Lao Tizer: « Le manque de communication a conduit à notre désistement »

À l’affiche du Festival le Jazz de Saint-Louis 2019, le pianiste Lao Tizer a fait faux bond. Pourtant, le claviériste est présent sur les teasers et les flyers déclinant le programme officiel. Qui est Lao Tizer ? Compositeur, pianiste vivant à Los-Angeles, Lao Tizer connait le succès dès ses débuts en étant désigné «Meilleur nouvel artiste» au National Smooth Jazz Award 2002. Auteur de 9 albums dont 5 avec son band, Lao est un musicien ouvert et intéressé par plusieurs genres. Son dernier combo CD / DVD, «Songs From The Swinghouse» sorti en 2018, fait partie des 10 meilleurs albums du Billboard Jazz et Lao Tizer Band est nominé pour le titre «Groupe jazz de l’année». Excusez du peu ! Lao Tizer band a été remplacé, in extremis, par l’excellent groupe d’Ablaye Cissoko et Mokhtar Samba. Kirinapost a voulu en savoir davantage sur les raisons qui ont poussé cet artiste génial et son band à «désister» à la dernière minute, selon les mots des responsables du Festival, alors que beaucoup de festivaliers salivaient déjà rien qu’en voyant son nom sur les affiches. Il est important dans un esprit de construction de pointer du doigt les insuffisances et pouvoir les rectifier afin que vive Saint-Louis Jazz. Entretien…Tout est parti d’un Tweet…

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Lao Tizer sur scène Photo by Julie Handleman

 

Kirinapost : Pour vous présenter, vous diriez quoi?

Lao Tizer : Je suis pianiste de jazz, claviériste, compositeur et artiste-interprète vivant à Los Angeles. J’ai la chance d’avoir dans mon groupe le Lao Tizer Band des musiciens de classe mondiale. Nous touchons à de nombreuses saveurs et influences du jazz.

Kirinapost : Comment avez-vous été initié au jazz ?

Lao Tizer : J’ai toujours composé de la musique. Avant même d’avoir commencé les cours de piano à l’âge de 9 ans ! Cependant, je n’ai pas commencé à jouer du jazz au lycée. Je l’ai découvert pour la première fois grâce à Miles Davis « Kind of Blue » et à Miles Davis & Quincy Jones « Live at Montreux » ! J’ai grandi dans une famille d’influences musicales diverses, mais mon père n’était pas un fan de jazz, alors je ne suis entré dans le genre que plus tard. J’ai déménagé à Los Angeles quand j’avais 18 ans et j’ai eu la chance d’étudier avec le grand pianiste, Terry Trotter, qui m’a offert ma première formation formelle en jazz, et ainsi mon voyage a commencé ! 🙂

Kirinapost : Quelles sont vos principales influences musicales ?

Lao Tizer : Mes influences sont très diverses. J’ai grandi avec un régime alimentaire varié de musique ; Mon père, a une collection impressionnante d’albums de musique du monde. Mon style a toujours été varié. En tant que pianiste, j’admire évidemment beaucoup des artistes comme Herbie Hancock, Chick Correa, Michel Camilo, Bill Evans, Wynton Kelly, Chuck Leavell, Bruce Hornsby, etc. J’aime beaucoup le travail de Meddy Gerville également ! Je cherche l’écriture mélodiquement accessible avec beaucoup d’improvisation et de groove !

Kirinapost : À propos d’improvisation, le magazine JazzTimes a déclaré : « TIZER travaille sur les octaves hautes en jouant avec de longs passages d’improvisation, des motifs complexes et un contrepoint – pour l’excitation, il y a eu de nombreux moments d’idées croisées … » Vous devez être content de recevoir les mêmes superlatifs que Bob James, The Yellowjackets, Pat Metheney et Chick Correa ect.

Lao Tizer : Bien sûr, je suis honoré quand on compare ma carrière et mon jeu à certaines icônes du jazz contemporain et de la fusion. J’ai toujours essayé d’avoir ma propre voie et de faire ma musique par rapport à ma personnalité, mon environnement et mon vécu. Vous pouvez voir d’autres citations de presse ici : https://www.laotizer.com/press.

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Lao Tizer au studio

Kirinapost : Votre Band tourne beaucoup. Avez-vous déjà joué en Afrique ?

Lao Tizer : Nous avons eu la chance de jouer dans trois des plus importants événements de jazz d’ Afrique : le festival international de jazz du Cap, Joy of Jazz – Johannesburg en Afrique du Sud et le Nile Gold Jazz Safari en Ouganda.

Kirinapost : Quels souvenirs vous en gardez ?

Lao Tizer : D’ excellents souvenirs. À chaque fois, de bons et inoubliables moments. On a toujours eu, partout sur le continent, une expérience merveilleuse à partager notre musique avec les grands mélomanes africains.

Kirinapost : Vous avez fait partie du programme du festival international de jazz de Saint- Louis 2019. Au final vous n’êtes pas venu…

Lao Tizer : Malheureusement mon groupe et moi, ne sommes pas venus. Il y a eu tellement d’excitation, de temps et d’énergie autour de ce projet (jouer pour Jazz à Saint-Louis) que je ne peux pas vous dire à quel point toute cette saga fut décevante en définitive pour nous. Bon, les musiciens doivent parfois gérer des situations délicates et d’inconfort, mais c’est très épuisant. C’est particulièrement décevant en ce qui concerne Saint-Louis Jazz. Des amis musiciens comme Cheikh N’doye -bassiste avec qui il a joué- me racontent tellement de belles et merveilleuses choses sur le Sénégal et sur Saint-Louis depuis de nombreuses années que ce voyage devait donc être très spécial ! Nous ne désespérons pas de revenir bientôt sur le continent.

Nous n’avions toujours pas de vols, ni de frais de représentation, 4 jours avant notre supposé départ ! Cela nous a rendu très nerveux !

Kirinapost : Que s’est-il passé pour que vous annuliez votre participation au festival ?

Lao Tizer : Sans entrer dans trop de détails ennuyeux, les raisons principales étaient la désorganisation totale du festival à notre niveau ! J’ai eu la chance de faire le tour du monde et d’assister à de nombreux festivals internationaux de premier plan. J’ai fait plusieurs tournées internationales et parfois dans des délais très brefs. Malheureusement, l’équipe du festival de Saint-Louis était presque impossible à gérer et à suivre ! Ils ne communiquaient pas, ni ne répondaient aux correspondances en temps voulu. Ils restent souvent silencieux pendant des semaines ou des mois (à un moment donné, nous n’avions pas reçu de réponse de leur part durant 3 mois). Janvier à fin mars). Il est impossible de rassembler un groupe de musiciens de classe mondiale pour aller d’un continent à un autre avec ce genre de manque de communication. Le festival était également sur le point de contracter sur plusieurs points et a annoncé notre performance avant même que nous ayons convenu des termes ! Cependant, nous sommes toujours heureux de faire preuve de souplesse pour que tout roule, que les choses s’arrangent et fonctionnent. J’ai fait tous les efforts imaginables pour faciliter les processus de réservation, de contrat, financier et de voyage, et j’ai répété à maintes reprises que les choses devaient être traitées rapidement. Nous aimons voyager et faire l’expérience de nouvelles cultures et de nouveaux événements, mais au moment où ils ont semblé enfin décidés à s’occuper de notre dossier et accélérer notre venue, nous étions déjà mal à l’aise pour faire un si long voyage. Nous n’avions toujours pas de vols, ni de frais de représentation, 4 jours avant de partir.

Kirinapost : Vous avez l’air vraiment déçu

Lao Tizer : Je travaille avec des musiciens extraordinaires et des personnes très expérimentées, qui ont parcouru le monde à plusieurs reprises et nous rencontrons des aléas parfois. Seulement ici, c’est un sentiment de désorganisation. Cela nous a rendu très nerveux !  Au cours des semaines et des mois qui ont précédé l’événement, l’organisation était incapable de répondre à de simples questions concernant la logistique, etc. Nous étions très inquiets pour ce voyage. Par exemple, l’idée de n’avoir personne à l’aéroport pour accueillir le groupe, ce genre d’oubli, certes inacceptable, nous a même traversé l’esprit, pour vous dire comment nous étions préoccupés. C’est vraiment triste, je sais que le festival a une longue et riche histoire et nous sommes très déçus que notre performance n’ait pu avoir lieu cette année. J’espère vraiment que la direction du festival prendra des mesures pour remédier à ce genre de désagrément. C’est tout ce que je leur souhaite pour la pérennisation de cette longue tradition à Saint-Louis.

J’adorerai venir au Sénégal pour le festival de Saint-Louis. C’est vraiment triste. Je sais que le festival a une longue et riche histoire et nous sommes très déçus que notre performance n’ait pu avoir lieu cette année !

Kirinapost : Malgré tout, êtes-vous disposé à venir l’année prochaine si les problèmes que vous évoquez se règlent ?

Lao Tizer : C’est une bonne question… J’adorerai venir au Sénégal pour le festival de Saint-Louis. S’ils changent complètement d’approche et commencent à gérer leurs affaires rapidement, avec respect et courtoisie envers les artistes oui, je suis disponible. Nous avons juste besoin que l’affaire soit gérée correctement. Je ne peux pas comprendre que vous ne pouvez pas faire ces choses avec un préavis de 3 jours. Un contrat signé plusieurs mois à l’avance une fois l’accord conclu, avec un dépôt immédiatement. Après, les vols, au moins un mois à l’avance et le paiement du solde au moins 14 jours à l’avance … Ce sont les conditions générales d’un festival international ! J’espère vraiment qu’il sera possible de régler tout cela, car nous voulons toujours voir fleurir des festivals de jazz et surtout les voir durer dans le temps. Le jazz est une forme d’art très populaire, et nous sommes tous dans le même bateau.

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