Samba Laobé Ndiaye (bassiste): «Ce qui nous reste à découvrir et à exploiter est encore immense»

Son nom est celui d’un roi, le dernier souverain du Cayor. Son royaume à lui, c’est la basse. Il y règne en maître. Son jeu corrossif en fait un des bassistes les plus techniques et les plus mordants de sa génération. Membre fondateur du Missal groupe, auquel il a participé à donner une identité, il n’en est pas moins couru par les sommités de la musique Sénégalaise et Africaine. Youssou Ndour, Ismael Lô, Viviane Chidid, Seydina Insa Wade, Frères Guissé, Coumba Gawlo Seck,  Adiouza, Titi, Ablaye Mbaye, Papa Wemba, Ray Lema, Touré Kunda, Paco Sery, Ismael Lô ou encore Rido Bayonne qui vient de nous quitter, ont, (et la liste est encore longue), fait appel à la volupté de cet instrumentiste au long cours pour les accompagner. Après le magnifique « ScENe EGALe » au début des années 2000, Samba Laobé Ndiaye sort le 13 décembre un deuxième solo intitulé Papa Birima. À cette occasion, Kirinapost a rencontré Samba Laobé, Bathie, pour les intimes…renontre avec un roi en son royaume.

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Samba Laobé Ndiaye, roi de la basse

Kirinpost : 2001, sortait ScENe EGALe. Plus de 20 ans pour un deuxième album, vous en avez mis du temps…

Samba Laobé Ndiaye (SLN) : L’album a pris beaucoup de temps c’est vrai. La vérité est que depuis SenEgale, je n’ai pas arrêté de tourner et ai eu tres peu de temps à consacrer à mes projets personnels. Alors, quand j’ai décidé de faire l’album, avant le Covid, allier la scène et le studio, était très difficile car en tant que chef d’orchestre du 3 Mailletz · les responsabilités sont énormes surtout que nous jouions 6 jours sur 7. Jouer tous les soirs et aller au studio dans la journée pour se consacrer à l’album, c’etait la croix et la bannière. Mais nous y sommes arrivés à force de patience. Au final, nous sommes assez satisfait du boulot.

Kirinapost : Pourquoi Papa Birima ?

SLN : Papa Birima c’est le nom de mon père  qui nous a quittés, paix à son âme, il y a deux ans et à qui j’ai voulu rendre hommage pour l’éducation, les valeurs sociales, familiales et culturelles qu’il nous a inculquées.Il m’a transmis le virus du jazz mais au-delà de la musique, le sens du travail, la discipline et le goût de la recherche, vers lesquels il nous encourageait nous servent encore aujourd’hui. À travers un titre et le nom de l’album, je tenais à lui rendre hommage.

Kirinapost : Comment vous avez travaillé pour sortir cet album ?  C’était quoi l’idée ? 

C’est tout simplement le ressenti d’un artiste à un moment de son parcours. Les expériences engrengées ici et là. J’ai essayé de me surpasser, chercher la qualité et donner le meilleur de moi-même . Si nous pouvons participer à défendre une musique Sénégalaise de qualité et que le public le reconnaisse comme tel, cela m’honorerait. J’ai essayé humblement de donner une autre facette de cette musique si riche et jusqu’ici si inexploitée dans sa globalité. Ce qui nous reste à découvrir et à exploiter est encore immense.

Kirinapost : Justement, beaucoup de gens disent qu’après Adama Faye puis Habib, la musique sénégalaise a besoin d’une troisième révolution. Vous le pensez aussi ?

SLN :  À force de travailler et de plonger dans la recherche, on arrivera à sortir le meilleur des sonorités du pays. C’est ce qu’ont fait les deux grandes figures que vous évoquez, paix à leurs âmes. Il faut juste encourager la recherche. L’artiste ne se lève pas en disant «je vais révolutionner les choses». C’est en travaillant que l’on arrive à un résultat probant…parfois sans s’en rendre compte. Les artistes, moi inclus, on doit travailler davantage et le triomphe sera forcément au rendez-vous. Si vous et les mélomanes l’appellez révolution, tant mieux.

Samba Laobé Ndiaye (bassiste): «Ce qui nous reste à découvrir et à exploiter est encore immense», Information Afrique Kirinapost

Le grand rendez-vous à ne pas rater…

Kirinapost : Quels sont pour vous les 3 albums intemporels de la musique Sénégalaise ? 

SLN: C’est un exercice difficile. Des grands albums, il y en a plus que 3. Cheikh Lo, Youssou Ndour, Thione Seck, Xalam Youssou N’Dour, Ismael Lo, Baaba Maal, Touré Kunda, Super Diamono, tous ont plus de 3 albums devenus intemporels et des classiques que l’on peut citer comme etant assez représentatifs de la musique Sénégalaise.

Kirinapost: Alors, quels albums conseillerez-vous à un ami étranger qui veut découvrir la musique Sénégalaise ? 

SLN: …Je lui dirai de chercher Casamance des Touré kunda, Iso d’Ismael lo , The Guid de Youssou Ndour, Ndiguel de Xalam et Nela Thiass de Cheikh Lo…il y en a d’autres mais au moins avec ça, il aura une idée claire de ce qu’est la musique Sénégalaise.

Kirinapost : Revenons à votre instrument la basse.Qui sont les musiciens qui vous ont inspiré ?

SLN: Habib Faye m’a fait découvrir et aimer la basse. Pape Dembel Diop du Super Diamono m’a donné des cours. Puis, j’ai découvert Baye Babou du Xalam ensuite Bob Sene du Super Diamono. Ils m’ont beaucoup influencé. Dans mon apprentissage, j’ai beaucoup travaillé Stanley Clarke,notamment son album School Days et naturellement Jaco Patorious. À propos de Patorious, je vous recommande d’ailleurs mon morceau en hommage à Habib.Toujours dans parcours, j’ai été influencé par Marcus Miller qui m’a beaucoup inspiré. Il y en a d’autres, mais pour citer un dernier, je dirai Victor Wooten. Avec lui, j’avais découvert un bassiste d’une technicité impressionnante. C’est pourquoi je l’ai énormément travaillé. Il m’a vraiment épaté…d’où le morceau en son honneur.

Propos recueillis par Amadou Bator Dieng 

• un célèbre cabaret Parisien

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