Dr Pascal Oudiane : L’université sénégalaise, une institution socialement responsable en fossilisation avancée Part III
Le spectre de la non transparence
Le mode de recrutement universitaire est vétuste dans sa surcharge, qui est devenue une opportunité d’infiltration pour les affinités amicales, de dauphinat et de parentalité. Le recrutement est devenu un terrain politique. Les assemblées électives de recrutement sont une couverture d’alliances perverses entre les parties et sièges qui les composent. L’Etat est écarté dans ce processus afin de respecter l’autonomie des universités. Mais que proposent-on pour diligenter les dossiers qui dorment dans les facultés, les UFR et au MESR (ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche) ou encore mieux pour systématiser de manière structurelle le recrutement des enseignants-chercheurs dans nos universités ?
Ce n’est pas un grade d’avoir fait six à huit ans de vacatariat ou même plus. Il n’y a rien de valorisant pour ceux qui s’en enorgueillissent lorsqu’ils témoignent de leur ancien parcours qui a fini par se rétablir au mieux. Non. Ce n’est point un conseil à donner à un jeune docteur ou à un ancien en quête de titularisation dans l’université sénégalaise.
Une formation doctorale non rationalisée et un personnel de titulaire non renouvelé
Le cursus doctoral est un schéma bien sélectif qui induit un parcours bien rude. Le système LMD prévoit trois années de recherche doctorale qui peuvent être prolongées par des dérogations. Le déficit d’encadrement par des professeurs titulaires est un des obstacles majeurs à côté, entre autres, de la carence des revues. Beaucoup parmi ces derniers font valoir leur droit à la retraite ou parfois profitent des contrats de prolongation. Bien souvent, ils n’ont plus les prérogatives qui leur permettent de faire soutenir des thèses de doctorat. De ce point de vue, beaucoup de doctorants sont sur la touche depuis des années en attente d’une libération pour une soutenance de thèse. Il urge à notre avis de faire éviter aux doctorants d’aller à l’aventure puisqu’il n’y a pas meilleur aventure et vagabondage qu’une formation non aboutie. C’est la vie sociale de ces grands diplômés qui est en jeu.
Pour ne pas conclure
Nous ne tarirons pas d’énergie à rappeler que la gestion performante de l’éducation supérieure doit s’arrimer au mieux avec un marché du travail. A défaut de cela, les villes et les villages vont réagir par des comportements irrationnels de survie. L’éducation porte l’orientation culturelle du pays. Mettons l’industrie du savoir à sa place en l’assainissant au mieux de ces opportunismes qui ne sont rien d’autres que déchets. S’il faut faire un « big-bang » à la Michel Rocard, cet ancien premier ministre français, alors arrêtons tout et reprenons les comptes depuis le zéro. Oui, défossiliser l’université sénégalaise.
Credit photo: Edu
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