Alors que le Sénégal amorce une nouvelle rupture politique, un défi fondamental demeure : assurer un équilibre réel et fonctionnel entre les trois pouvoirs – exécutif, législatif et judiciaire. Dans ce contexte, la création d’une chaîne parlementaire dédiée est une nécessité.
Adossée à l’Assemblée nationale ou portée par la RTS, la création d’une chaîne parlementaire constitue une réforme essentielle pour renforcer la visibilité et le rôle de notre législatif dans la gouvernance nationale.
L’Assemblée nationale, pilier de la démocratie
Dans un régime démocratique, l’équilibre des pouvoirs repose sur une interaction saine entre l’exécutif, qui gouverne, le législatif, qui légifère et contrôle, et le judiciaire, qui veille au respect des lois. Toutefois, au Sénégal, l’Assemblée nationale peine encore à occuper pleinement sa place sur la scène publique. Les travaux parlementaires, souvent relayés de manière parcellaire, ne permettent pas aux citoyens de mesurer l’impact réel de cette institution. Une chaîne parlementaire offrirait ainsi un éclairage indispensable, repositionnant l’Assemblée comme un acteur clé de notre démocratie.
Une chaîne pour valoriser et renforcer le pouvoir législatif
Une chaîne parlementaire aurait pour vocation de :
1. Redonner de la visibilité au législatif : En diffusant l’intégralité des débats, notamment en commissions, elle mettrait en avant le rôle crucial des députés dans l’élaboration des lois et le contrôle de l’action gouvernementale.
2. Équilibrer les trois pouvoirs : L’exécutif bénéficie déjà d’une couverture médiatique importante. En donnant une plateforme dédiée à l’Assemblée, cette chaîne contribuerait à équilibrer les dynamiques de pouvoir et à garantir une meilleure répartition de l’attention publique entre les trois piliers de l’État.
3. Améliorer la reddition des comptes : Les citoyens pourraient évaluer concrètement les actions et prises de position de leurs représentants, renforçant ainsi la responsabilité politique des élus.
4. Renforcer la culture démocratique : En exposant les citoyens aux débats législatifs dans les différentes langues nationales, la chaîne permettrait de sensibiliser et d’inclure l’ensemble des Sénégalais dans le processus démocratique.
Le choix du modèle : RTS ou structure autonome ?
Deux scénarios sont envisageables pour porter ce projet ambitieux :
• Une intégration à la RTS : En s’appuyant sur l’infrastructure existante, la RTS pourrait allouer une chaîne ou une plage horaire spécifique à la couverture parlementaire, tout en développant une plateforme numérique d’information. Cependant, cette option nécessiterait des garanties d’indépendance éditoriale pour préserver la crédibilité des contenus.
• Une chaîne autonome de l’Assemblée nationale : En créant une structure dédiée, l’Assemblée pourrait recruter des journalistes et des techniciens spécialisés pour couvrir l’ensemble des travaux parlementaires. Ce modèle offrirait une plus grande liberté éditoriale, avec une diffusion 24h/24 des débats, commissions, et autres activités parlementaires, accompagnée d’un site d’information riche, interactif et la production de documentaires de hautes portées.
Un outil pour une démocratie équilibrée et transparente
La mise en place d’une chaîne parlementaire ne se limite pas à la diffusion des travaux législatifs ; elle participe à la consolidation de notre démocratie en garantissant un meilleur équilibre entre les pouvoirs. Elle repositionne l’Assemblée nationale au cœur du débat démocratique, face à un exécutif historiquement dominant.
Cette initiative symboliserait également une volonté d’ouverture et de modernisation des institutions. Elle inciterait les citoyens à s’investir davantage dans les affaires publiques et renforcerait leur compréhension des enjeux nationaux, tout en promouvant une redevabilité accrue des élus.
Vers une nouvelle ère démocratique
Le Sénégal, souvent cité comme un modèle de stabilité démocratique en Afrique, a l’opportunité de franchir une étape décisive. La création d’une chaîne parlementaire serait un levier puissant pour renforcer les institutions et permettre un meilleur équilibre des pouvoirs. Ce projet, porté par une volonté politique forte, inscrirait notre pays dans une dynamique de modernisation, où chaque citoyen aurait les moyens d’évaluer, de comprendre et de contribuer à l’évolution de notre démocratie.
C’est une réforme ambitieuse, mais nécessaire, pour mettre l’Assemblée nationale au premier plan et consolider les fondements de notre République.
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