Océans : les scientifiques s’unissent pour les défendre

« Il est urgent d’organiser la communauté scientifique mondiale autour de la défense d’un océan durable. » Les vœux d’Alain Schuhl, directeur délégué à la science au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), ont été entendus. Les 18 et 19 avril, à Bruxelles, la Maison Irène et Frédéric Joliot-Curie réunissait un grand nombre d’institutions scientifiques. Objectif : concrétiser la création du Panel International pour la Durabilité de l’Océan (IPOS). Source: https://reporterre

En clair, cette interface transdisciplinaire ambitionne de fédérer les acteurs concernés par la défense des océans et ainsi renforcer la circulation des connaissances entre la science, la société civile et les politiques. « Il est temps d’accepter que nous devons changer de paradigme pour conduire nos sociétés vers la durabilité, a réagi Joachim Claudet, conseiller océan du CNRS. Et la science offre des méthodes et approches pour guider cette trajectoire. »

En signant « La déclaration de Bruxelles », les différentes parties prenantes entendent porter des recommandations jusqu’aux plus hautes sphères décisionnelles. Reste toutefois à définir quelle place prendra l’Ipos au sein de la gouvernance mondiale de l’océan et des organes onusiens. Parmi les premiers signataires du texte se côtoient l’université autonome de Barcelone, le Muséum national d’histoire naturelle ou encore l’Institut océanographique de l’université de São Paulo, au Brésil. Le lancement officiel de la coalition devrait intervenir lors de la conférence des Nations unies sur l’océan, en juin 2025, à Nice.

Une dynamique qui s’accélère 

Pour construire la gouvernance de l’IPOS, les deux années qui viennent de s’écouler ont été déterminantes. L’IPOS, soutenu dès le départ par le CNRS, a en effet été présenté pour la première fois officiellement lors du One Ocean Summit de Brest en février 2022, après avoir été discuté à la Monaco Ocean Week, puis lors de la conférence des Nations Unies pour l’océan organisée à Lisbonne en juin. Un appel entendu par un grand nombre d’institutions de recherche sur le sujet comme la Woods Hole Oceanographic Institution, la Scripps, Mare, ou encore Geomar, qui, ensemble, ont lancé une coalition pour soutenir l’IPOS au fameux Pavillon Océan à la COP27 à Sharm el Sheick, en présence du PDG du CNRS Antoine Petit.

En décembre, une étude majeure sur l’IPOS a été publiée dans le Nature Partner Journal (NPJ) Ocean Sustainibility. « Sans oublier que l’Union européenne l’a déjà intégré dans sa stratégie Océan  et lui a commandé une étude importante sur le paysage des connaissances sur les océans. », explique Tanya Brodie Rudolph de l’Université de Stellenbosch en Afrique du Sud, qui pilote cette étude. Il s’agit d’une évaluation du paysage marin qui a commencé au début de l’année 2023, en s’appuyant sur 35 évaluations environnementales mondiales axées sur la durabilité des océans et l’Objectif de Développement Durable (ODD 14).

Tanya Brodie Rudolph doit rendre fin mai son rapport final qui « servira de base à la consultation des parties prenantes et fournira des informations et une vision pour l’IPOS. ». Les premiers résultats – présentés à Bruxelles – montrent la redondance de certaines études et le manque d’interopérabilité des données entre les nombreux acteurs de recherche sur les océans.  Il est important de noter que ces résultats montrent que l’interface science-politique doit être améliorée pour soutenir des actions concrètes en faveur d’un océan durable et de la réalisation de l’ODD 14.

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