Le 16 juin 1976 est inoubliable à cause du massacre de Soweto. Des milliers de jeunes sud-africains protestent contre l’imposition de la langue historique des colons blancs, l’Afrikaans, comme langue d’éducation. La police réagi avec une extrême violence qui conduit à l’émeute. Le bilan de 176 tués sans compter les très nombreux blessés est considéré comme minoré.
Si cette violence fut exemplaire du régime d’apartheid soutenu par les pays occidentaux, grandes démocraties modernes, tuant aveuglément toutes les générations de femmes et d’hommes, il illustre aussi la volonté d’une oppression totale allant jusqu’à la langue, à la culture maternelle.
Une archive inoubliable des crimes que les Africains et les Afrodescendants, si possible le monde, devraient s’employer à bannir de l’existence vécue de l’humanité.
À l’origine des manifestations, un décret de 1974 qui établit que l’afrikaans sera la langue de l’enseignement, au même niveau que l’anglais, dans toutes les écoles noires.
L’afrikaans, souvent associé à l’apartheid en tant que “langue de l’oppression”, avait incité les noirs d’Afrique du Sud à préférer l’anglais, également parce, que dans quelques régions, l’anglais avait le statut de langue officielle au côté des langues autochtones.
Le 30 avril 1976, les premiers élèves d’une école à Soweto se mettent en grève et refusent d’aller à l’école, avant que, durant le mois de mai, d’autres écoles de Soweto se joignent à la grève et demandent le même traitement que les écoliers blancs, instruits dans leur langue maternelle. Un grand rassemblement est prévu pour le 16 juin par un comité d’action qui s’est mis en place pour organiser le mouvement.
Le 16 juin, les élèves se réunissent dans le but de protester et d’exprimer leurs opinions pacifiquement, avec la volonté d’éviter tout affrontement avec la police.
Cette image très connue du massacre montre Hector Pieterson, 13ans, tué par la police, porté par un camarade qui s’enfui avec la soeur du martyr Soweto (avec d’autres). Dans une interview accordée à la BBC en 2010, Sam Nzima, décédé à l’âge de 83 ans, se souvient: « Je ne savais pas qui c’était. J’ai vu un enfant tomber.Je me suis précipité là-bas avec mon appareil photo. Et j’ai vu un autre jeune homme le prendre et dès qu’il l’a pris, j’ai commencé à prendre des photos. C’était un risque très élevé car cette photo a été prise sous une pluie de balles », a-t-il déclaré.
L’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) ancêtre de l’Union Africaine (UA) organise depuis 1991, le 16 juin, la journée de l’enfant africaine, un jour férié en Afrique du Sud, en souvenir du massacre des enfants à Soweto.
Il ne faut jamais oublier qu’en 1974, le vice-ministre de l’Éducation avait déclaré que le décret permet de se conformer à l’obligation constitutionnelle de prodiguer un enseignement dans les langues anglaises et afrikaans.
“Pourquoi devrait-on commencer maintenant à se quereller à propos de la langue d’enseignement pour les personnes de race noire ?… Non, je ne les ai pas consultés et je ne vais pas les consulter. J’ai consulté la Constitution de la République d’Afrique du Sud” avait-il dit ! On connait la suite… « Quand la loi est injuste, il est juste de la combattre – et il peut être juste, parfois, de la violer » a averti le philosophe André Comte-Sponville.
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