Le président Alassane Ouattara recevra ce mardi 27 juillet son plus grand rival de tous les temps Laurent Gbagbo. Cette annonce a provoqué un tsunami de réaction au sein de la population ivoirienne et de la presse .
Les deux hommes, âgés respectivement de 79 et de 76 ans, ont eu «un contact» téléphonique début juillet a confirmé le porte-parole du gouvernement. Ce face-à-face direct entre l’actuel chef d’État et son prédécesseur est une première depuis 11 ans. Leur rivalité politique est vielle de trois décennies et naît en 1990.
Alors que l’économie de la Côte d’ivoire vascille en 1980, Houphouët Boigny tente en vain de calmer la grogne populaire. Le parti unique est fortement éprouvé. Les ivoiriens qui n’étaient pas habitués aux difficultés, souffraient et regrettaient déjà les périodes fastes du miracle économique de 1970.
Mars1990, La crise s’accentue en raison de la chute des coûts du cacao et du café, fondement de l’économie ivoirienne. Elle se mue plus tard en une revendication politique. Le vieux Houphouët accepte alors de faire venir un jeune économiste du nom d’Alassane Ouattara à la rescousse de « l’éléphant d’Afrique ».
L’arrivée de ce technocrate passé par la BCEAO et le FMI, nourri au biberon de l’oligarchie libérale n’est pas vue d’un bon œil par une partie de la classe politique ivoirienne. Dans cette foulée, un homme se distingue, un enseignant, un historien, un « enfant du peuple »nommé Laurent Gbagbo. Il réclame l’application du multipartisme, ignoré expressément par Houphouët B. bien que prévu dans les constitutions de 1959 et 1960.
Sous la pression de la rue en avril 1990 et du « vent de l’est « , Laurent Gbagbo obtient du vieux Houphouët, le retour du multipartisme. Cet homme n’a peur de rien, il decide de défier le parti unique lors des élections présidentielles d’octobre de la même année. Elles sont remportées sans surprise par FHB. L’antinomie entre Gbagbo et Houphouët Boigny, fait naître des bisbilles entre lui et le désormais premier ministre de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara.
Le Général Robert Gueï, alors chef d’état-major de l’armée, réprime une manif organisée par le Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo, qui réclamait sa démission suite aux violences perpétrées contre les étudiants.
La répression policière fait de nombreux blessés. plusieurs personnes sont arrêtées, Laurent Gbagbo y compris.
Vingt ans après, Alassane Ouattara l’économiste chevronné et Laurent Gbagbo le socialiste averti s’affrontèrent pour le fauteuil présidentiel. La suite, on la connaît, une situation insolite et inédite: un Etat bicéphale.
Laurent Gbagbo comme en 2000, réclame la victoire dans un imbroglio total. Une victoire que lui récuse Alassane Ouattara soutenu par Henry K. Bédié.
Malheureusement il en résulte 3000 morts et Gbagbo est finalement arrêté en avril 2011 après l’échec des négociations sur sa reddition. Dix ans d’absence où il aura fait face à la justice internationale, Laurent est acquitté en 2019 et retourne dans son pays en juin 2021. Un retour facilité par son adversaire d’hier.
Ses premiers mots politiques entendus à Daoukro, sont pourtant des philippiques à l’encontre d’Ado, qu’il accuse de violer la constitution.
Ainsi, rien ne présageait une telle entrevue. Une rencontre on ne peut plus déterminante et un désaveu pour ces radicaux « adomoutons et Gor ». La vraie politique qui mérite d’être menée est celle d’une meilleure éducation, d’une meilleure santé et celle de la lutte contre la cherté de la vie.
Pourquoi s’entretuer pour des gens qui finiront tôt ou tard par trouver un compromis ? Pour mieux comprendre il faut écouter Paul Valérie: « La guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas. «
Pourquoi ne se massacrent-ils pas ?Allons-y comprendre quelque chose. Ces deux monstres de la politique ivoirienne devront taire leur divergence pour une aube nouvelle, celle d’une Côte d’ivoire réconciliée dans l’altérité culturelle, politique et religieuse. Nous l’espérons.
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