Le gouvernement américain a poursuivi ses frappes aériennes contre les Houthis du Yémen tout en prétendant ne pas être en guerre. Mais il est peu probable que les Houthis soient intimidés : même les Yéménites qui avaient pris les armes contre eux soutiennent aujourd’hui les attaques contre les navires israéliens en mer Rouge.
En réponse à l’attaque israélienne contre Gaza, le mouvement Ansar Allah du Yémen, connu sous le nom de Houthis, a lancé des drones chargés d’explosifs et tiré des missiles balistiques sur des navires en mer Rouge. L’objectif déclaré de ces attaques est de perturber le commerce des navires à destination d’Israël ou affiliés à Israël, afin d’imposer un coût économique pour les atrocités commises à Gaza sur une voie maritime essentielle pour le commerce mondial.
On a tous cet ami qui n’est jamais, mais alors vraiment jamais capable d’arriver à l’heure. Le même qui vous assure que, oui, oui, il est bien en chemin alors qu’il est encore en train de se chercher sa paire de chaussettes au fond du placard. Alors, forcément, le jour où il est ponctuel, vous êtes en droit de vous exclamer : « À la bonne heure ! » – au risque de passer pour un gros lourd, on ne vous le cache pas.
Les États-Unis et le Royaume-Uni ont riposté par des frappes aériennes de grande envergure contre les positions des Houthis et ont promis de continuer jusqu’à ce que les Houthis mettent fin à leur campagne en mer Rouge. Que pense la population du Yémen, dans un pays déjà ravagé par des années de guerre civile et d’intervention étrangère, de l’action des Houthis et de la réponse des États-Unis ?
Les entretiens que j’ai menés avec des Yéménites du quotidien indiquent que leur solidarité avec les Palestiniens modifie déjà leurs allégeances politiques et qu’elle est d’une profondeur qu’aucune action militaire américaine ne pourra atténuer. De nombreux Yéménites qui sont politiquement hostiles à Ansar Allah – même ceux qui ont précédemment pris les armes contre leurs forces – approuvent néanmoins le défi qu’ils lancent à Israël et à ses alliés occidentaux.
La douleur des autres
J’ai travaillé comme humanitaire à Aden, la capitale internationalement reconnue du Yémen, d’avril à décembre 2022. Le Yémen est actuellement divisé en deux régions distinctes : le sud dominé par les sunnites, où les États du Golfe exercent une influence significative, et le nord gouverné par le groupe Ansar Allah, affilié aux chiites, qui a des liens avec l’Iran. La majorité des interlocuteurs avec lesquels je me suis entretenu sont originaires de la partie sud du Yémen.
Les Yéménites sont plutôt versés à s’exprimer avec conviction sur la question de la Palestine. J’ai observé que les Yéménites avaient davantage tendance à exprimer des sentiments émotifs lorsqu’ils discutaient de la Palestine que lorsqu’ils parlaient de leur propre pays. Cela m’a amené à me demander si le fait d’aborder les injustices liées à la Palestine ne servait pas de portail métaphorique par lequel les Yéménites transmettaient leurs expériences, sans avoir à plonger dans leurs propres traumatismes et leur contexte politique compliqué.
Dans ce contexte, les Houthis établissent leur légitimité par leur résistance active au nom du peuple palestinien – une cause qui est presque universellement considérée comme légitime dans les États à majorité musulmane. La profonde résonance émotionnelle avec le sort des Palestiniens a des racines profondes dans les luttes anticoloniales et émancipatrices des mouvements nationalistes arabes, qui considéraient l’occupation militaire et coloniale de facto de la Palestine comme une préoccupation centrale.
L’une des raisons fréquemment invoquées pour expliquer l’importance de la situation en Palestine pour les Yéménites est la perception partagée d’une histoire islamique commune qui lie les deux régions. Un étudiant en pharmacie d’une vingtaine d’années, à la voix douce, a exprimé l’espoir que les Yéménites rejoignent la lutte pour la Palestine « si les frontières sont ouvertes ». Il a précisé que l’une des raisons pour lesquelles « l’ensemble de la nation arabe, en particulier le Yémen », est aux côtés de la Palestine est que « tous les pays arabes sont originaires du Yémen, en particulier la Palestine, qui est un pays opprimé. » Lire la Suite ICI
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