La tragédie actuelle, pour le dit pays de la Teranga c’est qu’il est de moins en moins une république, puisqu’il a glissé, depuis plus d’une décennie, dans cette catégorie de pays où il existe, d’une part, des lois, d’autre part, une pratique sociale toujours plus éloignée de ces lois.
Le comique est que, malgré la dégénérescence du régime républicain, nombreux sont encore, dans les partis, dans la presse et les masses populaires, les sénégalais qui chérissent cette contradiction fatale et condamnent tout effort tendant à refaire coïncider la société et la légalité.
L’ État hors la loi n’est pas un mythe. Il est une pratique quotidienne. A la phrase sublime de Lacordaire: » Entre le pauvre et le riche, c’est la liberté qui opprime et la Loi qui affranchit « , il a substitué: » Entre le citoyen et l’État, c’est la loi qui opprime et l’État qui s’en affranchit. «
Cette triste réalité pensée par Ernst Jünger traduit l’absurdité de la situation qui prévaut sous nos cieux en ces termes : » Il y a toujours, dans la vie des régimes, un moment tragi-comique où ils dénoncent comme une trahison toute tentative de les sauver. »
Leurs manières d’agir et toutes leurs décisions constituent une négation de notre humanité et de notre bon sens. Par l’étendue de la soumission qu’ils imposent aux élites politiques et aux agents de l’État, il y a des doutes sérieux que les gens qui siègent au sein de ces dites institutions considèrent l’homo senegalensis comme un homo sapiens …
Ce cynisme assumé dans la violation des lois qui fondent la république et l’impunité fréquente dont jouissent ces délinquants institutionnels tiennent à la puissance de leurs moyens de représailles.
Mais lorsque la force prime ainsi le droit et lorsque la loi n’est donc plus la même pour tous, sommes-nous encore en république ?
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