Rami Jamous:« J’ai encore espoir que nous recoudrons ce tissu social »

Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter en octobre 2023 son appartement de la ville de Gaza avec sa femme Sabah, les enfants de celle-ci, et leur fils Walid, deux ans et demi, sous la pression de l’armée israélienne. Réfugié depuis à Rafah, Rami et les siens ont dû reprendre la route de leur exil interne, coincés comme tant de familles dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Il a reçu, pour ce journal de bord, deux récompenses au Prix Bayeux pour les correspondants de guerre, dans la catégorie presse écrite et prix Ouest-France. Cet espace lui est dédié depuis le 28 février 2024. Source:https://orientxxi.info/

Rami Jamous:« J’ai encore espoir que nous recoudrons ce tissu social », Information Afrique Kirinapost

DEIR AL BALAH, GAZA – AUGUST 11: Palestinian Yasser Abu Herbid is pictured repairing worn and torn coins to make them usable in the tent shop he set up in the marketplace in Deir al Balah, Gaza on August 11, 2024. With very limited money flowing into Gaza under Israeli attacks, most of the paper money used is worn and torn. Hassan Jedi / Anadolu (Photo by Hassan Jedi / ANADOLU / Anadolu via AFP)

Nouveau chapitre de mes « Chroniques de la bétaillère ». Voici le dernier sujet de conversation dans ces moyens de transport improbables, des charrettes destinées aux animaux et où on trimballe aujourd’hui les humains de Gaza.

Cette fois-ci, la discussion a commencé quand le « contrôleur », l’homme qui ramasse l’argent des passagers (un des nouveaux métiers de Gaza) a refusé une pièce de dix shekels, la monnaie israélienne qui a toujours cours ici : « Non, on ne prend plus les pièces de dix. » À cause du blocus total des Israéliens, ce sont toujours les mêmes liquidités qui circulent depuis le 7 octobre 2023. Du coup, les billets sont en lambeaux et les pièces sont abîmées, surtout celles de dix shekels, sont souvent noircies.

Comme vous le savez, les banques sont fermées, on ne peut plus retirer de liquide. Mais grâce à cette pénurie, des nouveaux riches, des nouveaux profiteurs sont apparus. Ce sont malheureusement des Palestiniens, des Gazaouis qui profitent de la situation pour faire beaucoup d’argent. Voilà comment ça marche : Quand un habitant de Gaza reçoit un salaire ou de l’aide financière, de Cisjordanie ou de l’étranger, la somme arrive sur son compte, généralement à Ramallah, en Cisjordanie. Comme les agences de Gaza sont fermées, et qu’il n’y a plus de distributeurs de billets, il ne peut pas retirer de cash. Au début de la guerre, certaines agences fonctionnaient encore. Puis elles ont dit qu’elles n’avaient plus que des dinars jordaniens ; puis, plus de dinars. Des gens, excédés de devoir faire la queue pendant des heures, ont tiré sur la façade de l’une de ces banques.

Revendre du cash

Mais l’histoire n’es pas terminée. Elle commence, comme toujours, par les Israéliens. Ces derniers ont donné le monopole de l’importation à onze personnes en tout, onze commerçants gazaouis. Ils sont les seuls de toute la bande de Gaza à pouvoir faire entrer de la marchandise – quand les terminaux sont ouverts bien sûr. Les biens viennent de Cisjordanie ou d’Israël. Pour les acheter, ces importateurs font un transfert bancaire vers le compte du vendeur. La Suite ICI

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À suivre:Journal de bord de Gaza. Rami Abou Jamous.

Préface de Leïla Shahid

Présentation de Pierre Prier

Le lancement du livre aura lieu le jeudi 28 novembre à 19 h au Lieu-dit, 6 rue Sorbier (Paris 20), en présence de Leïla Shahid.

 

 

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