Quand on dit que l’Afrique a de l’avenir, c’est en partie grâce à la jeunesse de sa population. Mais pour qu’elle soit au coeur du développement du continent, faudrait-il qu’elle soit bien formée et dynamique. Dr Fadji Maina fait partie de cette jeunesse bien formée sur laquelle peut compter le continent. Le 27 aout dernier, cette nigérienne de 29 ans, a fait son entrée officielle à la National Aeronautics and Space Administration (NASA) en tant que Scientifique de la Terre. Lorsqu’en décembre 2019 le magazine Forbes la sélectionnait parmi les scientifiques de moins de 30 ans les plus prometteurs (Forbes under 30), cela augurait déjà d’un tel avenir. Cette nomination vient véritablement sanctionner un parcours exceptionnel…qui ne fait que commencer.
En intégrant la NASA, Dr Fadji Maina, a pensé d’abord à toutes ces filles au Niger et dans le continent qui ne sont pas scolarisées: consciente que toutes, n’ont pas eu la même chance qu’elle. Aujourd’hui, plus que jamais, elle est déterminée à s’engager dans la lutte pour la scolarisation des filles Nigériennes.
Né en 1991 dans la région du Zinder, Fadji Zaouna Hassane Mamadou Maina à l’état-civil a fait ses études de la maternelle jusqu’au Baccalauréat dans sa ville. D’abord l’école Mission de Zinder pour les études primaires, puis le complexe scolaire Amadou Dan Bassa de la sixième à la Terminale ou elle obtient le Bac D en 2008. Bac en poche, elle se fait élire à… l’Assemblée Nationale en tant que Députée junior. Une expérience très enrichissante dans une tribune d’apprentissage dédiée aux jeunes élites du pays. Ce moment lui a permis de prendre part aux mécanismes de décisions dans les plus hautes instances de l’Etat.
La jeune femme courageuse, sait que son pays a énormément de potentiel en géologie et que sa région d’origine rencontre des difficultés quant à son accès à l’eau. Dés lors, étudier une discipline liée aux mines et qui aide à résoudre ces difficultés en eau, sonnait pour elle comme une évidence. C’est ainsi que Fadji Maina avec une bourse d’études marocaine, s’envole pour le royaume cherifien afin de préparer une licence en Génie Géologique à l’Université de Fès.
« Le pays regorge d’importantes ressources minières qui sans doute seront la clé de son développement. De plus, originaire de Zinder, une ville très connue pour ses problèmes de ressources en eau, c’est donc naturellement que la résolution de ce fléau me tient à cœur. Étudier donc cette discipline m’a permis d’acquérir des connaissances dans le domaine des mines et dans la gestion des ressources en eau et de l’environnement. C’est par la suite que j’ai décidé d’étudier l’hydrogéologie qui cadre bien avec mes ambitions » raconte la scientifique soucieuse du développement de son pays.
Après sa licence au Maroc, Fadji Maina change de continent et c’est la ville de Strasbourg en France qui l’accueille. Elle y décroche un Master en Génie et Sciences de l’Environnement en 2013.
« Lorsque j’obtiens la bourse de coopération française pour étudier à l’Université de Strasbourg, j’avais plusieurs idéaux, celui notamment de relever les défis à travers la possibilité d’une thèse en Hydrogéologie qui me permettrait de devenir experte en la matière, un domaine que j’aime énormément mais aussi parce que cette dernière allait me permettre de réaliser un autre rêve: J’ai toujours été passionnée par la recherche, qui est à la croisée de tous les challenges, qui conduisent à trouver des solutions aux problèmes non résolus » se souvient-elle.
Dans cette dynamique, la jeune étudiante s’inscrit en octobre 2013 en thèse grâce à la bourse pilotée par le Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives (CEA) en collaboration avec l’université de Strasbourg.
« Comme je le voulais ma recherche portait sur la modélisation hydrogéologique. J’ai ainsi développé des outils qui permettent de mieux caractériser les aquifères et leurs recharges (alimentation) » explique la Dr dont la thèse fut récompensée du titre de la meilleure thèse en science à l’université de Strasbourg (en France).
Après sa soutenance en septembre 2016, elle poursuivi ses recherches au Laboratoire d’Hydrologie et de Géochimie de Strasbourg (CNRS) avant de poser ses valises en 2017 au Politecnico di Miliano en Italie. L’année suivante Fadji débarque aux Etats-Unis et devient chercheure posdoctorale à la prestigieuse Lawrence Berkeley National Laboratory de Californie. Elle vient de franchir une autre étape importante dans sa carrière en intégrant la fameuse NASA l’agence gouvernementale responsable de la majeure partie du programme spatial civil des États-Unis.
Comme Merieme Chadid première astronome africaine à installer des télescopes en Antarctique et y avoir posé le drapeau marocain, comme Adji Bousso Dieng, première femme noire à enseigner à l’école d’ingénieur de Princeton, le brillant parcours de Fadji Maina mérite d’être conté pour rappeler qu’il n’y a aucune fatalité liée au sous développement. Quand le minimun de conditions est réuni, arriver au sommet n’est pas impossible pour les africains. Cheikh Anta Diop l’a tant chanté. Fadji Maina en est l’exemple parfait. Musulmane, voilée et moderne, issue d’une des régions les plus pauvres au monde, que le Massachusetts Institute of Technology (MIT) qualifiait en octobre dernier d’étoile montante en science et ingénierie civile, doit être une fierté et une source d’inspiration pour toute la jeunesse nigérienne et africaine, particulièrement les jeunes filles. Voici ce qu’elle répondait lorsque le journal en ligne nigerinter.com lui demanda si elle compte revenir travailler pour son pays un jour:
« Je dois encore murir ma connaissance scientifique avant d’être au service du Niger. À l’avenir, j’aimerais participer à l’Enseignement Supérieur nigérien mais aussi contribuer à la bonne gestion des ressources en eau de mon pays à travers la recherche plus précisément dans le développement de modèles qui permettront de mieux gérer ses ressources et de prédire leurs évolutions etc. »
Laisser un commentaire