arrivé au pouvoir en 1990, avec l’appui de la DGSE, les services secrets français. Déby, un Zaghawa du nord-est du Tchad (le même peuple qu’au Darfour du Soudan voisin) avait détrôné en 1990 son ancien comparse, le sanguinaire Hissène Habré, un Toubou du Tibesti, au nord-ouest du Tchad (le même peuple qu’au sud-est du Niger et au sud de la Libye) (1). Déby, militaire formé à l’Ecole de Guerre à Paris, a toujours été fidèle au drapeau tricolore de l’ancienne métropole coloniale. Il a joué le jeu de l’Occident, se battant contre Boko Haram (au Niger et au Cameroun), contre l’Aqmi djihadiste (au Mali dans les opérations françaises Serval et Barkhane) et contre tout le monde (en Centrafrique). C’est à porter à son crédit cette guerre aux cinglés sanguinaires sauf en Centrafrique où il fût le pompier-pyromane de la guerre civile. Mais la France a du sauver plusieurs fois son allié tchadien sur la scène interne au Tchad. En 2019, les Mirages de Macron avaient bombardé une colonne de rebelles toubous descendue du Sahara et arrivée pratiquement au seuil du palais rose présidentiel. Il faut dire que Déby est un ami de 30 ans de 5 présidents français. Il faut dire que le pétrole et l’or tchadiens, c’est pas tout à fait rien. À l’état-major des armées françaises, on dit que le Tchad est le coin supérieur droit du pré carré de la France-Afrique. Rendons toutefois un tribut à feu Idriss Déby Itno, chef tribal, vassal de la France : il ne manquait pas de courage. Commandant de l’armée en 1982, il avait mené la guerre de reconquête du nord du Tchad occupé par les Libyens de Kadhafi. Devenu politicien, son parti avait pour emblème une kalach AK47 croisée avec une houe. Il cultivait son image de chef de guerre à la tête de ses pick-up-mitrailleuses à l’assaut des positions djihadistes sur le Lac Tchad. Donné souvent politiquement mort – et même physiquement fini – le maréchal-président Idriss Déby a toujours su ressusciter.  Grâce au téléphone rouge qui relie son Palais rose à l’Elysée, à la DGSE, au Ministère français de la Défense …

2. Les pillards. Mais Déby, c’était aussi, c’était surtout, celui que le magazine The Economist considérait comme le pire dictateur du continent (malgré l’intense concurrence qui règne à l’African Dictator Academy). Exemple ? 2008, profitant d’une tentative de coup d’Etat, Déby déchaîne une répression tous azimuts. Son opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh disparait mystérieusement. Paris avait demandé que la lumière soit faite sur cette affaire. Aujourd’hui Paris ne demande plus. Autre exemple ? 2016, l’affaire Zouhoura révulse toute la nation tchadienne : des fils de généraux du régime Déby violent collectivement Zouhoura, 16 ans, fille d’un opposant … Autre exemple ? Visitez les prisons de N’Djamena ou le Tibesti. On va y venir en suivant les routes du Sahel et du Sahara. Mais d’abord, suivons les routes de l’argent. Il faut toujours tracer les routes du flouze pour comprendre les choses. Parce que Déby, c’est 31 ans de pillages du pays avec ses amis occidentaux, russes, arabes et chinois (sont tous là). Le Tchad, à l’origine, c’est l’essence même du pays sahélien : pays pauvre, agriculture pluviale, pastoralisme, la moitié de la population a de moins de 15 ans, une espérance de vie de 51 ans, c’est 17 millions d’habitants établis sur un territoire immense (35 ethnies, 150 langues), 50% muslim 50% chrétien, 100% animiste. Essence sahélienne … mais aussi essence tout court parce qu’en 2003, on trouve du pétrole dans le bassin de Doba au sud du Tchad. Miracle : dès 2004, le pétrole représente 80 % des exportations via un oléoduc de 1000 km qui relie Doba à Kribi au Cameroun, sur l’Atlantique. Pourtant ce pays soudano-sahélien soudainement enrichi reste désespérément pauvre. Déby et son entourage font main basse sur l’or noir, une pétro-fontaine de 170 .000 barils par jour que le clan Déby exploite en consortium avec les américains Exxon-Mobil, Chevron et avec Glencore, la sulfureuse société anglo-russo-suisse à capitaux quataris basée en Suisse dans le canton de Zoug. Glencore est une véritable machine du mal dans le zinc, le cuivre, l’aluminium, le pétrole, l’or ; elle a reçu, en 2008, le prix « Public Eye Awards » de la multinationale la plus irresponsable du monde ; rien qu’au Tchad elle est responsable du déversement d’eaux usées toxiques dans les eaux des rivières, contaminant la terre et les populations. Je vous mets le « curriculum mortis » de Glencore en note, un vrai casier judiciaire  (2). Glencore va appauvrir le Tchad. En 2014, Déby rachète les parts de Chevron en empruntant 1,4 milliard de $ à Glencore, lui promettant un remboursement en nature (en barils). En fait, c’est le Tchad qui s’endette : la Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT) endosse une dette publique représentant plus de la moitié de la dette d’un pays déjà classé le 187e pays le moins développé du monde sur 189 (indice IDH des Nations Unies). Grosse dette mais gros problème : le prix du baril ne cesse pas de descendre, alors la dette monte. Allez demander à Kinshasa : Glencore a piégé la RDC Congo avec un semblable accord de préfinancement pétrolier qui permet aux dictateurs africains d’obtenir des liquidités en engageant la production future d’or noir. Seulement voilà : les hydrocarbures en chute libre ne couvrent plus les échéances et les caisses publiques tchadiennes sont désespérément vides. Ben pourquoi si vides ? Selon les « Panama Papers », le clan Déby, aurait détourné 10,76 milliards de dollars pour les placer dans des paradis fiscaux. Début 2018, le Tchad est en faillite. Déby réduit le salaire des fonctionnaires d’un tiers (sauf l’armée), et récolte une grève générale. Et Glencore réclame son argent devant les tribunaux. C’est alors que la France vole une nouvelle fois au secours de Déby. L’ancien employeur de Manu Macron, la banque Rothschild, est missionnée pour appuyer Déby dans ses négociations avec Glencore. Le 21 février 2018, un accord est signé à Paris. Idriss Déby obtient 2 ans de grâce de remboursement, un allongement de la maturité du prêt de 12 ans et une révision du taux d’intérêt de 7,5 % à 2 % (source : « Jeune Afrique »). Allez savoir ce que Manu a promis à Glencore pour obtenir ça .. . Déby, le soldat de la France-Afrique est donc sauvé. Mais toujours ruiné. Enfin, c’est le Tchad qui est ruiné, la poule aux œufs d’or noir ne pond plus grand-chose : en plus de la décrue des cours, la crise COVID désorganise les routes du pétrole entraînant la fermeture des champs pétrolifères tchadiens de Mangara et de Badila.

3. L’or du Tibesti. L’or noir, c’est fini, le président du Tchad cherche d’autres ressources, avec l’aide du « Bureau de recherches géologiques et minières, le BRGM, organisme (public) français qui cartographe les ressources des sols tchadiens. Bingo ! Au nord du pays, dans le Tibesti, massif montagneux du Sahara central (le sommet culmine à 3415 mètres), une terre au volcanisme martien, ils découvrent d’invraisemblables quantités d’or. Pour y attirer les multinationales de l’exploitation aurifère, il faut d’abord chasser les orpailleurs locaux qui exploitent de petites mines artisanales. Mais aussi chasser les rebelles armés, les Toubous tchado-libyens revenus de la guerre de Lybie (on va y revenir aussi). Il faut chasser les trafiquants car le Tibesti c’est le triangle des Bermudes du Sahara. Et il faut aussi mettre au pas les populations locales, les turbulents Toubous. Déby veut créer une zone économique spéciale au Tibesti, une chasse gardée de son clan et de ses partenaires internationaux. Il délègue son fils, Mahamat Idriss Déby, sur l’affaire. Ses relations avec les notables toubous sont exécrables. Le Tibesti et ses oasis résistent. Les villes de Yebbibou et Miski chassent l’armée régulière. Les Toubou réclament leur part d’or mais aussi des routes, des hôpitaux, des écoles. En novembre et décembre 2018, l’aviation tchadienne bombarde Miski. En janvier 2019, des mercenaires soudanais payés par Déby anéantissent les orpailleurs de Kouri Bougoudi. Dans ce conflit oublié en marge de guerres médiatisées, l’armée française n’est pas loin. Les drones français renseignent l’armée de Déby sur les mouvements toubous dans une région qui ne compte pas (encore) un seul djihadiste… Paris approvisionne en carburant l’armée tchadienne. Ce carburant remplit les réservoirs des hélicoptères qui tirent sur le Tibesti. De l’autre côté de la frontière du Tchad, au Fezzan, une terre toubou en Libye, l’aviation du Général Khalifa Haftar, chef autoproclamé de l’Armée nationale libyenne (ANL), soutenu par la France de Macron, bombarde les positions des groupes armés toubous réfugiés en Libye. Il est épaulé par l’aviation des Emirats arabes unis. Haftar rend même une visite de courtoisie au président tchadien, Idriss Déby.

4. Le monde est petit. Dans cette sordide guerre de l’or, un nommé Alexandre Benalla va faire son apparition. Vous vous souvenez de ce gros garçon ? Le garde-du-corps et le protégé de Manu Macron qui s’essayait à la balayette sur manifestant, à Paris, le 1e mai 2018 ? En décembre 2018, Benalla, licencié de l’Elysée depuis l’affaire du 1e mai, débarque au Tchad avec un passeport diplomatique injustifié et injustifiable. Benalla accompagne son nouveau mentor, Philippe Hababou Solomon, homme d’affaires franco-israélien, habitué du Palais rose, le Palais du président Déby. Solomon a servi d’intermédiaire entre le Tchad et Israël dans une affaire de ventes de véhicules blindés RAM MK, utilisés pour «pacifier» le Tibesti. Il fait également office de go-between entre le Tchad et le Quatar. Solomon et Benalla représentent des investisseurs qataris qui veulent se lancer dans l’extraction de l’or du Tibesti via une joint-venture enregistrée en Turquie, la Barer Holding. Pour opérer au Tchad, la holding doit prendre le contrôle d’une société fantôme, la Sogem SA, agrée pour exploiter l’or tchadien et contrôlée le neveu de Déby, Abderrahmane Mahamat Itno. Montage ? 65 % des bénéfices au Quataris, 35 % au clan Déby. Pour les Toubous, 0 %. Mais qu’est-ce que le protégé de Macron vient faire dans cette galère sahelienne ? Il est en apprentissage selon les dires de son mentor Solomon … Benalla est reperé, la presse française s’emballe, Macron dément toute implication dans ce business de l’or et de la mort … Possible et même vraisemblable, Benalla est juste un gros garçon qu’on essaye de caser quelque part pour service rendu, pas un négociateur de la France de l’ombre. Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel est qu’une grenade va éclater dans ce festin de vautours : une grenade toubou. Car les Toubous résistent et vont avoir la peau d’Idris Déby. Et si vous trouvez tout ça compliqué, vous n’avez encore rien vu … Parce que la Libye va entrer dans la danse macabre.

5. La Grenade.  Les Toubous (ou Goranes), descendants des antiques Garamantes, sont un peuple de frontières (enfin les frontières tracées par les Européens) un peuple établi au sud de la Lybie (dans le Fezzan, les Toubous Teda), à l’est du Niger (après Zinder, cime de ma mémoire, les Tobous Daza Kécherda) et dans le nord-ouest du Tchad (au Tibesti les toubous Daza). Si vous voulez respirer un peu avant d’aller au festin des vermines, j’ouvre une parenthèse géo-historique en note (3). La tradition guerrière des Toubous est proverbiale et les Toubous sont connectés au chaos libyen. En 2011, les libyens noirs (Toubous lybiens ou d’origine tchadienne) ont largement contribué à la chute de Kadhafi. Victimes séculaires de la négrophobie arabe, vivant dans les bidonvilles du Nord et dans les oasis du Sud, les Toubous espéraient démocratie et autonomie. En 2011, les milices Toubous ont libéré leur Fezzan originelle mais aussi Koufra et Benghazi en Cyrénaïque. Les Toubous ont même pris Sebha, bastion de l’ethnie bédouine Kadhafa, celle de feu le Colonel Kadhafi. Eh oui, le printemps dit arabe fût aussi un printemps noir. Mais dans la guerre civile libyenne qui a suivi la chute de Kadhafi et qui vient seulement de se calmer fin 2020, pas de printemps pour les Toubous : certaines de leurs milices se rangent du côté du « Gouvernement de Tripoli-Mistrata » et d’autres du côté du « Gouvernement de Tobrouk » et de l’armée du Général Khalifa Haftar … Le vieux général Haftar est soutenu par l’Egypte, les Emirats arabes et la Syrie du sympathique  Bachar el-Assad  pendant que Misrata est soutenu par le Quatar et la Turquie (bref, c’est frères-musulmans capitalistes contre musulmans frèro-capitalistes). Mais Haftar est aussi soutenu par les USA, ses parrains depuis 1989 et par Manu Macron ! Macron, comme Sarkozy, joue avec le feu libyen en soutenant Haftar, ancienne créature de Kadhafi, en lutte contre le gouvernement légal lybien « el-Serraj » (ou GNA pour gouvernement « d’union » nationale) le seul des gouvernements libyens reconnu par L’ONU (1). C’est ici qu’une milice toubou opérant en Lybie entre en scène et nous intéresse : le FACT, celle qui a eu la peau d’Idriss Deby avant-hier et pose un sacré problème à Macron. Le FACT pour Front pour l’alternance et la concorde au Tchad, a été créé en avril 2016 par Mahamat Mahdi Ali. Ces Toubous souvent d’origine tchadienne ont été embarqués dans la guerre de Libye aux côtés de leurs frères toubous lybiens. Ils se sont engagés aux côtés des forces de Misrata, contre l’ANL du général Khalifa Haftar. Pour la petite histoire de la complexe guerre libyenne, le FACT s’était aussi très bien battu contre l’Etat islamique, branche libyenne de Daesh (eh oui, il y a ça aussi en Lybie). Les toubous du FACT ne sont que 1000 à 1500 soldats mais c’est pas des Benalla, ces gars-là. Une véritable armée. Une armée qui était au repos car avec le repli des alliés misratis du Fezzan vers la Tripolitaine, le FACT a été contraint de composer avec Haftar qui contrôle plus ou moins le Fezzan, fort de ses milices multiples dont des Russes de l’agence de sécurité Wagner, des soudanais du Darfour, des hélicoptères des Emirats arabes et des milices toubous alliées (la brigade Khalid Bin Walid, une force dirigée par un Toubou salafiste). La guerre libyenne s’est stabilisée depuis le 23 octobre 2020 : les différentes parties ont signé un cessez-le-feu marquant la fin de la seconde guerre civile libyenne.  Le FACT a fait la paix avec Haftar et a même été autorisé à rester dans le district d’Al-Jufrah, sous réserve qu’il « se tienne tranquille ».  Je voudrais bien vous dire que ce sont des héros à la recherche d’un grand Touboustan autonome,  un pays toubou au centre du triangle Niger-Tchad-Libye mais … Non, c’est pas sur. Le FACT est solidement basé dans une région au cœur des juteuses routes migratoires sub-sahariennes et du côté des champs de pétrole de Shararah et El-Feel, dans le triangle des Bermudes du Sahara, cœur des trafics de matières premières, de migrants-esclaves et de religions très agressives. En 2017, cependant, Paris-Mordor s’est tourné contre le dirigeant du FACT Mahamat Mahdi Ali et a gelé ses fonds dans les banques françaises, sur base d’accusations non spécifiées de «commission pour trafics et tentative de commettre des actes de terrorisme». Vrai ou pas, toujours est-il qu’à l’approche des élections tchadiennes d’avril, le FACT se déplace soudain vers le sud, passe la frontière tchadienne, attaque Déby. En plus d’être composé de combattants aguerris, le FACT est puissant de tout l’armement apporté de Libye. Un second affrontement au sol a eu lieu le samedi 17 avril, entre les forces gouvernementales tchadiennes et les rebelles du Fact. Les combats se sont déroulés, dans la province du Kanem, à 300 km de la capitale N’Djamena. Le président tchadien Idriss Déby Itno, l’ami et l’allié de Macron, qui commandait son armée, est grièvement blessé. Il en est mort hier. Son fils s’est aussi sec installé au pouvoir à la tête d’un gouvernement dit de transition …

La question du jour … Les rebelles toubous sont toujours invaincus et la question médiatique du jour est : que va faire la France de Macron ? Envoyer ses Mirages ? Soutenir Déby fils ? La question que je ne poserais plutôt est : pourquoi ? Pourquoi le Tibesti, le Fezzan, tout le Tchad (et toute la Lybie) sont toujours si pauvres ? La réponse est partout …

(1) Habré s’était réfugié au Sénégal où la justice sénégalaise le condamnera en 2017 pour crimes contre l’humanité (première utilisation de la compétence universelle sur le continent africain)

(2)  Fondée par le délinquant belgo-israélien Marcell David Reich (un malfaisant mystérieusement amnistié par Clinton en 1999) et actuellement pilotée par le  Sud-Africain afrikaner Ivan Glasenberg, Glencore est régulièrement citée dans des dizaines d’affaires de corruption, de fraude fiscale et de pollution. Ce sympathique consortium lié aux oligarques russes de l’aluminium, est entré en bourse en 2011.  Actionnariat : Qatar Holding,  Banque centrale de Norvège,   Ivan Glasenberg and co, les inévitables fonds indiciels américains, Vanguard Group, Inc., Dodge & Cox et l’inévitable Black Rock (vous savez ceux qui font du capitalisme vert avec l’argent des bobos crédules ou cyniques) des fonds souverains de Singapour et d’Abu Dhabi et vous peut-être ? via vos placements indiciels ?

(3) Les Toubous descendent des antiques Garamantes connus de Tacite, Pline l’Ancien, Strabon et Hérodote (qui les appelle les « troglodytes éthiopiens » parce que dans l’Antiquité, tout est Ethiopie en Afrique noire). C’est leur langue, le toubou (groupe kanouri), qui a donné son nom au Tchad aujourd’hui désertique : Tchad veut « vaste étendue d’eau », souvenir du temps où le lac Tchad était une mer d’eau douce intérieure, bordée par la brillante civilisation garamante connue des Carthaginois, des Numides, des Egyptiens, des Grecs, des Romains, au temps où l’Occident avait une mémoire africaine, au temps ou le Sahel était vert et le Sahara bleu de l’eau de ses lacs, au temps où les Garamantes étaient alliés de Rome et parfois adversaires contre Tibère et Septime-Sévère, au temps de l’art rupestre garamante identique de celui de la grotte que l’on voit dans « The english patient » dans le Gilf el-Kebir, au temps de l’écriture africaine garamante voisine du tifinagh berbère..

(4)  Pour la petite histoire, Haftar était le chef des troupes libyennes de Kadhafi qui occupaient le Tibesti dans les années 1980. Battu et capturé par les Tchadiens et par les soldats français de l’Opération épervier, il est emprisonné à N’Djamena en 1987. C’est là que la CIA le retourne et l’exfiltre aux USA où il devient opposant en exil de Kadhafi. Il revient en Lybie en 2011, s’implante en Cyrénaïque et dans le Fezzan et tente sans succès de prendre le pays au gouvernement issu du printemps arabe et installé à Tripoli. Fin 2020, tout le monde (un puzzle hallucinant de milices) conclut un cessez-le-feu. Le pays est divisé, ruiné, sur-armé, manipulé de partout mais plus ou moins calme en ce moment.

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