Sorti en 2014, « Comprendre les investissements au Sénégal » du sociologue Pascal Oudiane aux éditions Harmattan devrait être un livre de chevet pour tout dirigeant du pays surtout en ces temps où nous vivons une recrudescence des tentatives d’émigration clandestine par les pirogues. Stigmatiser ou accuser un groupe ne mène à rien et ne fait guère avancer le schmilblick. La recherche de solutions doit être au coeur de toutes les actions. Ce n’est pas facile, parce que partir, le voyage, l’exil, sont inscrits dans l’ADN de tout être… depuis toujours. Qu’ il pleuve, qu’il neige, que les conditions soient bonnes ou mauvaises, l’homme a en lui ce besoin d’ailleurs. Dés lors, avec humilité, il s’agit de poser sur la table toute la réflexion des démographes, économistes, historiens, religieux, migrants et évidemment sociologues autour de la question migratoire.
Quel est le rapport à l’investissement des Sénégalais ? C’est la préoccupation de départ de l’auteur devant le constat d’une économie en retard ou en mal de performance. Cet ouvrage repose sur les résultats d’enquêtes et d’analyses réalisées dans la ruralité et l’urbanité sénégalaises auprès de ménages, d’entreprises et de l’administration publique pour y prélever les comportements des auteurs et acteurs d’investissements.
Le résultat de cet ouvrage comme le dit l’auteur est que le modèle sénégalais que j’ai objectivement désigné par l’homo senegalensis a besoin de l’argent pour acheter son paraitre en société, pour acheter le consentement social, pour acheter l’intégration sociale. l’argent n’est pas la finalité de la réussite en société sénégalais c’est l’argent utile qui sert à satisfaire le regard de la communauté.
Acheter une maison, aller en pèlerinage, donner la zakat ou le denier de culte, participer et cotiser aux réunions familiales, ect… font des exigences à l’intégration sociale. Si un jeune n’arrive pas à obtenir tout cela sa stratégie sera le vol sur l’espace public ou l’émigration clandestine et encore sous le format de Barca wala barsakh car les jeunes vivent ce concept de » Dundu Gu Déé Gun ».
L’Etat a un rôle crucial a joué. Il est responsable des accords pêche désastreux qui ont spolié les gens de la mer, premiers émigrés à tenter l’aventure par les océans. Alors que l’économie bleue offre des opportunités incommensurables, le Sénégal n’en subit que les menaces. L’Etat est aussi responsable parce qu’il n’a pas de politique d’emploi. L’agricole, secteur capable de résorber à grande échelle le chômage de ces jeunes, n’est pas promue, ni valorisée par des politiques dédiées et sur mesures.
Ce qu’il se passe est une externalité de notre structure sociale et économique qu’on ne maitrise toujours pas. Sous ce rapport, la société sénégalaise comme toute les sociétés est violente. Il nous faut tordre le cou à certaines pratiques. Revenir par exemple à la valeur première du travail qu’est de sauvegarder sa dignité. Il s’agit de tordre le cou à certaines pratiques. Cela commence par politiser davantage les gens. C’est un impératif. On a 400 morts en Méditerranée ces jours derniers ? C’est triste. Hé bien, on aurait eu le quart de ces morts à la place de l’Obélisque, que les politiques vereux quitteraient le navire et les élus qui arriveraient derrière seraient des champions de la bonne gouvernance et du progrès. Personne n’a appris à cette jeunesse à aimer son pays à en mourir. On leur a appris à aimer l’argent à en mourir. Alors qu’elle devait se tuer à construire ce Sénégal. La construction ce n’est pas de prendre les pirogues, ce n’est pas de fuir. Chaque citoyen devrait être conscient qu’il a un devoir vis-à-vis de la terre qui l’a vue naitre. En attendant l’émigration clandestine par les bateaux est un vrai business.
un vrai business
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