Démographie contre démographie
L’objectif est de mettre en balance les données démographiques et la démographie réelle. Ce regain de tension n’est pas nouveau. Cela relève du domaine du divertissement, ce n’est pas dicté par le journalisme mais par des stratégies de marketing visant à augmenter l’audience et le nombre d’entreprises sponsors. Les divisions entre les organes de l’information ne sont que des sources de recettes en concurrence les uns avec les autres.
Comme l’écrit Taibbi dans son livre Hate Inc, dont la couverture représente Sean Hannity d’un côté et Rachel Maddow de l’autre [commentateurs de chaque « camp », NdT], le modèle de l’information est un jeu de moralité simplifié calqué sur le catch professionnel. Il n’y a que deux véritables positions politiques aux Etats Unis. Soit vous aimez Trump soit vous le détestez, ce qui vient du livre de référence du catch professionnel.
Quand vous votez pour Biden et le Parti démocrate, vous votez pour un projet
Vous votez pour cautionner l’humiliation de femmes courageuses comme Anita Hill qui ont affronté leurs agresseurs. Vous votez pour les architectes des guerres sans fin au Moyen-Orient. Vous votez pour l’apartheid en Israël. Vous votez pour la surveillance massive du public par les agences gouvernementales de renseignement et pour l’abolition des procédures régulières et de l’habeas corpus.
Vous votez pour des programmes d’austérité, y compris la destruction de l’aide sociale et la réduction de la sécurité sociale. Vous votez pour l’ALENA [traité, entré en vigueur le 1ᵉʳ janvier 1994, qui institue une zone de libre-échange entre les États-Unis, le Canada,NdT], les accords de libre-échange, la désindustrialisation, une baisse réelle des salaires, la perte de centaines de milliers d’emplois dans le secteur manufacturier et la délocalisation des emplois au profit de travailleurs sous-payés qui travaillent dans des ateliers clandestins au Mexique, en Chine ou au Vietnam. Vous votez pour l’attaque contre les enseignants et l’enseignement public et le transfert de fonds fédéraux vers des écoles à but lucratif et des écoles à charte Chrétienne.
Vous votez pour le doublement de notre population carcérale, le triplement et le quadruplement des peines et la multiplication considérable des crimes méritant la peine de mort. Vous votez pour une police militarisée qui abat impunément les personnes de couleur. Vous votez contre le Green New Deal et la réforme de l’immigration. Vous votez pour l’industrie de la fracturation hydraulique.
Vous votez pour la limitation du droit des femmes à l’avortement et aux droits reproductifs. Vous votez pour un système d’enseignement public ségrégatif qui permet aux riches d’avoir accès à l’éducation et ne laissent aux pauvres de couleur aucune chance. Vous votez pour des niveaux de dette étudiante pénalisants et l’impossibilité de s’en libérer même en cas de faillite.
Vous votez pour la déréglementation du secteur bancaire et l’abolition du système Glass-Steagall. Vous votez pour les compagnies d’assurance et les sociétés pharmaceutiques à but lucratif et contre un système de santé universel. Vous votez pour des budgets de la défense qui absorbent plus de la moitié des dépenses discrétionnaires.
Vous votez pour l’utilisation illimitée de l’argent des oligarchies et des entreprises pour acheter nos élections. Vous votez pour un homme politique qui, pendant son mandat au Sénat, a servi de façon abjecte les intérêts de la MBNA, la plus grande société indépendante de cartes de crédit dont le siège se trouve dans le Delaware, qui employait également le fils de Biden, Hunter.
Biden a été l’un des principaux architectes des guerres au Moyen-Orient, celles qui nous ont conduits à dilapider plus de 7 000 milliards de dollars et détruit ou mis fin à la vie de millions de personnes. Il est responsable de bien plus de souffrances et de morts que Trump, tant dans son pays qu’à l’étranger.
Si nous avions un système judiciaire et législatif qui fonctionne, Biden, ainsi que les autres architectes de nos guerres impériales désastreuses, du pillage du pays par les entreprises et de la trahison de la classe ouvrière américaine, seraient traduits en justice, et non proposés comme solution à notre débâcle politique et économique.
Les démocrates et les libéraux qui en font l’apologie adoptent des positions tolérantes sur les questions de race, de religion, d’immigration, de droits des femmes et d’identité sexuelle et prétendent que c’est de la politique. Ces questions sont des questions sociétales ou d’éthique. Elles sont importantes. Mais ce ne sont pas des questions sociales ou de politique.
La prise de contrôle de l’économie par une classe de spéculateurs et de sociétés mondiales a ruiné la vie de ces groupes, ceux-là même que les démocrates prétendent défendre.
Boucs émissaires
Lorsque le président Bill Clinton et le Parti démocrate ont, par exemple, détruit l’ancien système d’aide sociale, 70 % des bénéficiaires étaient des enfants. Les personnes qui se trouvent à droite du spectre politique – et nous ne devons jamais oublier que les positions du Parti démocrate en feraient un parti d’extrême droite en Europe – diabolisent les personnes en marge de la société les désignant comme boucs émissaires.
Les guerres culturelles masquent la réalité. Les deux partis sont des partenaires à part entière quand il s’agit de détruire nos institutions démocratiques. Les deux partis ont reconfiguré la société américaine pour en faire un État mafieux. Tout dépend seulement de la façon dont vous voulez habiller tout ça.
Le président Bill Clinton signe la réforme du système de protection sociale
Le pouvoir de politiciens tels que Nancy Pelosi, Présidente de la chambre, Chuck Schumer, chef de la minorité au sénat, ou Mitch McConnell, chef de la majorité au sénat, vient de leur capacité à canaliser l’argent des entreprises vers les candidats désignés. Dans un système politique qui fonctionne, un système qui ne serait pas saturé par l’argent des entreprises, ils ne détiendraient aucun pouvoir.
Ils ont transformé ce que le philosophe romain Cicéron appelait un commonwealth, une res publica, la « chose publique » ou la « propriété d’un peuple », en un instrument pour piller et réprimer au nom d’une oligarchie corporatiste mondiale.
Nous sommes des serfs dirigés par des maîtres obscènement riches et omnipotents qui pillent le Trésor américain, paient peu ou pas d’impôts et ont perverti le système judiciaire, les médias et les pouvoirs législatifs du gouvernement pour nous priver de nos libertés civiques et pour leur donner à eux, la liberté de s’investir dans le boycott fiscal, la fraude financière et le vol.
En plein cœur de la crise pandémique, comment se sont comportés nos dirigeants kleptocrates au pouvoir ?
Ils ont pillé 4 000 milliards de dollars, un niveau jamais vu depuis le renflouement de 2008 supervisé par Barack Obama et Biden. Ils se sont gavés et enrichis à nos dépens, tout en jetant aux masses souffrantes et méprisées des miettes par les fenêtres de leurs jets privés, de leurs yachts, de leurs lofts et de leurs propriétés princières.
La loi CARES a donné des milliards de dollars en fonds ou en réductions d’impôts aux compagnies pétrolières, à l’industrie aérienne, qui à elle seule a reçu 50 milliards de dollars en fonds de relance, à l’industrie des bateaux de croisière, une manne de 170 milliards de dollars pour le secteur immobilier.
Elle a accordé des subventions aux sociétés de capital-investissement, aux groupes de pression, dont les comités d’action politique ont versé 191 millions de dollars en contributions de campagne aux politiciens au cours des deux dernières décennies, à l’industrie de la viande et aux sociétés qui ont déménagé à l’étranger pour échapper au fisc américain.
La loi a permis aux plus grandes entreprises d’engloutir l’argent qui était censé maintenir la solvabilité des petites entreprises pour qu’elles puissent payer leurs salariés. Elle a accordé aux millionnaires 80 % des réductions d’impôts prévues par le plan de relance et a permis aux plus riches de recevoir des chèques de relance d’une valeur moyenne de 1,7 million de dollars.
La loi CARES a également approuvé le versement de 454 milliards de dollars au Fonds de stabilisation des changes du Département du Trésor, une énorme caisse noire distribuée par les copains de Trump aux entreprises qui, lorsqu’elle est utilisée à 10 contre1, peut être utilisée pour créer des actifs d’une ahurissante valeur de 4,5 mille milliards de dollars.
La loi a autorisé la Fed à accorder 1 500 milliards de dollars de prêts à Wall Street, personne ne s’attend à les voir être remboursés. Les milliardaires américains se sont enrichis de 434 milliards de dollars depuis la pandémie.
Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde, dont la société Amazon n’a payé aucun impôt fédéral l’année dernière, à lui seul a augmenté sa fortune personnelle de près de 72 milliards de dollars depuis le début de la pandémie. Au cours de cette même période, 55 millions d’Américains ont perdu leur emploi. (À suivre)
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