“Presque aucune des ROUTES que j’ai aimé m’engager et qu’aujourd’hui encore j’aime reprendre, qui ne m’ait été, qui ne me demeure, comme une aventure musicale, qui n’ait remué devant moi à bout de la PERSPECTIVE les PLIS et les lumières d’un rideau tout prêt à se lever.
Pour quelques unes, leur coloration à jamais joyeuse ou sombre est liée à l’attente, à l’anticipation de tristesse ou de bonheur sur laquelle elles s’ouvraient la première fois… (…)…
… la promesse dont elles sont inséparables ne tient ni au but où elles conduisent, ni aucune circonstance remémorée REMÉMORÉE… – pas plus que la coloration de tel PASSAGE d’un RÊVE ne se relie à la RÉALISATION proche ou lointaine d’un PROJET que le rêveur n’ébauche à aucun MOMENT : en fait, au FIL de la route, quand on ROULE un peu à l’AVENTURE, la SUCCESSION brusquée des OMBRES et des LUMIÈRES intérieures semble tenir du rêve non seulement sa TOUTE-PUISSANCE sur l’ESPRIT, mais aussi la SOUDAINETÉ SANS CAUSE, et son ÉCLAIRAGE SANS FOYER LUMINEUX.
J’ai cherché dans LA PRESQU’ÎLE à retrouver l’ALLURE de ce DIORAMA INCOHÉRENT et SYNCOPÉ, de ces COQ-À-L’ÂNE AFFECTIFS CONTINUELS.
Le GRAND CHEMIN, à partir d’un certain SEUIL, d’ÉTENDUE et de DURÉE, ne nous DÉCONNECTE guère moins que le rêve de l’UNIVERS TRIVIAL DE LA CAUSALITÉ.”
Julien Gracq, Carnets du grand chemin, Paris, José Corti, 1992, p. 59-60.
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NB : LA PRESQU’ÎLE EST LE TITRE DE L’ UN DES ROMANS DE JULIEN GRACQ… PUBLIÉ EN 1970.
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