PSA prépare son mariage avec l’italo-américain Fiat Chrysler Automobiles (FCA). Les conseils de surveillance des deux groupes ont donné leur feu vert, mercredi 30 octobre, et les deux sociétés ont officialisé, jeudi, l’ouverture de négociations exclusives qui doivent aboutir « dans les prochaines semaines », indiquent-elles dans un communiqué commun repris par le journal Le Monde.
Si l’opération aboutie, elle donnera naissance au numéro quatre mondial en termes de ventes (8,7 millions de véhicules), de chiffre d’affaires (170 milliards d’euros) et d’effectifs (400 000 salariés avec Faurecia).
Carlos Tavares a encore frappé un grand coup. Après cinq ans passés à la présidence du directoire de PSA, marqués par le redressement spectaculaire d’un constructeur au bord du gouffre, puis le rachat réussi d’Opel en 2017 à General Motors, il est en passe de conclure une grosse affaire.
M. Tavares prendra la direction opérationnelle du futur géant pour un mandat d’au moins cinq ans. Président non-exécutif de Fiat Chrysler et représentant de la famille Agnelli, John Elkann assurera la présidence d’un conseil de 11 membres ayant « une majorité d’administrateurs indépendants » : six issus de PSA, dont M. Tavares, et cinq venant de FCA, y compris M. Elkann. La société mère sera installée aux Pays-Bas et cotée à Paris, Milan et New York. En revanche, les sièges opérationnels resteront implantés en France, en Italie et aux Etats-Unis.
Les familles Peugeot (12,23 % de PSA) et Agnelli (29 % de FCA) ont enfin trouvé un terrain d’entente. L’opération diluera leur part respective, mais le clan turinois aura de l’ordre de 15 % de la nouvelle entité et la dynastie sochalienne quelque 6 %.
Le projet prévoit une fusion entre égaux par échange d’actions à 50-50. Pour un partage à parts égales des synergies et des avantages de la fusion, FCA va distribuer à ses actionnaires un dividende exceptionnel de 5,5 milliards d’euros en liquide et ses parts dans le fabricant de robots Camau. De son côté, PSA va céder aux siens les 46 % qu’il détient dans l’équipementier Faurecia pour un montant de l’ordre de 3 Milliards d’euros note Le Monde.
Cela fait deux ans que les dirigeants des deux groupes discutent de ce mariage. Deux ans marqués par la disparition du charismatique patron de FCA, Sergio Marchionne, en juillet 2018, et la tentative très poussée avec Renault au printemps 2019. Une négociation sans lendemain, l’Etat actionnaire à 15 % de la firme au Losange ayant demandé à son nouveau patron, Jean-Dominique Senard, de donner la priorité à la relance de l’alliance Renault-Nissan, au plus mal après les poursuites judiciaires au Japon contre Carlos Ghosn.
PSA et Fiat Chrysler sont des poids moyens, loin derrière le trio de tête Volkswagen, Toyota, Renault-Nissan-Mitsubishi, qui ont produit de l’ordre de 10 millions de véhicules chacun en 2018. Or, atteindre une taille critique est devenu vital à l’heure où les constructeurs doivent investir massivement pour répondre au triple défi commercial (marchés en berne), écologique (normes d’émissions de polluants et de CO2 plus strictes) et technologique (voiture hybride, tout électrique et autonome, connectique). Les synergies dégagées progressivement pourraient représenter 3,7 milliards d’euros par an, « des estimations qui ne sont pas basées sur des fermetures d’usine », précise le communiqué.
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