« À un moment donné […], soit on soutient une politique qui permet d’affamer massivement des enfants, soit on ne le fait pas », a-t-il déclaré. Source : Truthout, Sharon Zhang, Les Crises
Un autre fonctionnaire de l’administration Biden a démissionné en raison du soutien inconditionnel des États-Unis au génocide israélien à Gaza. Il s’agit cette fois d’un officier supérieur de l’armée américaine qui a également été responsable du renseignement au Pentagone.
Dans une lettre publiée lundi sur LinkedIn, Harrison Mann écrit qu’il s’est senti complice des « images les plus horribles et les plus déchirantes que l’on puisse imaginer » diffusées depuis Gaza alors qu’il occupait ses fonctions. Selon son profil LinkedIn, Harrison Mann était officier au sein de l’agence de renseignement du Pentagone, travaillant sur le Moyen-Orient et l’Afrique, ainsi que major de l’armée. Il a également indiqué qu’il se séparait de l’armée.
Mann a déclaré qu’il avait présenté sa démission le 1er novembre, ressentant « une honte et une culpabilité incroyables » pour sa contribution aux politiques du Pentagone à Gaza, et qu’il avait fait circuler la lettre en avril. Il a cité son héritage juif comme raison pour laquelle il estimait qu’il était moralement nécessaire de démissionner.
« Chacun d’entre nous s’est engagé à servir en sachant qu’il pourrait avoir à soutenir des politiques dont il n’était pas totalement convaincu. Nos institutions de défense ne pourraient pas fonctionner autrement, a écrit Mann. Cependant, à un moment donné, il est devenu difficile de défendre les résultats de cette politique bien précise. À un moment donné, quelle que soit la justification, soit vous soutenez une politique qui permet la famine massive d’enfants, soit vous ne le faites pas. »
En tant que descendant de Juifs européens, j’ai été élevé dans un environnement moral particulièrement impitoyable lorsqu’il s’agissait de porter la responsabilité d’un nettoyage ethnique […] où l’on répétait souvent l’importance primordiale du « plus jamais ça » et la fausseté de « simplement suivre les ordres », a poursuivi Mann.
Mann est l’un des rares fonctionnaires de l’administration Biden à avoir démissionné publiquement à la suite du génocide de Gaza soutenu par les États-Unis. Chaque fonctionnaire qui a parlé de sa démission a exprimé son extrême frustration et sa déception face au soutien de l’administration à Israël, à un moment où, en interne, le gouvernement connaît un nombre historique de dissensions et de désaccords avec les politiques mises en œuvre par les hauts fonctionnaires.
Le mois dernier, l’administration a vu le premier diplomate américain démissionner à propos de Gaza. Hala Rharrit, porte-parole du département d’État pour la langue arabe, a qualifié le soutien du gouvernement au génocide d’« inhumain » et de violation du droit international. De nombreuses personnes au sein de l’administration ont peur de s’élever contre le génocide par crainte de rétorsions ou sont réduites au silence lorsqu’elles le font, a déclaré Mme Rharrit.
Dans sa lettre, Mann explique qu’il s’est senti isolé au sein du Pentagone parce qu’il s’opposait au soutien indéfectible des États-Unis à Israël. Il a déclaré qu’il avait peur de sortir du rang et de « violer nos normes professionnelles ».
« La partie la plus difficile de ces six derniers mois a été de se sentir totalement seul, comme si j’étais le seul à être perturbé par les images de Gaza. Le seul à avoir l’impression d’être un participant, et non un simple observateur passif, de la destruction qui s’y produit, a écrit Mann. Pendant six mois, je n’ai entendu personne parler de la guerre en ces termes, jamais. J’avais l’impression de vivre dans un autre univers. Aujourd’hui, je me rends compte de l’évidence : si j’avais peur d’exprimer mes préoccupations, vous aviez peur vous aussi. »
La démission de Mann est également importante en raison de son rôle dans l’armée. Il est déconseillé aux officiers militaires d’exprimer publiquement leur désaccord politique, mais la gravité du génocide de Gaza en a incité plus d’un à s’exprimer.
Larry Hebert, membre actif de l’armée de l’air, a entamé une grève de la faim en mars pour protester contre le génocide, en citant notamment la campagne de famine menée par Israël dans la région. Il semble que Hebert doive maintenant faire face à un recours de la part de l’armée en raison de sa protestation.
En février, Aaron Bushnell, membre de l’armée de l’air américaine en service actif, s’est immolé devant l’ambassade d’Israël à Washington, en criant « Palestine libre » et en déclarant : « Je ne serai plus complice d’un génocide. »
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Sharon Zhang est rédactrice à Truthout et ses sujets de prédilection sont la politique, le climat et l’emploi. Avant de rejoindre Truthout, Sharon a écrit des articles pour Pacific Standard, The New Republic, etc. Elle est titulaire d’un master en études environnementales. On peut la suivre sur Twitter : @zhang_sharon.
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