Ma Biennale au fil des jours… (2)

Si Vous allez voir la Biennale de Dakar, ne passez pas rapidement d’une œuvre à l’autre. Quelques minutes devant chaque pièce vous aident à en saisir les détails et à vous laisser imprégner.

Si une œuvre en particulier capte votre regard, prenez le temps de l’explorer en profondeur. Demandez-vous ce qui vous attire et pourquoi elle vous parle.

Ma Biennale au fil des jours… (2), Information Afrique Kirinapost

Œuvres de Lizette Nin République Dominicaine

Après ma visite de l’exposition internationale à l’ancien palais de justice. Parvenir à sélectionner et à agencer une cinquantaine d’œuvres parmi toutes celles reçues, afin de meubler l’immense site de l’ancien Palais, relève d’un véritable tour de force que la Commissaire générale a réussi. Bravo à elle.

Toutefois, ce que l’on attend d’une biennale, c’est avant tout la rencontre avec des œuvres RARES, UNIQUES, des pièces qui, par leur singularité, invitent à renouveler, à réorienter notre regard sur le monde.

Il ne s’agit pas nécessairement de découvrir des œuvres qui prétendent être « autre chose », mais bien de celles qui explorent ce qui n’est pas encore su ou qui revisitent ce qui l’est, mais que l’on n’a pas su regarder avec attention ou profondeur.

Sur le continent, les Seniors plasticiens semblent avoir presque épuisé les formes. Ils ont laissé derrière eux un héritage riche, une immense diversité d’expressions plastiques. Ce qui reste aux générations suivantes, c’est, au lieu de vouloir refaire du Abdoulaye Konaté, du Kré Mbaye, du Soly Cissé ou du Berni Searl, artistes dont les capacités techniques nous ont émerveillés, ce qui reste à la génération suivante disais-je, c’est de s’armer d’outils pour explorer le fond, approfondir les idées, et inventer de nouvelles manières de penser et de ressentir à travers l’art.

Dans cette sélection internationale, riche et ambitieuse, environ une soixante œuvres ont été présentées.

A mes yeux d’amateur, une bonne dizaine ont réussi à atteindre ce niveau d’excellence et de rareté que l’on attend d’un événement de cette envergure. Cela invite à réfléchir sur les critères de sélection, sur les attentes du public, et sur ce que signifie vraiment « l’exceptionnel » dans le paysage artistique contemporain.

Surtout que les grandes signatures du continent ne postulent presque plus.

Allez-y en famille. Entre autres belles découvertes, il y a l’hommage à Germaine Anta Gaye. J’y ai surpris une jeune dame disant, avec bonheur, « c’est émouvant ! ». Et elle a raison.

Ma Biennale au fil des jours… (2), Information Afrique Kirinapost

© Œuvres des artistes Biram Ndiaye (Sénégal) et Tchalê Figueira (Cap-Vert)

Le Musée des Civilisations est un bel endroit d’exposition. »C’est fait pour » , me direz-vous.

Sauf qu’une expo réussie, c’est un mélange d’un espace approprié, d’une intelligente scénographie et, pour finir, des œuvres à la hauteur du prestige du lieu.

Les pavillons du Cap-Vert, des USA et du Sénégal y sont aménagés.

Abdoulaye Ndoye, Commissaire du pavillon Sénégal, a fait, contrairement aux 2 dernières éditions, le choix, avec sa scénographe, d’une mise en espace aérée, épurée, avec toutefois des œuvres de « niveau » différent et en lien pas évident avec le thème de la Biennale.

D’ailleurs c’est à se demander si les thèmes, à chaque édition, ne conditionnent pas négativement les intentions des artistes. Tout le monde s’oblige à s’aligner et on en voit de toutes les (mauvaises ?) couleurs.

Si vous y allez, arrêtez vous au Pavillon du #CapVert.

Une sélection d’œuvres cohérente, proposant un très beau récit qui tient le fil. Et ne cherchez pas les cartels, les informations sur chaque œuvre sont « imprimées » au sol.

Le Musée Des Civilisations Noires est, de ce que j’ai vu pour le moment, un des meilleurs sites de cette biennale.

 

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Auteur et Critique d'Art, Umar Sall est une figure connue du milieu culturel dakarois. Il s'intéresse à la richesse des langues traditionnelles. D'origine Pular, qu'il parle couramment, il a aussi une maitrise bluffante du walaf (À l'ecrit comme à l'orale). Umar Sall a une parfaite connaissance du fait culturel. Dés lors, ses analyses et ses reflexions sont pour le moins attendues. Retrouvez- les sur Kirinapost. À lire : Les Coquillages de la mort" Editions Broché – 2014

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